CHAPITRE CXXXII - LES BAS-FONDS DE L'ÎLE DU RIRE

8 1 0
                                    

Les visages des enfants, comme ceux des plus grands, semblaient figés dans un sourire éternel. Malgré le vacarme du parc d'attractions, Haru et Jun entendaient, où qu'elles aillent, les rires et la joie.

Leurs yeux grands ouverts n'en revenaient pas. Partout où elles posaient le regard, elles apercevaient des manèges tous plus fous les uns que les autres : des roller coasters dont les rails apparaissaient comme par magie, sous les roues des wagons, changeant leur trajectoire à la dernière minute et les plongeant dans les loopings surréalistes ; des auto-tamponneuses dont la carrosserie de caoutchouc permettaient de rebondir dans tous les sens sans rien risquer ; des trampolines dont la surface élastique était comestible et délicieuse...

- C'est dingue ! murmura Jun, le souffle coupé. M'enfin, on a passé l'âge.

En voyant que Haru ne lui répondait pas, Jun se tourna vers elle et vit que ses yeux brillaient d'excitation.

- Tu... Tu crois qu'on pourrait en essayer un ? Juste un seul ? dit-elle comme une enfant hypnotisée.

- Mais non ! lui cria Jun en l'attrapant par l'épaule. Tu crois que le fils de Kegaro a le temps de jouer, lui ? On n'a pas une minute à perdre ! Franchement, y'en a pas un pour rattraper l'autre dans cette équipe de bras cassés !

- Oui, tu as raison... souffla l'autre en regardant les manèges d'un air triste.

Elles balayaient ensemble la foule joyeuse des yeux à la recherche de l'enfant ou, à défaut, d'une étrangeté correspondant au sentiment dont Jane leur avait parlé. Pourtant, à première vue, rien ne leur semblait bizarre : partout, les visiteurs de tous âges s'amusaient. Il n'y avait aucune trace de l'enfant powath.

Perdue dans ses recherches, Jun percuta un homme qui tomba à la renverse. Fidèle à son caractère irritable, elle s'apprêtait à lui dire de faire plus attention quand ses yeux se portèrent sur lui : c'était un jeune homme très pâle, dont les yeux vides étaient creusés d'énormes cernes. Maigre comme un affamé, il balbutia quelques excuses inaudibles et s'empressa de ramasser le balai avec lequel il était occupé à nettoyer le parc. Elle le toisa quelques secondes, un peu surprise, mais un cri la tira de ses pensées.

- Eh, toi ! Dépêche-toi de te relever, incapable !

Trois hommes s'approchèrent d'un pas militaire. La forme de leurs vêtements, de même que leur maquillage, ne laissait aucune place au doute : ils étaient des clowns, des sbires d'Arlequin. Pourtant, la sombre couleur de leur vêtement, de même que leur expression sévère, étaient bien éloignées de celle des habituels bouffons.

Dès qu'ils avaient aperçu l'employé, ils s'étaient rués sur lui, prêts à le frapper de leurs matraques. Alors que Jun s'apprêtait à dégainer ses lames pour le défendre, Haru s'interposa. Son visage était d'un calme olympien et Daisy, dissimulée dans son chemisier, ne trahissait pas ses origines.

- Pardonnez-nous, messieurs ! Mon amie et moi avons été un peu étourdies et avons fait tomber ce pauvre homme.

L'un des clowns la toisa. Son regard était mauvais. Sans doute faisaient-ils tous les trois partie des équipes de sécurité.

- Faites plus attention à l'avenir, grogna-t-il en tournant les talons, sa matraque rangée.

Haru souffla. Elles avaient failli se faire remarquer. Aussitôt, elle se précipita vers l'employé pour l'aider à se relever, mais cela était déjà fait. Comme si de rien n'était, il s'était remis à travailler.

- Vous allez bien, monsieur ? lui cria-t-elle alors qu'il s'éloignait.

- Peux pas parler, marmonna-t-il. Dois travailler.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant