MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie I

CHAPITRE CXLII - MAD

Haru était impressionnée par les progrès de Jun : malgré sa récente blessure au coude, elle faisait tournoyer ses lames comme une danseuse mortelle, poursuivant l'ennemi à la vitesse de l'éclair, le pourchassant sans relâche. Tandis qu'elle harcelait leur adversaire d'attaques tranchantes et perçantes, le clown se contentait d'esquiver, de reculer, de battre en retraite. Haru s'interrogeait, perplexe : était-il intimidé par le style agressif de Jun, avait-il des lacunes en combat rapproché ? Ou bien était-ce seulement un piège dans laquelle il tentait de l'attirer ? Aux cris terrifiés qu'il poussait à chaque offensive de Jun, elle en déduisit qu'il ne jouait sans doute pas la comédie... Elle le voyait pourtant tenter quelque chose, à chaque fois qu'il en avait l'occasion, et dut concentrer son fluide sur lui pour percer à jour son secret : dans sa main gantée, il portait un stylo-plume doré ; de son justaucorps bigarré, il essayait de tirer quelque chose, semblable dans la forme à un livre. Un cahier ? Etait-ce ainsi qu'il pouvait modifier la structure du parc ? Cet étrange clown n'était sans doute pas aussi faible qu'elles le pensaient. Harcelé par les attaques de Jun, il n'avait simplement pas l'occasion d'utiliser ses pouvoirs.

- Attention, mademoiselle !

Les voix des enfants tirèrent Haru de sa rêverie et elle repoussa à la dernière seconde le nouvel assaut des hyènes. Trop concentrée sur Mad Mime, elle en oubliait son propre combat. Dans sa main, Daisy sifflait agressivement. Les charognardes attaquèrent de nouveau, ensemble cette fois, et manquèrent de peu de la mordre : se hissant sur ses deux mains, en poirier comme elle avait déjà vu Jun le faire, elle frappa l'air de ses jambes et créa un Pied ouragan assez puissant pour les repousser toutes à la fois.

Pourtant, alors qu'elle était occupée à se défendre des trois bêtes, un terrible pressentiment la frappa, comme la vision d'un avenir immédiat.

- Jun, sur la gauche ! cria-t-elle aussitôt.

Mime était parvenu à prendre ses distances avec Jun qui, éprouvée par ses récents affrontements et blessures, commençait à s'essouffler. Enfin, le clown parvint à ouvrir ce qui s'avéra être un carnet usé et à y griffonner quelque chose. En entendant l'avertissement de Haru, Jun s'était immédiatement tournée vers la gauche, juste à temps pour apercevoir le mur qui se dressait du sol, sous ses yeux : des pics s'y formèrent et manquèrent de peu de l'empaler, mais agile et vive, elle s'empressa de prendre de la distance.

- Qu'est-ce que... ?! balbutia-t-elle. Tu as vu ça ? Ce type vient de faire apparaître un mur, comme si de rien n'était !

- Sois prudente ! lui cria son amie. Si mon intuition est bonne, je crois qu'il peut manipuler l'espace en notant des choses dans son carnet. Il faudrait... Attention, sous tes pieds !

Jun eut à peine le temps de baisser les yeux que des pics jaillirent du sol, lui écorchant la peau. Par chance, elle eut un mouvement de recul et tomba sur le dos, évitant le pire. Mais le clown n'avait pas dit son dernier mot.

- Au-dessus de toi ! cria maintenant Haru.

Sans prendre le temps de réfléchir, Jun se fia aux indications de son amie et fonça vers l'avant avec l'Incision, esquivant de justesse le nouveau piège qui manqua de la réduire en bouillie. Ainsi, tout en repoussant les hyènes qui l'attaquaient sans relâche, Haru se fiait à son intuition et donnait ses instructions à sa partenaire pour lui permettre d'esquiver les pièges qui manquaient à chaque fois de la déchiqueter. Mime, contrarié par ce travail d'équipe imprévu, gardait tant bien que mal ses distances avec son assaillante et mettait au point des pièges toujours plus vicieux pour tenter de l'arrêter. Pourtant, la grimace qui se dessinait sur son visage était de plus en plus appuyée : le combat rapproché n'était pas son fort, il aimait se reposer sur ses inventions ingénieuses et les pouvoirs de son fruit du démon, mais le fluide de cette maudite Kuja représentait un obstacle des plus agaçants. Surtout que ses hyènes ne parvenaient pas à s'en débarrasser, pas plus qu'elles ne pouvaient s'en prendre aux enfants. La coopération de ces deux filles était exemplaire.

- C'est pas très cool, babies ! siffla-t-il entre ses dents serrées. Vous pourriez faire preuve de plus de fair play !

- Rappelle donc tes hyènes et on règle ça en un contre un, le clown ! grinça Jun avec un sourire provocateur. Incision !

Décontenancé par ces techniques secrètes dont il ne connaissait rien, il ne comprit que trop tard que l'Incision de Jun n'avait pas pour but de le blesser, mais seulement de se rapprocher de lui : vive comme l'éclair, ragaillardie par la confiance qu'elle portait à son amie, elle reprit du poil de la bête et fonça jusqu'à son adversaire. Elle était maintenant si proche qu'il ne pouvait plus la fuir. Il tenta maladroitement de créer une protection autour de lui mais, pris de panique, laissa son stylo lui glisser entre les mains. Et tandis qu'il bafouillait quelque inaudible supplication, Jun s'écria :

- Gyuto style : hyoshigi !

Frappé de plein fouet par la lame, qui lui taillada le ventre d'une coupure nette, Mad Mim s'écroula contre le sol où il se mit en boule comme un enfant pour pleurnicher. Tandis que Haru repoussait un nouvel assaut des hyènes, essoufflée par l'ardeur toujours plus grande de leurs tentatives, elle ne put réprimer la provocation qui lui brûlait les lèvres.

- Alors c'est tout ? Les cadres de Circus ne sont donc pas si terribles qu'on le dit...

Et alors que Jun lui envoyait un regard complice et amusé, une voix s'éleva dans l'air et résonna dans tout l'entrepôt.

- Je ne te félicite pas, mon frère. Face à deux jeunes femmes aussi vives et brillantes, tes pouvoirs paraissent bien ridicules.

Aussitôt, Mime releva la tête et se figea. Sur ses joues pâles, des gouttes de sueur collante coulaient maintenant à la place de ses larmes de douleur.

- Laisse-moi venir, ordonna la voix. Si nous sommes ensemble, ces petites garces ne pourront plus rien.

- Mais... Mais, baby... balbutia-t-il en tremblant de tout son corps.

- Une porte, Mime, et vite !

A contre-cœur, pris de hoquets terrifiés, il attrapa son petit carnet et y griffonna une nouvelle chose. Alors, dans le mur de pierre de l'entrepôt, une porte apparut.