CHAPITRE CLIII - ... ME REND PLUS FORT

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Huit, sept, six.

Jane souffla un grand coup.

Cinq, quatre, trois.

« Aller, ma vieille. Pas le droit de flancher ! »

L'ancienne Corsaire maîtrisait bien les deux types de fluide les plus communs, sans pour autant briller par son utilisation de l'un d'eux. Elle ressentait les auras des êtres, mais moins bien que Haru. Elle pouvait rendre son corps aussi dur que l'acier, mais moins bien que Kegaro. Pourtant, c'était sur ses capacités à elle que reposait maintenant la réussite de l'opération. Tandis que ses nouveaux camarades repoussaient les hordes de monstres qui se pressaient à leur navire, elle se retrouvait seule avec le canon. Son objectif était clair : détruire le mystérieux globe créé par Arlequin, qui recouvrait à présent toute l'île et permettait la terrible transformation de ses sbires. Plus facile à dire qu'à faire, cela dit : le dôme, situés à des kilomètres de hauteur, semblait vibrer d'une énergie furieuse. Haru avait beau avoir placé son point faible en ligne de mire, il restait encore une étape essentielle : rendre le projectile assez puissant pour pulvériser cette Notte de malheur. Alors, elle ferma les yeux et inspira profondément. Elle sentit le fluide parcourir son corps, ses bras, gagner ses mains comme un courant d'eau vive et brûlante.

Il ne restait qu'une seconde avant le tir.

- Projection ! s'écria-t-elle.

Ses bras se couvrir aussitôt du revêtement noir et brillant du fluide, qui traversa l'épaisseur du canon pour approcher le boulet placer en son cœur. L'opération était délicate : il fallait couvrir le projectile du fluide, sans que la pression exercée ne soit trop grande et le brise. Elle sentit la vague surpuissante qui déferlait de ses paumes, elle la sentit enrober le boulet d'acier comme la chair d'un fruit autour de son noyau.

Cet instant lui sembla hors du temps. Mais le bruit furieux de la détonation la ramena à la réalité : le canon s'ébranla et le projectile, aussi noir et puissant que les bras de l'ancienne Corsaire, fusa dans le ciel. Alors, elle ouvrit les yeux et, pour la première fois depuis des années, se mit à prier.

- Par pitié, souffla-t-elle sans quitter le projectile des yeux. Mets fin à ce cauchemar.

Elle se tourna ensuite vers le centre de l'île, où la gigantesque silhouette d'Arlequin se détachait sur le ciel noir. Il était toujours aux prises avec le chevalier d'or.

- Je t'en prie, Arthur. Reviens vivant.

Haru, Jun et Zell repoussaient les monstres tant bien que mal. Déjà, ils étaient submergés. Il fallait que le projectile fasse mouche. Sans cela, ils étaient tous perdus.

...

Le minuscule cœur du petit Peck battait à tout rompre sous son plumage turquoise. Malgré la couche de poussière et de cendre qui le recouvrait, malgré l'obscurité de la Notte, ses couleurs demeuraient éclatantes. Pour garantir sa survie, Arthur l'avait fait fuir alors qu'Arlequin s'apprêtait à le capturer, mais le verplume détestait être loin de son maître. Il poussait de tristes piaillements dans le ciel noir, battant furieusement de ses petites ailes à la recherche d'un secours. Mais il n'y en avait pas : le reste de l'équipage demeurait pour lui introuvable.

Mais alors qu'il voletait au-dessus des ruines et du chaos, un éclat presque aussi sublime que le sien attira son attention. Un éclat qu'il connaissait, qui lui était familier. Il battit un peu des ailes et, tout doucement, se posa à son côté. Il reconnaissait bien cet objet, cette chose si précieuse à son maître. Il la picora timidement, du bout de son long bec. Tandis que la terre tremblait au loin, il se décida à agir. Il ne pouvait pas laisser Arthur seul plus longtemps.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant