CHAPITRE CLVII - DYNA

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Le train filait à toute allure dans l'obscurité des mines, plongeant l'intérieur du wagon dans les ténèbres les plus noires. Les quelques ouvertures percées dans les parois d'acier laissaient entrer un peu d'air frais, mais presque aucune lumière. Pour garantir la sécurité absolue de la cargaison, il était strictement interdit d'y allumer la moindre flamme, ne serait-ce que pour s'éclairer. Les passagers, quant à eux, restaient silencieux. Seul résonnait le grincement des roues sur les vieilles railles et, comme un écho timide et persistant, un léger sifflement. Deux yeux jaunes brillaient dans le noir, ceux d'un long serpent aux écailles blanches comme la neige. Lentement, presque avec délicatesse, il s'entortillait autour de son maître.

- Tout doux, Hebihime. Nous ne tarderons pas à retrouver la lumière du jour.

L'homme caressait doucement la tête de son amie. Le lien qui les unissait était si fort que les autres passagers en ressentaient presque du malaise. Pourtant, ils n'osaient regarder l'homme et son serpent, car il était leur supérieur à tous. Il y eut quelques cahots, puis la lumière revint dans le compartiment.

- Nous sommes enfin sortis des mines, annonça une femme en s'avançant vers l'homme au serpent. Nous aurons rejoint le port dans moins d'une heure, vice-amiral.

- Bien. Prévenez Marineford, dites-leur que nous avons récupéré une cargaison de près d'une demi-tonne. Nous serons rentrés dans cinq jours, tout au plus.

Mais alors qu'il s'apprêtait à se laisser aller au sommeil, un sourire satisfait sur les lèvres, un étrange pressentiment le saisit. Il ouvrit les yeux, se leva brusquement et chercha à percevoir les sons au-delà de ceux du train. Ses sens étaient aiguisés, tout comme son fluide, et son intuition fut bonne : quelques secondes plus tard, une alarme résonna dans le vieux train, tirée depuis le premier wagon. Puis, son escargophone sonna et la voix paniqué d'un subalterne en sortit.

- Vice-amiral, nous sommes attaqués par le front Nord-Ouest !

- Pas d'inquiétude, souffla l'autre. La topographie rocheuse du terrain ne permettra pas à nos assaillants de nous atteindre assez tôt.

- Vous ne comprenez pas, monsieur ! Ils attaquent pas les airs !

« Par les airs » ? Comment cela pouvait-il être possible. Le vice-amiral tenta d'apercevoir la menace par la minuscule ouverture, sans succès. Puis, il y eut une détonation et le train tout entier trembla d'une vibration furieuse. Le vice-amiral était toujours sur de lui et confiant dans ses capacités, mais il ne voulait prendre aucun risque : il connaissait la nature de la cargaison et les exigences de l'amiral en chef Edouard, qui lui avait confié cette mission lui-même. Il ne pouvait pas échouer. Alors, il décida de prendre toutes les précautions possible. D'un geste discret de la tête, il ordonna à ses hommes de rester dans le wagon et s'avança vers la porte blindée. Il la déverrouilla en vitesse et, aussitôt, le vent frais lui frappa le visage comme une gifle. Il passa la tête par l'embrasure, s'avança sur la plateforme qui séparait son wagon du suivant, et ne put dissimuler sa surprise lorsqu'il vit, à quelques mètres du chemin de fer qui serpentait dans la montage vers le port, un navire voler au-dessus du vide. Il avait bien un mat et des voiles, mais aussi des hélices qui lui permettaient de flotter dans les airs. Sa coque de bois était recouverte d'un revêtement doré. La figure de proue, un oiseau peint de blanc, semblait le narguer de son œil rieur. Le vice-amiral reconnut immédiatement cet étrange vaisseau aux descriptions qui lui avaient été faites. Alors, un sourire éclatant se dessina sur son visage amusé. Il allait enfin pouvoir croiser le fer avec cet homme.

...

- Prêts ?

- Prêts !

Les deux hommes bondirent dans le vide d'un mouvement commun. Ils entendirent les tirs ennemis, mais s'écrièrent aussitôt « Pas de lune » et fusèrent dans le ciel à la vitesse de l'éclair pour les esquiver. En une seconde, ils gagnèrent le train en mouvement et atterrirent sur son toit. Le vent leur battait le visage, ils s'accrochaient avec force pour ne pas être emportés par la vitesse, mais ils étaient si déterminés que rien n'aurait pu les déloger. Quelques soldats tentèrent de les atteindre, mais les tirs précis de leurs camarades, restés en retrait sur le navire volant, neutralisèrent les ennemis en un instant.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant