CHAPITRE XLI - LE PÉRIPLE DE HARU

49 3 0
                                    

Haru s'était fixé comme objectif la grande salle qui se trouvait juste à droite de celle où elle avait retrouvée Jun, car elle pouvait déjà y percevoir, grâce à son fluide, une présence humaine.

Après cinq bonnes minutes de course effrénée, dans un dédale de tunnels et de passages, elle y parvint finalement, et fut surprise de découvrir une grotte bien différentes des précédentes : elle était aussi spacieuse, mais moins vide, car de hautes statues de pierre y étaient érigées dans une disposition absolument géométrique. Ces monuments, étranges et couverts de mousse, étaient à l'effigie d'êtres humanoïdes, aux airs et attributs primitifs. Elle prit un instant pour les observer, pleine d'admiration, mais ne se laissa pas distraire plus longtemps, et resta sur ses gardes lorsqu'elle se souvint de la présence qu'elle avait sentie. Le torrent glacé passait également par cette pièce, confirmant l'hypothèse d'un circuit aqueux reliant les différentes salles. Rejeté sur le rivage, un homme gigantesque était évanoui, grognant et ronflant comme une bête, et Haru le reconnut immédiatement : c'était le pirate qu'elle avait aperçu à Yega, dont Myr leur avait ensuite montré l'avis de recherche, Aquarius du Verseau. Peck poussa soudain une série de piaillements paniqués, et Haru lui couvrit le bec pour ne pas éveiller l'ennemi.

Elle hésita un instant à éliminer silencieusement le pirate, mais se ravisa en estimant qu'elle n'avait pas davantage de temps à perdre. Jorge pouvait être en danger, entravé comme il était, et Daisy était apparemment avec lui. Elle jeta un dernier coup d'œil au pirate ronflant, et s'éclipsa discrètement.

Haru observa à nouveau la carte de Virgo, et repéra une nouvelle salle, plutôt proche, juste au sud de sa position. Elle se mit donc en route, traversant les différents couloirs en se repérant à partir du plan abîmé, et s'arrêta lorsqu'elle aperçut, au bout du tunnel, son objectif. De la grotte, deux voix émanaient, discutant calmement, mais Haru pouvait percevoir l'aura de deux autres êtres. L'un était un homme, et l'autre vraisemblablement un animal à l'anatomie fine. Jorge et Daisy, elle était prête à le parier. Mais en écoutant les voix, elle sut qu'ils étaient prisonniers de deux ennemis : la première voix, douce et claire comme le chant de l'oiseau, était celle de Sagittarius, qu'elle avait déjà croisée. L'autre était celle d'un homme plutôt âgé, mais elle ne la reconnut pas. Il lui fallait donc s'infiltrer dans la grotte sans être repérée, délivrer Jorge, et neutraliser ces deux adversaires. Une mission périlleuse, quasiment impossible.

Elle prit un instant pour observer la situation, dissimulée dans l'ombre du tunnel : Sagittarius discutait avec l'homme (Cancer, mais Haru l'ignorait), et ils se tenaient au centre de la salle. La jeune pirate semblait sur le qui-vive, et tournait la tête de gauche à droite, cherchant à percevoir la moindre menace. Cancer, quant à lui, aiguisait la lame d'acier de sa lance.

Soudain, Jorge s'agita et attira leur attention : Daisy s'était échappée de sa veste et fonçait vers le tunnel où se trouvait Haru. De toute évidence, elle avait perçu l'odeur de sa maîtresse et voulait la rejoindre. La panique gagna immédiatement la jeune femme : si les pirates apercevaient le reptile, ils pourraient découvrir la cachette de sa maîtresse en le suivant. Jorge avait lui aussi envisagé cette éventualité et commençait à suer à grosses gouttes, s'agitant comme s'il retenait une envie pressante. Bien sûr, les deux pirates perçurent cette panique, et se tournèrent immédiatement vers lui.

- Tiens donc, ricana Cancer. On dirait que le gros ours a peur d'un petit serpent...

- Beurk ! s'écria Sagittarius, en ramassant une pierre. J'ai horreur de ces bestioles !

D'un mouvement souple du poignet, la jeune femme jeta le projectile sur Daisy, qui fut touchée en pleine tête. Elle gagna encore en vitesse et fila dans le tunnel, et les pirates la perdirent de vue dans l'obscurité. Reprenant leur conversation, ils oublièrent bien vite cet épisode.

Daisy s'était jetée dans les bras de sa maîtresse, qui pleurait presque de joie de la revoir. Elle n'avait jamais quitté sa partenaire depuis qu'elle l'avait rencontrée, pas une seule fois, et lui promit de ne plus jamais le faire. Maudissant à nouveau Virgo de les avoir séparées, elle caressa avec tendresse le crâne lisse et écailleux de Daisy. Une idée lui vint alors à l'esprit : Cancer et Sagittarius ne semblaient pas vraiment préoccupés par la présence d'un serpent dans la grotte, ce qui donnait à Daisy une liberté de passage certaine. Haru s'accroupit à ses côtés et lui tendit la petite clef d'argent : elle désigna Jorge de la tête, puis montra la clef. Daisy acquiesça : elle n'était qu'un animal, mais d'une grande intelligence. Le serpent ouvrit grand la gueule, et enroula sa langue fourchue autour de clef. Puis, l'objet dans la bouche, Daisy repartit dans la grotte, serpentant nonchalamment à un rythme naturel. Sagittarius lui lança un regard mauvais, lui tira la langue, mais ne fit rien de plus, absorbée par la conversation.

Tandis que Daisy avançait lentement vers Jorge, Haru en profita pour observer la caverne : tout comme la précédente, celle aux statues, cette nouvelle grotte était remplie de trésors. Des pièces d'or, des médaillons et d'autres bijoux étaient éparpillés sur le sol rocheux. Au plafond, un gigantesque chandelier d'or, dont les chandelles étaient éteintes, projetaient des reflets brillants sur toutes les parois. Les deux pirates ne semblaient pas se préoccuper de ces richesses : leur seul objectif était la fontaine de jouvence, et l'or ne les intéressait pas.

L'ouïe fine de Haru lui permit d'entendre un petit cliquetis : Daisy, la clef à la bouche, tentait de libérer Jorge de ses menottes de granit marin. Mais Sagittarius était une redoutable traqueuse, et perçut également le son. Levant la tête, balayant la pièce du regard à la recherche d'une menace, elle arma un trait à son arbalète. Cependant, Haru avait prévu cette éventualité : d'un coup sec, elle frappa sa botte contre la paroi rocheuse du tunnel, et le bruit sourd attira l'attention des deux pirates.

- Moi aussi, je l'ai entendu, confirma Cancer lorsque Sagittarius l'interrogea du regard. Il y a quelqu'un avec nous.

La jeune pirate ferma les yeux et tendit l'oreille pour percevoir l'écho, puis pointa du doigt le tunnel sombre.

- C'est de là que ça venait. J'en suis sûre.

Cancer se plaça entre sa camarade et le tunnel, tendit sa lance en avant, et marcha, très lentement, vers l'ennemi invisible. Ses épaisses chausses de cuir écrasait les pièces d'or dispersées sur le sol, les faisant craquer. Il était serein, sûr de ses capacités, de la force de ses pouvoirs et de sa maîtrise des armes d'hast. Mais Cancer commençait à se faire vieux, et ses réactions étaient plus lentes. Si lentes qu'il ne perçut pas tout de suite l'avertissement de Sagittarius, un cri qu'elle avait poussé pour le prévenir. Le vieux pirate se retourna aussi vite qu'il put, juste à temps pour voir le gigantesque soldat ursin, déchaîné, avant qu'il ne lui fracasse le visage. 

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant