• Chapitre 46 •

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Naomi

C'est la première fois que je vois quelque chose d'aussi beau, de grandes tables nappées trônent royalement le long des escaliers, près de l'Union Square. Comment se fait-il que je ne sois pas au courant d'une telle chose dans ma propre ville ?
— C'est magnifique...
Je suis totalement époustouflée.
— Ce marché a lieu à peu près trois fois par an, la plupart des gens l'oublient.
Il contemple le paysage avec un œil absent. Le voir sous cet angle est presque irréel. La beauté de cet homme me scotchera toujours autant. Il est tellement beau et désirable...
— Vous y allez à chaque fois ?
Contrairement à ce que j'aurais pensé, il aime sortir de son empire pour se fondre dans la végétation.
— Lorsque je le peux, oui. C'est la première fois que je viens accompagné.
— Vous voulez dire que...
J'hésite à terminer cette phrase.
— Tu es la première, oui.
Il pivote de mon côté. Son regard est envoûtant, dévorant et terriblement sexy. Merde pas ça...
Je fuis son regard et bâtis une barrière en croisant les bras mais ça ne l'atteint en rien. Il  se place face à moi et appuie sur mon menton pour me faire relever la tête, je ne lutte pas.
Ses iris, d'un gris pourtant si clair, si froid se réchauffent en une profonde envie. J'ai la curieuse impression que mes jambes sont en plastique et qu'elles fondent sous la chaleur de son regard.
— Ne me regardez pas comme ça...sifflé-je, le souffle court.
Ses lèvres se tordent en un sourire joueur. Il ricane d'une voix suave et dépose un rapide baiser sur mes lèvres.
Mes yeux se remplissent de larmes, c'est trop d'émotions pour mon faible petit être. Son sourire s'agrandit. Il sait très bien l'effet qu'il me fait et il en joue, ça ne me plaît pas du tout.
— Ne jouez plus avec moi comme vous le faites et, arrêtez de m'embrasser.
Je suis moi-même étonné du ton que j'emploie, il est sec et cassant.
— Pourquoi ça ? Gronde-t-il d'une voix rauque et irrité.
Merde...Je viens de me mettre dans de beaux draps, la soirée commençait pourtant si bien mais je ne veux pas le laisser faire tout ce dont il a envie.
— Eh bien, parce que nous sommes en public et que ça me gêne.
Ses traits s'adoucissent, se détendent et il sourit.
— Ça...te gêne ?
Son regard s'anime d'une flamme de désir intense et profonde, il tend les bras et m'attrape contre lui, ses mains nichées au creux de mes reins, son visage à quelques centimètres du mien.
Ses lèvres s'approchent dangereusement des miennes. Oh bon sang...Ne t'approche pas plus, ne t'approche pas plus...
— C'est promis, murmure-t-il tout contre mes lèvres.
Il se détache de moi me laissant pantelante, essoufflée et rouge comme une cerise.
— Maintenant que tout ça est réglé, on y va ?
Il enchaîne et passe à autre chose, comme si de rien n'était. Sale con...geint ma conscience, chaude comme la braise.
— Oui.
Je le suis timidement entre les plusieurs stands qui dégagent tous plusieurs odeurs appétissantes. Par moment, nous croisons des couples qui se tiennent la main et rigolent aux grands éclats. Si seulement ce n'était pas aussi intimidant de sortir avec Adan peut-être que l'on pourrait ressembler à l'un de ces couples mais, au vu de son comportement bipolaire je suppose que ça va être compliqué.
Marchant l'un à côté de l'autre à une distance raisonnable, nous atteignons un large espace, comblé par un grand support arrondi. Plusieurs choses y sont disposées, des sucreries de différentes couleurs et des fleurs aux odeurs plus qu'attrayantes. Mon regard se pose sur un joli panier en osier vernis.
De petites sucettes à têtes de chat orangées baignent dans du papier crépon couleur raisin.
J'attrape la fine tige en plastique et dévore des yeux la sucette.
— Tu en veux une ? Me demande-t-il, un brin moqueur.
— Je la trouve jolie.
Il s'approche et détaille la petite sucrerie.
— Elle ressemble à ton chat.
Je suppose qu'il sait à quoi ressemble Gribouille après l'épisode honteux de la dernière fois. J'égare un rire nerveux.
Ses longs doigts élégants viennent lentement coincer une mèche rebelle de mes cheveux, derrière mon oreille. J'abandonne mon regard à ses deux yeux brûlants d'une passion presque évidente. Si j'écoutais mon inconscience, je lui aurais déjà sauté dessus à la seconde
— Euh...excusez-moi ? Nous interrompt le vieux monsieur tout gêné, vous voulez acheter quelque chose ?
— Nous allons prendre ces deux sucettes et, ajoutez une rose rouge s'il vous plaît.
Une rose rouge ?
— Ça fera 4,62 dollars.
Adan lui tend un billet de cinq dollars avant que je n'aie le temps de sortir mon portefeuille. Trop lente Nomi...Me juge ma conscience.
Il me tend l'une des sucettes avec un sourire craquant et fourre la sienne dans sa bouche.
Je l'imite sans attendre.
Une tendre saveur citronnée coule le long de ma langue, Mhm...
Dégustant nos sucettes dans un silence agréable, je remarque un groupe d'hommes qui arrivent droit vers nous. Adan glisse d'un geste possessif son bras autour de mes épaules et me presse contre lui. La chaleur de son torse est tellement agréable que je ne bouge pas d'un poil.
Une question se répète plusieurs fois dans mon crâne. Sommes-nous un couple ? Sommes nous ensemble ?
— M...Adan ?
Je devrais probablement arrêter de le vouvoyer, c'est peut-être dérangeant pour lui.
— Mhm ?
Est-ce que nous sommes en couple désormais ?
— Pourquoi avoir acheté une rose ?
Chochotte ! Peste ma profonde conscience. Je ne suis pas capable de poser cette question, rien ne me dit qu'il a envie d'être avec moi, rien ne me dit qu'il est amoureux de moi.
— Tu n'aimes pas les roses ?
Il s'inquiète ?
— N...non, j'aime beaucoup les roses. Je pensais qu'elle était pour quelqu'un d'autre.
— Pourquoi serait-elle pour quelqu'un d'autre ?
Je hausse les épaules, embarrassée. Je suis partagée entre deux sentiments, la surprise d'avoir vu cette adorable facette d'Adan et la peur de n'être qu'une simple envie ou conquête  pour lui. Il a l'air si paisible, le coin de ses lèvres est soulevé en un sourire persistant...
À quoi tu penses Adan ? Dis-le moi...

— Je vais appeler un taxi.
Dis-je en sortant mon téléphone mais, il pose soudainement sa main sur la mienne.
— Non, je te ramène.
Lorsque nous arrivons en bas de chez moi, il insiste pour m'accompagner jusqu'à la porte. Je n'ai pas envie qu'il parte, je n'ai pas envie qu'il parte, je n'ai pas envie qu'il parte...
— Merci, je brise le silence d'une voix hésitante, pour cette merveilleuse soirée.
Il ne répond pas. Je me mets sur la pointe des pieds et dépose un baiser sur sa joue mais, avant que mes talons ne se reposent sur le sol bétonné, il attrape ma nuque et m'embrasse avec plus de conviction.
Je ne résiste pas, loin de là. Je crois que j'ai attendu cela durant toute la soirée, la saveur citronnée se mêle à nos souffles.
Il est tellement bon...
— Je suis désolé, siffle-t-il à bout de souffle, je n'ai pas tenu ma promesse.
Je glousse et reste accrochée à sa nuque. Adan fronce les sourcils quelques secondes puis se jette de nouveau sur mes lèvres avec plus d'avidité, plus d'envie...
Il semble contrarié, que ce passe-t-il dans sa jolie petite tête ?
Je gémis doucement contre lui et me colle contre son bassin. Mais, à mon plus grand étonnement, cela ne semble pas lui plaire. Il se tend et se détache de mes lèvres déjà en manque de lui.
— Naomi attends...grogne-t-il. Si on continue ce que l'on est en train de faire, je ne pense pas pouvoir rester sage plus longtemps.
Nomi...s'émoustille ma conscience, dans une nuisette rouge sang à dentelles noires.
— Je ne veux pas que tu sois sage plus longtemps Adan.
Un orage sombre vient promptement voiler ses iris, le gris argent s'érige en un gris anthracite.

•••

Oula la désolée mais je me sens obligée de commenter cette scène ! Je pense que cette phrase là « Je n'arriverai pas à rester sage plus longtemps » est l'une des phrases que je RÊVE d'entendre dans ma vie !!

Haut Niveau - Tome 1 -Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt