CHAPITRE XXXV - DIEU

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Pour la première fois depuis plusieurs mois, Myr était étonné : son adversaire lui résistait. En effet, Pisces était rapide, puissant et coriace à la fois, ces trois caractéristiques n'étant combinées que par les meilleurs combattants. Certains se contentaient d'être vifs et violents, mais manquaient de résistance, tandis que d'autres étaient solides mais lents. Pisces, lui, avait tout, et faisait passé Aquarius, que le vice-amiral venait d'affronter, pour un pauvre gamin capricieux mais impotent.

- Tiger Style : inferno fury ! hurla le vieux soldat en faisant pleuvoir sur l'ennemi un déluge d'attaques.

- Karaté des hommes-poissons : déferlante orageuse ! s'écria Pisces.

Comme en miroir, le pirate fit lui-même pleuvoir un déluge d'attaques sur son adversaire. Leurs poings fusaient comme des balles, à une vitesse folle, frappant le corps de l'ennemi à un rythme acharné, s'entrechoquant parfois.

Après plusieurs minutes de combat, ils soufflèrent tous les deux un grand coup. Myr pouvait encore continuer pendant des heures : des combats de cette trempe, il en avait connu des dizaines, parfois bien plus intenses. Ils n'en étaient qu'aux prémices de leur duel.

Mais les phalanges de son adversaires étaient en sang, broyées pour la plupart. Les hommes-poissons étaient pourtant réputés pour leur résistance, et l'on racontait qu'il fallait dix soldats pour égaler un seul d'entre eux.

- C'est le fluide, ton défaut, pas vrai ? demanda Myr avec un air grave. Tu ne l'as pas encore maîtrisé ?

Pisces, sans honte aucune, continuait de le regarder droit dans les yeux.

- Non, malheureusement. Je me suis entraîné sans relâche, depuis des années, mais je ne parviens pas à l'éveiller. Il faut croire que je n'ai pas la bonne méthode.

- Ou pas le bon mentor... Je pensais que Hélio te...

- Mes oreilles sifflent, tigre blanc. Serais-tu en train de parler de moi ?

Myr se retourna, lentement, tandis que son battement de cœur accélérait. La porte de la chambre du Verseau s'était ouverte une première fois lorsque Pisces y était descendu, et elle s'ouvrait maintenant à nouveau. Sur le palier, un grand homme, à la carrure solide mais à l'allure élégante, venait de faire son apparition. Sa longue chevelure cramoisie tombait en cascade sur son visage marqué et sur ses larges épaules, recouvrant partiellement le grand manteau de cuir qui y était jeté. Si son côté droit demeurait intact, son flanc gauche était dévasté : son bras arraché avait été remplacé par une prothèse mécanique, le creux béant laissé par son œil perdu était recouvert d'un cache, mais l'énorme cicatrice demeurait sur son visage fendu en deux. Sa jambe de bois cliqueta lorsqu'il s'avança vers Aquarius, toujours allongé au sol, inconscient. Il s'agenouilla à ses côtés et prit sa main :

- Mon pauvre enfant, comme tu as dû souffrir. Je suis tellement désolé, tu sais. Je t'aime.

- C'est lui, mon Dieu, déclara une jeune femme derrière lui. Le vice-amiral qui était à Yega.

- Je sais, ma chère, je sais. Myr le tigre blanc, déclara-t-il calmement en se relevant. Vois-tu Myr, j'étais dans ma propre chambre avec Taurus, en train de la féliciter pour son excellent travail, quand les murs se sont mis à trembler comme jamais auparavant. Quelle ne fut pas ma surprise quand je découvris que nos communications étaient coupées, et que l'un des plus grands soldats de la Marine se trouvait ici, chez nous. C'est un honneur de vous rencontrer, cela dit...

- Je ne peux pas en dire de même, marmonna Myr. Je me souviens de l'époque où le vice-amiral Leroy, à l'époque contre-amiral, te poursuivait sans relâche. Il te décrivait comme l'un des pirates les plus dangereux de Grand Line.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant