CHAPITRE DE MARY - III

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Un nouveau sourire apparaissait sur les lèvres d'Alone, que Mary ne connaissait pas encore. Elle prenait plaisir à lui faire peur. Esquivant une nouvelle attaque, Mary se rua vers la porte en hurlant le nom de son allié. Le seul. Mais elle n'eut comme réponse qu'un éclat de rire glaçant, comme si la gorge de celle qu'elle croyait son amie s'était déchirée.

- Crois-tu vraiment qu'il va venir à ton secours ? Regarde donc, ma belle !

Elle claqua sèchement des doigts et les grandes portes de la salle s'ouvrir pour laisser passer une cohorte de soldats masqués. Les sbires de Tartaros, armés jusqu'aux dents, le visage couvert d'un masque noir, avaient la carrure d'armoires à glace. Ils s'avancèrent en rangs serrés, une dizaine d'entre eux, puis s'écartèrent pour former une barrière devant la porte. Quand Mary comprit qu'il ne venait pas seulement pour la retenir, quand elle vit ce qu'ils laissaient lourdement tomber sur le sol comme un poids mort, elle hurla comme de douleur.

Daiki, en sang, avait été dépouillé de ses effets et de ses armes. Son visage n'était plus qu'une croute brisée, épaisse et déformée. Ses membres malmenés adoptaient des angles étranges. Il était cassé, détruit. Il respirait à peine et manqua de s'étouffer lorsque l'épais filet du sang qui lui ruisselait du nez et du front remplit sa bouche gonflée. Ses poignets et chevilles étaient entravées par d'épaisses chaines que Mary reconnut aussitôt : elles étaient faites de granit marin, les mêmes qu'elle avait connues à Impel Down. Elle voulut le rejoindre, courir jusqu'à lui, mais un nouveau coup d'Alone la projeta contre le sol dur et froid, ou son visage s'écrasa.

Une bulle de sang s'était formée dans sa bouche et gonfla lorsqu'elle tenta de crier de rage. Noire de colère, elle se tourna vers celle qui la torturait et lui jeta un regard plein de haine. Mais Alone n'était plus la même : sous les lambeaux de la robe qu'elle venait de déchirer, elle portait une tenue de combat couverte de tâches de sang séché. Ses beaux cheveux avaient été rassemblés derrière un bandeau, révélant la face gauche de son visage jusqu'alors dissimulée, traversée d'un cache-œil. Son corps, couvert de cicatrices, était celui d'une vraie guerrière. Sa performance avait été parfaite jusqu'au bout. De la jeune fille douce et gentille, il ne restait qu'une robe déchirée, comme un fantôme du passé. La Reine des Plaisirs, comme ramenée à la vie, laissa échapper un sourire satisfait. Elle saisit une bouteille de rhum à sa ceinture, qu'elle déboucha avec les dents et but d'une traite.

- Putain ! s'écria-t-elle en reprenant son souffle. Ça fait du bien d'être de nouveau à l'aise. Vous auriez vu la gueule qu'a tirée l'Empereur en me voyant en robe. Il était hilare, le vieux !

Aussitôt, tous ses sbires éclatèrent d'un rire gras. Mary tenta encore de courir jusqu'à son ami inconscient, son seul allié, mais Alone fondit sur elle et l'écrasa de tout son poids. D'un geste expert, elle ramena son maigre bras dans son dos pour l'immobiliser.

- Où tu crois aller, pauvre tâche ? On n'a pas fini ton entraînement. Montre-moi tes foutus pouvoirs et je laisserai peut-être ton ami vivre.

Mary se débattit autant que possible, comme un animal pris au piège. Elle en avait marre de rester passive, voulait se battre mais n'en avait pas la force.

- Si je maîtrisais vraiment mes pouvoirs, je les utiliserais pour te tuer ici et maintenant ! lui cria-t-elle. Mais je te répète que je n'y parviens pas. Blesser Daiki n'y changera rien !

- Tu crois ? souffla Alone avec un sourire sournois. Nous allons voir ça. Tuez-le !

Ignorant les hurlements de Mary, qui manquaient de l'étouffer, l'un des sbires dégaina sa dague. Il s'approcha de son prisonnier inconscient et, très lentement, comme s'il y prenait plaisir, plongea sa lame dans le cœur de Daiki. Celui-ci eut un sursaut naturel, jeta à son aimée un regard brisé. Mais, déjà, il n'entendait plus ses cris de douleur et de rage. Il ferma les yeux et se laissa tomber sur le sol. Très vite, alors que son sang coulait sur le sol de pierre dur et froid, il ne bougea plus.

La tristesse de Mary était presque imperceptible, éclipsée par sa colère. A la surprise et au plaisir d'Alone, elle se débattit comme une lionne furieuse et, bien vite, se dégagea de son emprise. D'un bond agile et léger, la pirate recula et récupéra son bokken d'entraînement. Elle était bien décidée à accomplir sa mission, à pousser cette petite idiote à bout.

