MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie I

CHAPITRE CLXXI - FRÈRE ET SŒUR

Shako dessinait dans le sable frais des formes abstraites du bout du doigt. Jun essayait de les apercevoir mais le dos de son frère les lui cachait. Une fois leurs rires retombés, un silence s'était installé que ni Jorge, ni Hiro n'osaient briser. De toute évidence, la gêne entre le frère et la sœur était sur le point d'éclater. Mais pour cela, ils devaient parler.

- Pourquoi es-tu partie ?

Les mots s'étaient échappés comme le bruit d'un ballon éclatant dans l'air, de manière aussi inattendue et soudaine. Même si Jun s'était préparée à la question, son cœur fit un bond dans sa poitrine et se serra.

- Tu avais fait ton choix, non ? Tu avais choisi de les suivre.

Shako se tourna vers elle.

- De qui parles-tu ?

- Tu le sais très bien, voyons : je parle du groupe de Mash. Il nous traquait depuis des semaines et c'est toi qui leur a dit où nous étions.

Cette fois, Shako se leva. Sous ses cheveux noirs comme la nuit, les mêmes que ceux de Jun, ses yeux brillaient de fureur.

- Tu crois vraiment que je les aurai menés à nos parents ? Je savais comme toi le risque qu'ils encouraient : une humaine et un homme-poisson, quel couple horrible aux yeux du monde. Ils étaient persécutés par tout le monde, leur amour était considéré comme contre-nature. Tu crois que je les aurais vendu à quiconque ?

Jun se leva aussi. Le ton commençait à monter. Elle se souvenait d'être rentrée à la maison, enjouée. D'avoir vu sur le sol les corps massacrés de ses deux parents, dont le seul crime était de s'être aimés et d'avoir donné naissance à deux enfants, aimés tout autant. Ils avaient tenté de les mettre en garde, de leur expliquer la haine des autres, qu'ils ne comprenaient pas eux-mêmes. Et maintenant, ils étaient morts. Jun avait cherché son frère, ne l'avait pas trouvé. Elle avait fui, pleuré, hurlé. Elle criait son nom. Elle le croyait mort. Puis elle l'avait trouvé, avec Mash et ses hommes. Aussitôt, elle avait été persuadée de comprendre la vérité : il les avait trahis, vendus. Il avait condamné ses parents. Pour cela, elle lui en voulait toujours terriblement.

- Ce jour-là, dit-il dans un souffle de colère, pourquoi es-tu partie ? Tu m'as vu avec Mash et les autres, mais tu n'es pas venue. Tu es partie, tu m'as laissé.

- Si tu m'en veux tant, pauvre cloche, pourquoi nous avoir aidé aujourd'hui ?!

- Parce que même si je t'en veux, je ne t'abandonnerai pas, moi ! Je veux te montrer que je vaux mieux que toi, quoi que tu en penses !

Le poing de Jun se crispa. A leurs côtés, Jorge et Hiro regardaient la mer et se mordaient la lèvre.

- Tu me parles de valeurs alors que tu as livré nos parents à leurs meurtriers... Et tu voudrais que je te pardonne ?

Cette fois, la colère disparut dans les yeux de Shako et la surprise sembla le frapper comme une gifle.

- Leurs meurtriers ? Qu'est-ce que tu racontes ? Tu es malade ?

Elle s'avança si proche de lui qu'il crut qu'elle allait le mordre.

- Tu es gonflé, toi ! Qui d'autres que Mash et ses amis, à ton avis ?!

- Mash ? N'importe quoi ! Il m'a toujours dit que...

Alors qu'il était jusque-là ferme et assuré, il se mit à balbutier. Le doute qui jamais ne lui avait effleuré l'esprit venait de s'y immiscer.

- Que... Enfin... Un humain...

Dans sa tête, la réalité qu'il avait toujours ignorée semblait s'installer comme une évidence. Sa main se mit à trembler.