CHAPITRE CXXXI - FESTILAND

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Le soleil dardait ses rayons ardents sur l'onde, dont les vagues agitées scintillaient de mille feux. L'équipage crevait de chaud, s'abritant autant que possible à l'ombre, mais Kegaro demeurait sur le pont. Il était habitué à la chaleur du soleil, qui lui faisait du bien. Elle lui glissait sur le corps comme une caresse et faisait briller sa peau halée. Chez les Powathis, l'astre était sacré. Ce peuple insoumis honorait depuis bien longtemps le dieu Nika, idole des esclaves en attente de libération, de la joie et du sourire. Il n'avait rien à craindre de cette sphère sacrée qui brillait dans le ciel. Des jours durant, enfermé dans l'obscure cellule du G2, il avait prié pour la revoir. Mais son bonheur était pour l'heure incomplet : il lui manquait une part de lui-même, son plus grand trésor, ce qui lui avait été arraché. Il percevait dans l'air, avant même que Haru ait donné l'alerte, les rires, les chants et les cris. Festiland était en vue. Ils étaient quasiment arrivés.

...

Jane avait de nombreuses qualités : elle était puissante, maline et généreuse, mais surtout curieuse. D'aucuns diraient que la curiosité est un vilain défaut, mais il s'accompagne souvent d'une grande mémoire, car les curieux, plus encore que de découvrir des secrets, aiment s'en souvenir. L'ancienne Corsaire avait donc, chose dont elle était très fière, une mémoire quasiment photographique.

Son passage à Festiland avait été bref car elle y avait tout détesté, mais elle en gardait un souvenir précis.

- C'est une île de taille assez restreinte, car elle est artificielle, ce que la plupart des gens ignorent.

Arthur avait haussé les sourcils.

- Une île créée artificiellement ? Comment est-ce possible ?

- Tu te poses encore la question avec tout ce qu'on a vu pendant notre voyage... grinça Zell. Laissez-moi deviner : un fruit du démon ?

- Sans doute, répondit Jane avec un soupire las. A vrai dire, je n'en sais rien, pas plus que je ne connais les pouvoirs d'Arlequin. Tout ce que je sais, c'est que cette île n'existait pas, qu'elle est apparue du jour au lendemain. Juste comme ça. « Pouf ! »

Tandis qu'elle mimait l'apparition miraculeuse d'un geste théâtral, Haru apporta sa pierre à l'édifice de connaissances.

- Après qu'on ait vu Arlequin à Marineford, je me suis renseignée sur lui. Il existe très peu de documentation, les livres ignorent tout de son âge ou de ses pouvoirs. Tout ce qui pourrait faire son identité semble mystère. Ne reste que son nom et ce gros nez rouge dont tous se souviennent... Mais le fait est qu'il s'est auto-proclamé Roi de cette île nouvelle, suite à un accord avec le Gouvernement.

- « Roi des fous », plus précisément ! indiqua Jane.

- Ce type semble avoir pas mal de passe-droits... réfléchit Jorge en se grattant la tête. Qu'est-ce que le Gouvernement peut bien lui devoir ?

- Il est l'un des courtiers de la pègre, expliqua Haru avec son habituel ton scolaire. Grâce au réseau qu'il entretient avec les pirates du Nouveau Monde, il parvient à maintenir un semblant d'ordre.

- Tu penses qu'il a un commerce ?

De nouveau, Jane haussa les épaules.

- Je vous dit que je ne l'ai jamais rencontré. Je n'étais qu'une touriste comme une autre à Festiland. Mais son emprise y était si grande que même les plus dangereux pirates n'osaient pas y faire de vagues : ils se mêlaient aux civils comme les touristes les plus ordinaires.

Elle se pencha sur le plan qu'elle avait dessiné, comme pour revenir à la priorité de leur conversation. L'île était composée de plusieurs grandes sphères, des « zones » dans ce paradis de l'amusement.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant