CHAPITRE CLVIII - LES ENDORMIS

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Val du Calme était en vue. Déjà, au-dessus des brumes matinales, les sommets pointus et verdoyants semblaient percer. Au cœur de l'île, la vallée rocheuse semblait s'ouvrir comme la gueule d'un titan de pierre. Chaque retour y était pour les membres de Justice un soulagement : ils s'y savaient en sécurité, entre alliés, amis, en famille. La grotte où ils s'étaient installés pour la première fois était devenue un véritable quartier général aménagé où ils trouvaient du réconfort. Jamais l'ennemi n'y avait mis les pieds.

- J'ai cru qu'on ne rentrerait jamais, bailla Jun en s'appuyant contre le bastingage. Ça fait combien de temps, cette fois ? Trois semaines ?

- Je crois, oui ! souffla Jorge en lâchant la barre pour s'étirer bruyamment. Je n'ai jamais été aussi pressé de me changer. Je pue la sueur, c'est terrible.

- Tu m'étonnes... souffla la jeune femme en levant les yeux au ciel. Tu pourrais faire un effort, quand même. Il y a sur le navire le minimum pour faire sa toilette...

Et tandis qu'ils recommençaient à se chamailler, Haru quitta sa longue-vue des yeux pour admirer le paysage. A ses côtés, Arthur semblait sur le point de s'endormir.

- Force est de constater que notre informateur ne s'était pas trompé, encore une fois. C'est la sixième opération que l'on monte grâce à lui. Qui ça peut bien être ?

- Aucune idée, répondit son capitaine en haussant les épaules. Ses informations sont précises et concernent des dossiers confidentiels, on peut donc en conclure qu'il, ou elle, est haut placé dans la Marine.

Haru acquiesça. Son sourire était resplendissant.

- Dans tous les cas, c'est réconfortant de se savoir soutenu, même chez l'ennemi. Après le coup de l'autre jour, nos primes risquent bien d'augmenter à nouveau, mais ça ne sera pas la première fois. Et... Arthur, ça va ?!

Le jeune homme ne cessait de se compresser l'avant-bras et commençait à chanceler. Son front ruisselait de sueur. Comme Haru se montrait insistante, il remonta sa manche et elle découvrit avec horreur que deux gros trous y étaient creusés, purulents et sanguinolents.

- Arthur ?! Qu'est-ce que c'est que ça ? Pourquoi ne l'as-tu pas dit avant ?

- Le serpent de Fiore m'a mordu, juste avant que nous ne prenions la fuite. Je crois que son venin est... assez puissant...

Alors qu'il allait s'écrouler, Haru le rattrapa et l'emmena jusqu'au dortoir, dans la cale, où elle l'allongea dans son hamac. Elle prit ensuite un instant pour réfléchir, inquiète : depuis la mort de Lola, ils n'avaient plus de médecin à bord, un poste pourtant essentiel au fonctionnement d'un équipage. Comme Arthur devenait brûlant de fièvre, elle monta les marches quatre à quatre pour aller chercher Kegaro. Le Lion Rouge observait l'horizon avec son fils et, dès qu'il aperçut la jeune Kuja courir vers lui, comprit que quelque chose n'allaient pas. Elle lui expliqua longuement la situation et, alors que Hataro montrait des signes d'inquiétude, le père acquiesça.

- Je crois savoir ce qu'il lui faut.

Il descendit en vitesse à la cale, fouilla dans ses affaires et sortit de son coffre personnel une jarre en terre cuite pleine de feuilles séchées. Il en choisit une poignée, les humidifia dans de l'eau fraiche et les dispersa sur les plaies du jeune homme.

- Ces feuilles devraient soulager sa douleur et faire redescendre sa température pendant quelque temps, mais elles ne chasseront pas le venin du reptile. S'il ne guérit pas de lui-même dans les jours à venir, alors...

Il se tourna vers Haru et Hataro, l'air grave. Ils connaissaient déjà la suite de sa phrase.

- ... il nous faudra lui trouver un médecin.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant