CHAPITRE CLXXIII - BOA ET MAMBA

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La corne de brume, taillée dans de l'ivoire pour épouser la forme d'un gigantesque serpent, sonna trois fois. Sous le règne d'Iris, les forces Kujas étaient moins organisées qu'elles ne l'avaient jamais été. Mais à la grande surprise de Haru, elles pouvaient être efficaces lorsque les ordres venaient directement de leur impératrice et qu'elles craignaient un terrible châtiment de celle-ci, si bien que l'arène fut préparée pour le duel en moins de trente minutes. Les plus grandes guerrières de la tribu s'étaient rassemblées dans les gradins pour observer l'affrontement qui déterminerait leur avenir. Nombreux auraient jugé cette pratique barbare, mais elle était en réalité habituelle chez ce peuple de combattantes nées.

Haru et Iris se tenaient l'une face à l'autre. Leur arc reptilien et partenaire leur avait été confisqué le temps du combat, afin que seuls leurs compétences physiques soient mises à l'épreuve. Les règles étaient simples. Un combat à mort. Tous les coups étaient permis, mais l'affrontement devait rester un duel : impossible de se reposer sur l'aide d'alliées.

Haru jeta un regard à l'assemblée, composée pour une grande majorité de soutiens à son clan. Elle savait qu'elles se battraient pour elle si elle leur demandait, mais ses deux sœurs otages devaient encore être délivrées. Ce duel était le meilleur moyen de laisser à Zell le temps d'agir. Et Haru commençait à croire qu'elle avait ses chances face à sa cousine.

Naja Calluna, l'héritière d'une grande famille, avait été désignée pour arbitrer le duel. Lentement, elle s'avança. Haru la sentait mal à l'aise.

- Guerrières Kujas, le duel que vous vous apprêtez à disputer n'a qu'une règle : la dernière à rester debout sera déclarée victorieuse. Dans ce duel à mort, tous les coups sont permis. Seuls vos arcs vous ont été confisqués, le temps du combat.

Elle se tourna vers le gong, gardé par une jeune combattante. Elle tenait dans ses mains une épaisse baguette pour le faire résonner.

- Êtes-vous prêtes ?

Les deux femmes acquiescèrent doucement. Le son vibrant du gong retentit dans l'air. Le duel pouvait commencer.

Haru se mit immédiatement en position de combat, prête à se défendre. Elle voulait, dans un premier temps, se reposer sur son fluide de l'observation pour analyser autant que possible les mouvements de son adversaire. Ensuite, seulement, elle passerait à l'action.

Pourtant, la tête lui tourna subitement. La chaleur n'était pas particulièrement grande, pas plus que sa fatigue. Elle qui était d'habitude si résistante et concentrée était maintenant prise de vertiges. Ses jambes flanchèrent sous son poids et elle tomba à genoux sur le sol de pierre de l'arène.

- Qu'est-ce que... balbutia-t-elle. Que m'arrive-t-il ?!

Elle s'était concentrée sur les moindres détails de son adversaire pour percer à jour sa défense, si bien qu'elle n'avait pas remarqué ce qui lui paraissait maintenant le plus évident : les yeux de vipère de sa cousine, d'habitude du vert caractéristique de leurs gênes communes, étaient maintenant aussi rouges et brillants que ceux d'un animal mortel. Elle les fixa une seconde de plus et son cœur fut comme écrasé par une pression démente. Aussitôt, elle détourna le regard.

- Tu as de la chance d'être aussi robuste, chère cousine. La plupart de mes victimes ne me résistent pas une seconde.

Alors que Haru avait le regard détourné de son adversaire et que son attention était déconcentrée par sa terrible douleur, Iris se rua sur elle et lui assena un coup de pied si puissant qu'il la renversa. Elle hurla de douleur et l'usurpatrice éclata de rire.

- Les pouvoirs du fruit médusant, lorsque je les active, rendent mon regard aussi mortel que le plus terrible des poisons. Il te suffit de le croiser pour signer ton arrêt de mort. Et sans tes précieux yeux...

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant