• Chapitre 69 •

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Naomi

— Prends ce sac là et arrête de te plaindre !
Je le réprimande avec amusement.
— Pourquoi ne pas commander à domicile, on aurait pu rester au lit. râle-t-il, examinant la boîte de curcuma en poudre qui vient de trouver sa place près des oignons.
— La livraison à domicile est mauvaise pour la santé et puis, c'est malpoli de ne pas faire à manger pour ses invités.
— Mhm...grommelle-t-il.
Quel sale caractère d'enfant !
Je me demande depuis quand n'est-il pas allé dans une épicerie. Je déambule dans les rayons à la recherche de mes ingrédients, lorsque je remarque le regard provocateur d'une jeune femme qui dévore des yeux Adan. Bats les pattes, il est à moi. Bougonne ma conscience, frappant sa lèvre inférieure de son ongle manucuré de noir.
J'ai comme l'impression de faire tâche, aux côtés d'Adan. Il attrape ma main et entrelace ses doigts aux miens, scrutant les fruits rouges.
— Donne-moi le sac, je vais le porter.
— Non, c'est bon. Je peux le faire toute seule.
J'agrippe les deux lanières avec force.
— Anderson, tu penches vers la droite. Donne le moi. M'ordonne-t-il.
— J'ai dit que c'était bon, je suis quand même capable de porter un sac moi-même.
— Si tu le dis. ricane-t-il.
Une fois à la caisse, je constate le grand intérêt que porte la caissière pour Adan. Non mais c'est pas vrai ! C'est quoi leur problème ? Ses yeux doux m'agacent.
Alors qu'Adan s'apprête à régler, je lâche sans réfléchir.
— Je vais le faire, mon amour.
Adan me défigure, stupéfait. Moi aussi, je peux me montrer possessive même si ce n'est qu'un mot doux.

— Mon amour ?
Je regrette mes mots maintenant. La prochaine fois, tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler. Je soupire de mécontentement tandis qu'il me chipe le sac des mains.
— Adan, je t'ai dit que...
Il me coupe, s'emparant de ma bouche avec fougue. 
— Laisse-moi les porter...susurre-t-il contre mes lèvres.
Ce n'est pas juste de me faire un coup pareil.
— Naomi ? dit une voix inconnue.
Je me retourne et découvre le visage souriant de...Charles. Bon sang...
— Charles ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Je lance un regard paniqué à Adan. 
— Je viens faire mes courses, je suppose que toi aussi ?
— Oui.
Le malaise prend part en moi, comment suis-je censée réagir ? 
— Tu dois être Adan ?
Charles demande, tendant la main vers Adan dont la mâchoire reste crispée. Oh non je le sens mal.
— Oui et, tu dois être Charles ?
— Effectivement. affirme-t-il avec un sourire, offrant une poignée de main à Adan.
Je reste interdite.
— Je suis navré Charles mais, on a des choses à faire. Ravi de t'avoir rencontré.
Malgré le ton calme qu'il emploie, ses yeux envoient des éclairs digne d'une catastrophe naturelle.
— Pas de soucis, à bientôt peut-être.
— Peut-être, conclut Adan, glissant une main contre le bas de mes reins.
Une fois sortie du magasin, je repousse sa main et demande, irritée :
— C'était quoi ça ?
— De quoi ça ? fait-il innocemment.
— Je parle du regard qui avait l'air de dire « Ne l'approche plus ou je te brise les jambes ! » ?
— C'est ce qu'il voulait dire, belle observation. raille-t-il, le ton plein d'ironie.
— Ce n'est pas drôle, Adan.
— Il a déjà tenté quelque chose avec toi. Je ne veux pas qu'il recommence, c'est tout.
— Mais enfin, il ne recommencera rien du tout ! Il a dû s'en rendre compte par lui-même avec tes réactions. dis-je, agacée.
Adan embrasse soudainement ma joue et me glisse à l'oreille.
— Ne sois pas fâchée contre moi.
— Je ne suis pas fâchée contre toi, juste agacée par ton comportement de mâle alpha auprès d'un homme qui ose poser les yeux sur moi.
— Mon comportement de mâle Alpha ? sourit-il.
Je pince les lèvres, retenant un rire et frappe son épaule.
— Arrête de faire ça, je suis sérieuse. finis-je par rigoler, suivie d'Adan. Je n'arrive pas à être en colère contre lui, c'est pénible !

