CHAPITRE LVI - DIFFICILE REPRISE

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Noël avait été une douce accalmie, une pause bien méritée dans cette entraînement intensif et savourée par les cinq recrues de l'équipe A. Mais cette pause était de courte durée.

Le lendemain matin, Myr les réveilla en les secouant comme une brute : tous s'étaient couchés tard et avaient du mal à se lever.

- Non mais vous vous croyez où ? beugla-t-il comme un ours mal léché. Vous croyez que c'est Noël tous les jours, ou quoi ?! N'espérez même pas avoir de congés au nouvel an, bande de fainéants !

La seconde session était terminée, alors que le second mois s'achevait. Déjà, le troisième entraînement s'apprêtait à débuter. Le temps passait bien vite...

...

La troisième session d'entraînement fut aussi douloureuse que les deux précédentes. Les élèves faisaient face à des murs de bois, constitué de planches d'ébène.

- Tiens donc, du bois ! s'était exclamé Zell. S'il s'agit de le travailler, je suis votre homme.

Bien sûr, l'épreuve était autrement plus difficile. Myr n'avait donné qu'une consigne à ses élèves : avec pour seul outil leur corps, ils devaient réussir à percer ces planches, épaisses de quatre ou cinq bons centimètres. Pendant plusieurs minutes, tous s'étaient questionnés. Il ne s'agissait pas de briser ces planches en deux, ni de les fracasser. Non, il fallait les percer, faire un trou parfaitement net traversant la planche de part en part. Le vice-amiral s'amusait de leur circonspection :

- Saviez-vous que vos doigts peuvent atteindre la même vitesse et la même puissance qu'une balle de pistolet ?

Cette seule phrase avait terrifié les cinq élèves. S'ils devaient vraiment percer ces énormes planches de leur index, les blessures pouvaient être terribles. Jorge, le premier, s'était élancé comme un inconscient, la mâchoire serrée : il avait frappé de son index tendu le mur de bois, qui s'était brisé en un instant. Seulement, le craquement des planches fut accompagné d'un craquement osseux, Jorge se roulant en boule et hurlant.

- C'est une fracture, mon gars ! déclara Myr en observant son doigt tordu. En plus, tu n'as même pas réussi à percer la planche proprement...

En réalité, Jorge avait retenu son coup par peur de se faire mal, et cette même appréhension avait été l'origine de sa blessure. « Tout est dans le mental ! » avait alors crié Myr à ses quatre autres élèves, tandis qu'il posait une atèle à Jorge.

Les blessures furent nombreuses : des éraflures, des entailles et même une foulure (l'index de Jun, cette fois-ci). Pourtant, un jour, Arthur parvint à réaliser l'exploit. Face aux planches, les yeux braqués sur l'inamovible ennemi de bois, il s'était tenu prêt. Puis, d'un coup sec et précis, il avait projeté son index vers l'avant, qui avait fusé comme une balle. La planche avait été percée nettement, si bien qu'on pouvait voir le doigt du jeune homme ressortir de l'autre côté.

- Pas mal ! avait sifflé Myr. Tu as trouvé la technique, mon grand. Reste maintenant à l'améliorer, souffla-t-il avec un clin d'œil.

En effet, le trou créé par Arthur était complet, mais pouvait gagner en rondeur et en précision pour obtenir un résultat plus propre. Déjà, le jeune soldat était ravi de sa prouesse. Myr ne leur avait pas menti : tout se passait dans la tête. Il fallait contrôler sa peur, réussir à la surpasser. Ce n'est que lorsqu'Arthur avait chassé de son esprit les terrifiantes visions d'os brisés et s'était concentré sur la planche de bois qu'il y était parvenu.

...

Avec cette déduction, la session suivante n'en fut que plus simple. L'exercice était, pour la première fois, progressif : Myr appelait ses élèves un à un et leur envoyait une balle, constituée de mousse. La seule consigne : renvoyer la balle dans une zone délimitée, un peu plus loin. Pour la première fois, les recrues semblèrent s'amuser à jouer ce jeu des plus simples, mais Myr, déjà, jubilait : ce n'était que la première étape de ce nouvel entraînement.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant