CHAPITRE LXXXVII - L'ÉQUIPE A CONTRE LA CORSAIRE

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Dès que les grands arbres avaient atteint les catacombes pour le délivrer de l'armée de femmes-insectes furieuses, Arthur s'était engouffré dans la galerie de tunnels souterrains à la recherche d'une issue. Fort heureusement, il avait mémorisé le chemin parcouru à l'aller avec Lola et pouvait sentir le dénivelé s'accentuer progressivement, preuve qu'il approchait du palais. Pourtant, alors qu'il était déjà épuisé, il ne put s'empêcher d'accélérer le pas, au risque de faire exploser ses deux poumons essoufflés : il pouvait sentir, quelque part là-haut, le danger que couraient ses amis. Il sentait leur peur vibrante, la tension dans l'air et, parfois, il lui semblait même entendre leurs cris affolés. Ces sensations, ces bruits terribles résonnaient en écho dans son crâne et lui donnaient la migraine, comme si son esprit s'était éveillé et percevait à présent l'activité de chaque être de l'île. Pris de vertige, il manqua de s'effondrer mais se rattrapa à la paroi rocheuse et humide des souterrains : il devait à tout prix arriver à temps pour les protéger de la menace qui les assaillait sans relâche.

...

Le combat n'avait duré que quelques secondes, à tel point que l'on eut pu parler de rencontre plutôt que de réel affrontement. Nephila aimait jouer avec ses proies plutôt que de les exécuter sommairement, mais si elle avait choisi de ne pas faire preuve de sadisme, les cinq êtres qui se trouvaient face à elle seraient déjà morts. Elle débordait tellement de colère qu'elle s'était décidée à prendre le plus de temps possible avant de leur accorder le privilège du repos, qui dans le cas présent se traduirait par la mort. D'un coup de patte puissant et vif, elle avait expédié Zell, déjà mal en point, contre le sol de terre. Puis, la Corsaire avait projeté un tourbillon de toile soyeuse sur le jeune homme afin de l'immobiliser : les fibres de soie étaient si solides et collantes que Zell pouvait à peine remuer. Ses deux jambes, entravées, ne pouvaient en aucun cas libérer le Pied Ouragan.

Haru était parvenue à esquiver l'attaque, mais handicapée par la petite Lola qu'elle portait dans ses bras, elle n'avait pu se défendre quand la bête l'avait chargée et l'avait projetée contre le mur de pierre du palais. La façade s'effondra lorsque Haru la traversa, et la jeune archère roula dans la poussière et les débris, protégeant Lola entre ses bras.

Jorge, après avoir délicatement déposé Jun près du palais, avait chargé l'ennemie en concentrant son Metallium dans ses énormes pattes pour la frapper de toutes ses forces. Alors que Nephila était de dos, cherchant à attraper Haru dans les débris et ruines, Jorge avait pris pour cible l'abdomen de l'arachnide : rassemblant ses forces dans son poing serré, il avait frappé l'animal. A sa surprise, le bruit généré par le choc se répercuta en écho dans la nuit comme s'il eut frappé une cymbale métallique. Puis, vive comme un éclair, la bête avait fait volte-face et avait plaqué le soldat contre le sol. Ses deux gigantesques crochets s'étaient plantés de part et d'autre du visage de Jorge et elle le fixait à présent de ses huit yeux noirs et globuleux. Tandis qu'un filet de salive lui coulait sur le front, Jorge se mit à hurler :

- Dégage, saleté ! Bear boxing : heavy jab !

Il lui décocha un direct du droit de toutes ses forces et l'attaque atteint la bête en pleine tête. Pourtant, elle demeura solide et renforça son emprise sur sa proie. Il était impossible de savoir si les horribles stridulations que produisait son corps traduisaient de la colère ou de l'amusement.

- Tes misérables attaques n'endommageront jamais mon exosquelette. Depuis que j'ai mangé cette variante du fruit de l'arachnide, je peux me changer en mygale Goliath, la plus grande et la plus puissante araignée au monde.

Tandis que la bête s'acharnait sur Jorge, essayant de l'entoiler alors qu'il se débattait furieusement, Haru profita d'être hors de son champs de vision pour mettre un plan en place : d'abord, elle libèrerait Zell avec son Pied Ouragan puis, ensemble, ils utiliseraient leurs forces combinées pour renverser la bête. Sur le dos, elle serait sans doute beaucoup plus vulnérable et révèlerait la partie intérieure, plus fragile, de son thorax. Haru déposa donc délicatement la petite Lola derrière un mur de pierre : l'enfant semblait presque endormie, épuisée et éprouvée par cette nuit difficile. Les larmes qu'elle avait versées avaient tracé des sillons sur la poussière qui couvrait ses joues. Haru la regarda avec tendresse et se résolut à l'abandonner, juste pour quelques instants.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant