CHAPITRE CXLI - MÊLÉE SOUS LE CHAPITEAU

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Arthur et Zell demeuraient saucissonnés sur l'esplanade, prisonniers du lien qui les retenait. Tout autour de la place, les clowns de Circus formaient un cercle menaçant. Pierrot se tenait prêt à exécuter les deux fugitifs lui-même. Et à ses côtés, son Roi demeurait immobile, son éternel sourire aux lèvres.

Arlequin.

Très lentement, il leva la main à la hauteur de son visage et, en un éclair, claqua sèchement des doigts. Aussitôt, Pierrot porta à la bouche de son maître un minuscule escargophone portable. Il sonna quelques secondes puis, après qu'un cliquetis ait retenti, une voix d'homme en surgit.

- Oui, baby ?

- C'est moi, Mad. Tout va bien ?

- Oui, baby ! J'ai mis la main sur une bien jolie jeune fille ! Elle se promenait dans les égouts avec nos petits babies !

- Une jeune fille ? Figure-t-elle sur les avis de recherche que je vous ai transmis ?

- Ça, ça se pourrait bien, baby ! Mes toutous sont en train de s'en occuper.

- Vérifie dès que possible, Mad. Il faut qu'on tire tout ça au clair. Tu me fais une arène ?

- Autour de votre tour, cher Roi d'amour ?

Arlequin acquiesça.

- Haute de dix mètres, pas moins.

- Ça roule, mon clown !

Puis, Arlequin écarta l'escargophone de son visage et le triste Pierrot raccrocha. Arthur n'en croyait pas ses yeux : le Roi des clowns était d'habitude si excentrique qu'il s'étonnait de le voir maintenant adopter un tel sérieux, une rigueur presque professionnelle. Son visage avait changé : ses yeux noirs et rouges étaient toujours aussi étranges, mais son sourire d'habitude si dément était maintenant plus sournois. De toute évidence, il préparait quelque chose.

Dès qu'il eut raccroché, la terre trembla. Arthur jeta à Zell un regard inquiet, mais avant qu'ils aient réussi à se libérer, la place pavée se mit à onduler : tout autour de la place, une grande muraille sembla sortir du sol, se hissant jusqu'au quatrième étage de la Tour Penchée, au moins. Une véritable arène, toute de pierre construite, venait de se bâtir sous leurs yeux ébahis.

- Un fruit du démon ? souffla Arthur en balayant le paysage du regard.

- Pour changer... grogna Zell en levant les yeux au ciel.

Arlequin adressa un léger signe de la main à ses sbires, qui agirent aussitôt en conséquence : la moitié d'entre eux se rassembla à ses côtés, l'autre s'approcha de la muraille. De grandes portes s'y dessinèrent, que les clowns passèrent pour regagner l'autre côté, puis elles se refermèrent et disparurent comme si de rien n'était.

- Peux-tu libérer ces deux petits asticots, mon ami Pierrot ? siffla-t-il comme un serpent.

N'importe quel sbire aurait remis cet ordre en question, discuté cette étrange décision de son supérieur, mais Pierrot s'exécuta immédiatement : sa foi en Arlequin était absolue. Sa corde d'acier se rétracta donc complètement, jusqu'à disparaître dans son bras, et Zell lui jeta un regard des plus curieux. Comment cet étrange type pouvait-il bien fonctionner ? Arthur, quant à lui, demeurait muet. Ses grands yeux d'aigles balayaient le paysage à la recherche d'une issue.

- On fait quoi, chef ? lui demanda son ami.

- A-t-on vraiment le choix ? Si nous tentons de fuir l'arène avec le Pas de lune, ils nous rattraperont en un instant.

Lentement, il brandit donc sa lame d'or devant lui, prêt à se battre. Kegaro l'avait réparée avec tant d'habileté qu'on ne discernait même plus de cicatrice dans le métal.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant