CHAPITRE DE HECTOR - III

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La surprise qui frappa Leroy lorsqu'il poussa de nouveau les portes du salon laissa bien vite sa place à une rage si violente et brûlante qu'elle aurait pu réduire toute l'île en poussière s'il l'avait souhaité.

- Tu as été bien sot et naïf de te fier à mon aspect, grinça la voix tremblotante du baron sans qu'il quitte sa cheminée des yeux. Tout comme eux l'ont été.

Mais Leroy n'avait que faire de ces provocations. Son regard était fixé sur ses élèves.

Comme étourdis par un choc violent, ils semblaient endormis. Solidement attachés aux chaises de bois et de velours, tout autour de la table, ils étaient installés tels des poupées dans une sorte de mise en scène morbide. Le bâillon dans leur bouche confirma ce que le fluide de l'amiral lui permettait de percevoir, mais le baron prit malgré tout la peine de le préciser :

- Ils sont en vie.

Freed avait regagné sa place, près de son maître, et laissait apparaître un sourire triomphant. Lentement, les domestiques s'avancèrent vers leurs otages et approchèrent, comme une menace, des lames de leur visage. Mais Leroy, trop furieux pour parler, fit tournoyer sa main et les domestiques s'effondrèrent : la glaise molle et souple avait saisi leurs jambes comme le tentacule d'un kraken, les entraînant dans une chute brutale et inattendue. Puis se forma autour d'eux un sarcophage de terre qui avait durci pour devenir aussi solide que de la pierre, étouffant ainsi leurs cris et leurs plaintes. Là était le châtiment pour ceux qui osaient s'en prendre aux disciples de l'amiral Kikkaku.

Le corps du vieux baron s'ébranla, comme s'il était pris d'un éclat de rire ou d'un frisson de peur. En l'observant attentivement, Leroy comprit que c'était un mélange des deux : il était excité, il avait hâte.

- Les choses s'annoncent compliquées, Freed. C'est à un amiral de la Marine que nous sommes opposés.

Le valet laissa apparaître sur son visage d'ange un sourire triste, puis s'approcha doucement de son maître.

- Est-ce maintenant, monsieur ?

- Oui, je n'ai pas le choix. Mon état actuel ne me permettrait pas de l'affronter.

Freed acquiesça et s'agenouilla devant le baron, près du feu. Leroy les regardait faire en silence, les dévisageant de ses yeux perçants de rapace.

- Qui es-tu donc, vieux fou ? souffla-t-il en chassant la désagréable impression de malaise qui l'envahissait.

- Tu ne vas pas tarder à le savoir.

Et tandis que Freed lui tendait sa gorge ferme et pleine de vie, le baron révéla deux longues canines et les y planta avec violence.

...

Hector, Charlie et Kaju Da étaient dos à dos, essayant de ne laisser aucun angle mort que leurs ennemis pourraient exploiter. Ils avaient tenté de prévenir la vice-amirale Slain, mais leur voie de secours s'était retrouvée elle aussi bloqué par un adversaire de l'ombre. A présent, ils étaient coincés et cherchaient, tant bien que mal, à distinguer le visage de leurs ennemis.

L'un d'entre eux était massif, plus grand et robuste que le vice-amiral Myr lui-même. La lueur des flammes se reflétaient sur son crâne rasé, couvert de cicatrices. A chacun de ses mouvement, un cliquetis de chaînes se faisait entendre.

- « L'homme prudent voit le mal et se met à l'abri, mais ceux qui manquent d'expérience vont de l'avant et en subissent les conséquences. »

Le son de sa voix, qui était rauque et basse, fut aussitôt suivi du bruit du papier. Une page tournée dans un livre.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant