CHAPITRE LVI - DIFFICILE REPRISE

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Après la balle en mousse, vint la balle en cuir, plus lourde et plus dur. Pourtant, l'amusement resta le même. Ensuite, ce fut une balle de bois, dont la dureté et la lourdeur infligèrent quelques rudes hématomes aux élèves. Enfin vint la dernière étape, avec une balle de pierre. Durant les premières séances, les élèves n'osèrent même pas la frapper de peur de se briser le pied. Lorsque certains essayaient, la balle semblait emporter leur jambe et leur arrachait un cri de douleur.

C'est Haru qui, la première, parvint à la renvoyer. Le style de combat de la tribu Kuja était essentiellement basé sur l'utilisation de leurs jambes, et celles de Haru étaient très développées : non seulement elles étaient très musclées, malgré leur finesse, mais en plus la jeune femme savait s'en servir comme d'une arme. Elle confirma, une nouvelle fois, la parole de leur maître : « Tout est dans le mental ».

...

Le mois suivant vint une épreuve de rapidité : sur de très minces tiges de bambou, de fines plateformes d'argile était disposée. Elles étaient fixées en leur centre de manière à ce que le vent ne puisse les déloger, mais la moindre pression sur leurs extrémités extérieures entraînait leur chute. L'objectif était de bondir sur chacune d'entre elles et d'atteindre la fin du parcours sans tomber. Or, pour ne pas se tuer, les élèves avaient la possibilité de s'attacher un harnais autour de la taille. Lorsque Myr leur proposa, ils saluèrent en ricanant sa bienveillance, et le vieil homme haussa les épaules en soufflant.

- C'est bien la première fois que vous êtes aussi attentionné ! s'exclama Zell.

Chacun d'entre eux parut surpris de son talent pour une telle épreuve. La plupart parvenait à bondir aisément d'une plateforme à une autre, avec une vitesse et une légèreté phénoménale. Grâce aux précédentes sessions d'entraînement, notamment la première et la quatrième, leurs jambes étaient devenues si puissantes et rapides qu'ils avaient l'impression de flotter dans les airs, de marcher sur des nuages.

Arthur compris aussitôt que cette cinquième session leur enseignait les bases du pas de lune, la technique dont Myr s'était déjà servi à plusieurs reprises et qui permettait de marcher, littéralement, dans les airs.

Pourtant, ils chutaient souvent et ne devaient leur vie qu'à la présence du harnais, qui leur coupait le souffle lorsqu'à la dernière minute il les rattrapait par la taille.

Après trois semaines d'entraînement, Arthur décida de s'engager dans une voie bien dangereuse : lorsque Myr lui tendit le harnais, il le refusa. Jun et Jorge lui crièrent qu'il était fou, qu'il pouvait mourir en chutant d'une telle hauteur, mais Myr le laissa faire. Arthur monta à la hauteur des plateformes, grâce à une échelle posée contre un palmier. Il souffla un grand coup, garda les yeux bien ouverts, et s'élança.

Il bondit une, deux, trois, cinq, dix fois et jamais ne tomba. Lorsqu'il atteint le bout du parcours, en chair et en os, toujours vivant, Myr le regarda avec fierté.

- Tu as passé les vingt-sept étapes du parcours en huit secondes... C'est excellent, Arthur.

...

La dernière session était un peu particulière : les élèves avaient conscience que leur entraînement allait toucher à sa fin, alors qu'ils commençaient enfin à y prendre goût.

Ce sixième exercice se déroulait à l'aveugle : les élèves devaient attacher autour de leur tête un épais bandeau de tissu, si bien que leurs yeux en étaient recouverts. Puis, le vice-amiral leur envoyait toutes sortes d'objets : ballons en mousse, noix de cocos, oursins, petites pierres, grosses pierres, ... Bien sûr, Haru excella tout de suite dans l'exercice : sa maîtrise du fluide de l'observation lui permettait de sentir les projectiles venir, de percevoir leur présence avant même qu'ils ne la touchent.

La session fut laborieuse pendant plusieurs semaines, mais avec l'habitude, les élèves apprirent à sentir venir les coups et à les esquiver par instinct. Dès lors qu'ils entendaient un projectile fuser dans leur direction, il savait où ils devaient se jeter pour l'esquiver, si bien que leur corps se pliait instinctivement pour ne pas être touché.

...

Au terme de cette dernière session, Myr rassembla ses élèves autour d'un grand feu. Il leur apprit l'existence d'une ultime technique, une septième,  secrète et complexe à maîtriser. Cependant, il expliqua qu'il n'en attendait pas tant d'eux. Un jour, peut-être, s'ils en avaient le temps et l'envie, ils pourraient chercher à développer cet ultime pouvoir. Pour l'heure, il restait une révélation à leur faire.

- Vous allez tester notre Douriki à nouveau, chef ? demanda Jorge avec excitation. Je suis sûr que le mien a augmenté !

Myr lui répondit par un sourire et ferma lentement les yeux.

- Je le ferai en effet, Jorge, mais pas tout de suite. Avant cela, il y a une dernière épreuve qui vous attend. Nous ne quitterons cette île que lorsque vous l'aurez surmontée.

Tous le regardèrent, interloqués.

- Vous souvenez-vous des bêtes que vous avez croisées à votre arrivée sur l'île, il y a six mois ?

Difficile d'oublier ces monstres, si puissants et terrifiants qu'ils auraient donné des cauchemars à n'importe qui, pensa Arthur en regardant Zell avec complicité. Le jeune charpentier ruminait encore : ce satané singe ne lui avait toujours pas rendu sa scie...

- Votre dernière mission est de les confronter, déclara Myr avec calme. Seulement lorsque cela sera fait, nous quitterons cette île et voguerons vers Marineford. 

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IWhere stories live. Discover now