- La torture, physique ou psychologique, a toujours été mon plaisir ! grinça-t-elle avec un sourire dément. C'est ce penchant, plus que ma puissance, qui a élevé ma prime à 283 millions de berrys. Mais crois-moi, je suis assez...

Elle n'eut pas le temps d'achever sa phrase : à sa grande surprise, Mary s'était relevée et jetée sur elle. De sa grande robe, elle avait tiré la longue dague de Daiki, celle qu'il lui avait confiée pour se défendre. Il savait qu'elle avait en elle la férocité nécessaire pour se battre comme une lionne, mais Alone, elle, l'avait ignoré. Sans se méfier, elle avait laissé la jeune femme s'approcher et lui planter en plein cœur.

Mary demeurait là, sa lame plongée dans la poitrine de la Reine des Plaisirs. Elle sentait son souffle sur son visage, un souffle qui puait le rhum et le tabac. Comment avait-elle pu l'ignorer jusqu'alors ? Une odeur de mort, pestilentielle.

Pourtant, loin de se dégager, Alone lui sourit. Elle semblait presque satisfaite que la proie dont elle s'amusait ait cru à sa victoire. Elle agita vaguement la main et, comme emportée par une vague déferlante, Mary fut repoussé à l'autre bout de la salle d'entraînement par un torrent translucide. Lorsque le flot la recracha sur le pavé dur, elle sentit que sa peau la brûlait terriblement.

- Tu ne peux pas me tuer aussi facilement, princesse. Depuis que j'ai mangé le fruit acide, mon corps est aussi liquide et dangereux qu'une arme chimique.

Alors que la peau de Mary devenait rouge et semblait se déchirer, la silhouette d'Alone se troubla et s'effondra pour revenir à l'état de flaque. Le liquide, comme animé, ruissela jusqu'à sa proie et se reconstitua sous ses yeux furieux.

- Toi... souffla Mary en la frappant à nouveau, impuissante. Sale garce !

- Tu ne comprends donc pas ? répondit l'autre. J'attends plus de toi. Tu es trop faible. Deviens plus forte !

Elle lui asséna au ventre un coup de pied si puissant qu'il lui broya les côtes et la fit rouler jusqu'au corps de son ami. Comme lui, Alone maîtrisait le fluide à la perfection. Vautrée dans son sang encore chaud, Mary tenta de se relever en sanglotant.

- Ce serait pourtant si simple... souffla Alone d'un air blasé. Si tu faisais ce que je te demande, je pourrais venter tes progrès au maître. Il pourrait te récompenser de la meilleure des façons, si tu acceptais de mettre tes pouvoirs à notre service. En sauvant ton ami, par exemple...

Mary, essoufflée, la regarda sans comprendre. Sa fureur ne faiblissait pas. Voyant qu'elle ne semblait pas réagir, Alone jeta un regard autoritaire à ses sbires.

- En attendant le retour de l'Empereur, emmenez ce misérable à Toxine, il saura comment conserver son cadavre. Le Roi de la Pourriture a beau être exécrable, c'est un vrai petit rat de laboratoire...

Et tandis qu'une partie d'entre eux emmenait le corps défiguré de Daiki, quelques autres s'approchèrent de sa protégée.

- Cette sale petite princesse ne semble pas décidée à faire preuve de bonne volonté. Mettez la aux fers jusqu'à nouvel ordre.

Et tandis qu'ils s'approchaient d'elle, leurs menottes de granit marin à la main, Mary eut la nausée. Elle se souvint d'Ita et Barton, ses tortionnaires. Du froid, de la faim, de la solitude. Alors, tandis que le corps de Daiki disparaissait derrière les grandes portes de la salle, elle se mit à hurler de désespoir, de rage et de douleur. A ses genoux, le sang de son ami perdu s'anima. La flaque rouge se mit d'abord à trembler puis, aussi vives que des balles de pistolet, des gouttes fusèrent à travers la pièce : les sbires, tués sur le coup par ces aiguilles aiguisées, s'effondrèrent. Alone elle-même manqua de se faire avoir, mais son fluide lui permis d'esquiver l'attaque à la dernière seconde. Pourtant, lorsqu'elle porta sa main à sa joue, elle comprit à sa douleur qu'une légère entaille s'y était dessinée. Seul un Logia pouvait en blesser un autre sans fluide. L'Empereur disait donc vrai : les pouvoirs de cette jeune fille étaient très grands. Un sourire apparut sur les lèvres de la Reine des Plaisirs.

- Tu vois, quand tu veux. Je suis sûre que tu vas beaucoup progresser avec moi.

Arc de Mary - Fin 

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IWhere stories live. Discover now