— Adan, arrête ! Je crie, je vais me tromper par ta faute.
Je repousse sa main qui ne cesse de tirer sur les ficelles de mon tablier et tente de me concentrer.
— Ta viande ne cuit pas.
Il grogne et se laisse lourdement tomber sur le tabouret.
— Tu es juste trop impatient.
— Je suis patient pour les choses qui méritent de l'être.
— Quelle mauvaise foie, monsieur Brown. me moqué-je, éminçant le poulet avant de me rendre compte de ma gaffe. 
— Est-ce une invitation ? s'enquiert-il, la voix sensuelle et remplie de désir.
— Je n'ai pas fait exprès.
Je m'empresse d'ajouter cela, saisissant son regard chaud comme la braise.
— Trop tard.
Je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit, qu'il tire sur mon bras et me pousse à m'asseoir sur ses genoux. Sa langue s'aventure dans ma bouche et je m'accroche à lui comme une pieuvre le ferait avec ses tentacules.
Lorsque je commence à manquer de souffle, je glisse ma main contre sa joue et le fais reculer. Il se laisse faire et murmure contre mes lèvres entrouvertes.
— Tu sens le poivron.
J'éclate de rire face à son manque de tact imminent.
— Tu n'avais qu'à pas te coller autant. répliqué-je amusée avant d'essayer de me relever.
— Reste-là. grommelle-t-il, enroulant ses bras autour de ma taille. J'aime t'avoir près de moi, j'aime ton odeur et je t'aime toi, toute entière. 
Un dôme se créer autour de nous et il nous enveloppe dans un cocon de chaleur et d'amour. Je caresse sa joue et ouvre la bouche pour dire quelque chose mais une voix surgit du salon.
— Depuis quand mon frère est aussi sentimentale ? rit-elle.
Le concerné lâche une flopée de jurons en basculant la tête vers l'arrière. Je me remets gauchement debout et jette un œil aux oignons.
— Pourquoi êtes-vous venus plus tôt ? J'avais dit vingt heures minimum, il est dix-neuf heures trente...fait-il bougon, regardant sa montre.
— Désolée, je ne tenais pas sur place. C'est la première fois que tu nous invites ici !
Elle est très...pétillante. Flora saute dans les bras de son frère qui ne peut s'empêcher de sourire puis fonce de mon côté.
— Est-ce que tu vas bien ?
Elle s'inquiète pour moi.
— Je vais très bien.
Quelques minutes plus tard, c'est au tour de Connor et de Gale Brown de faire leur entrée. Je suppose qu'Adan a dû les informer puisque Gale ne semble pas du tout surpris de ma présence.
— Je suis heureux de vous rencontrer en dehors du cadre professionnel, Naomi. Dit-il chaleureusement, entourant ma main des siennes.
— Moi aussi, monsieur Brown.
— Je t'en prie, c'est Gale.
— Merci...Gale.
Il sourit poliment, serrant une dernière fois ma main et Connor me lance un clin d'œil accompagné d'un grand sourire enjôleur.
Mon regard croise celui d'Adan, dans un élan de courage, je mime du bout des lèvres un je t'aime. Adan me regarde avec sérieux avant de m'imiter...
J'ai l'impression de me sentir flotter au dessus du monde juste après avoir reçu un je t'aime de la part de cet homme, de mon Adan. 
Mais, comme à chaque fois dans ma vie.
Une chose vient démolir le peu de bonheur que j'ai. 
Est-ce aussi insupportable de me voir sourire, de me voir heureuse ? 
On raconte que les démons deviennent dangereux lorsqu'ils reviennent du passé. Même lorsqu'ils se font oublier par la personne, ils resurgissent et vous arrachent pour vous enfermer dans un endroit obscur, presque mort.
Je les connais par coeur ces démons, je ne les ai jamais oubliés, je vis avec eux, toujours.
Qu'importe l'endroit ou le moment ils sont toujours là, à espérer que je replonge dans ce lieu, ce lieu sombre, presque mort qu'est mon enfance, cette maison, ce sous-sol.
J'aimerais demander pourquoi ?
Pourquoi moi ?
Pourquoi maintenant ?
Qu'est ce que j'ai fait de mal pour...revivre ça ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?

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❤️

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant