MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie I

CHAPITRE CVIII - NUIT BLANCHE

Le climat de Mukata était brûlant. Lorsque le soleil dardait ses rayons sur les pierres noires de l'île, elles devenaient aussi chaudes que des braises ardentes. On pouvait voir le sable danser dans l'atmosphère suffocante. Pourtant, la chaleur étouffante qui envahissait la cité powath était cette nuit-là d'une toute autre nature...

Les indigènes tremblaient non pas de froid, mais de peur. Devant eux défilaient les soldats, portant des sceaux d'huile dans leurs mains. Certains avaient l'air honteux, d'autres anxieux, d'autres encore se contentaient de suivre les ordres, avec plus ou moins de plaisir... Plusieurs grands chaudrons, ceux des indigènes eux-mêmes, avaient été rassemblés devant leur temple. A l'intérieur, l'huile chaude commençait déjà à bouillir. Tels avaient été les ordres du tyran : à l'aube, toute la tribu powath serait ébouillantée. Celui-ci s'était ensuite retranché avec sa garde dans le temple, dont il avait fait sa demeure, accompagné d'Hataro, son nouvel esclave. La puissance destructrice de cet enfant le fascinait, si bien qu'il comptait le transformer en véritable arme humaine à ses ordres. Quand il l'avait emmené, son père avait bien tenté de se battre comme un lion, emmenant dans sa fougue tous ses hommes disponibles pour récupérer son enfant, mais l'amiral Kuroryu s'était dressé face à lui et l'avait écrasé en une fraction de seconde. Tandis que le Dragon Céleste se retranchait dans le temple avec son nouveau « jouet », l'amiral avait regagné sa tente pour préparer la suite des événements et se reposer : il devait déclarer la mort de Kabber, cet insecte qu'il avait presque pris plaisir à éliminer quand Saint Ratcliffe le lui avait ordonné, mais aussi officialiser la colonisation de l'île par le noble qu'il servait.

- Une tonne de paperasse m'attend... avait-il soufflé à ses hommes avec un air las. Rassemblez les prisonniers sur la place centrale, qu'ils soient surveillés jusqu'à l'aube. Saint Ratcliffe attend d'être pleinement reposé pour profiter du spectacle autant que possible, l'exécution ne doit pas avoir lieu sans lui.

Tandis qu'il s'enfermait dans sa tente, à la lueur de sa bougie, les Powathis furent divisés en deux groupes : les hommes d'un côté, les femmes, vieillards et enfants de l'autre. Tous ruminaient leur capture, leur humiliation et l'enlèvement de leur prince. Ils bouillaient de rage, mais à l'aube, ils bouilleraient tout court...

- Que va-t-on faire ? On ne peut pas les laisser comme ça ! murmura Lola pour ne pas être entendue des gardes qui passaient dehors.

Elle avait rejoint, avec Zell et Arthur, la tente de celui-ci pour décider de la suite du plan. L'arrivée soudaine d'Edouard et de ses troupes, absolument imprévue, avait chamboulé le déroulement des événements... Ce plan que le groupe qu'Arthur tentait de monter, avec l'aide de Kegaro, pour renverser l'amiral, se retrouvait complètement neutralisé, mais il ne pouvait pour autant se résoudre à laisser la tribu powath se faire exterminer de la sorte, même si leur petit nombre limitait leur champ d'action.

- Bien sûr qu'on aimerait délivrer ces pauvres gars, souffla Zell avec un air de chien battu, mais que veux-tu qu'on fasse à trois ? Si on tente quoi que ce soit, Edouard comprendra l'embrouille et nous fera exécuter avec eux.

Lola haussa les épaules d'un air déprimé. On voyait dans ses petits yeux tristes qu'elle n'abandonnait pas l'idée de voler au secours des Powathis, seulement qu'elle cherchait la meilleure solution. Aussitôt, Arthur leva les yeux vers eux et ils furent satisfaits et excités de voir que la flamme de la détermination était revenue dans son regard.

- Pour commencer, nous ne sommes pas que trois ! dit-il en sortant son escargophone de sa poche.

Zell l'interrogea du regard.

- Tu veux contacter les autres ? Mais leur demander quoi ? Ils sont à des heures de nous...

- Ils peuvent au moins assurer nos arrières, répondit Arthur en lançant l'appel.