• Chapitre 86 •

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Naomi

Adan m'ouvre galamment la porte semi-vitrée. Je pénètre à l'intérieur, retenant la petite pochette qui me sert de sac.
Aussitôt entrée, un homme en costume gris trois pièces se présente pour prendre nos vestes.
Gauchement, je ôte mon boléro en refusant l'aide d'Adan qui lui, est adroit dans toutes ses manipulations.
Ce qu'il est agaçant. Rouspète ma conscience.
Je hais ce genre d'endroit, tout est trop parfait, sans aucun défaut. J'aurais dû le savoir à la minute où Adan m'a indiqué dans quel restaurant nous allions dîner...C'est le plus prisé de Manhattan !
L'aimable groom nous laisse nous faire accueillir par une très jolie serveuse, habillée d'une chemise de soie pourpre et d'un pantalon droit, ébène.
Elle nous escorte près d'une table pour deux personnes, soignée par un linge blanc cassé. 
Adan tire à lui, l'une des chaises et me la désigne. Gentleman, ça surprend.
Une fois assis l'un en face de l'autre, je ne sais pas trop quoi dire face à son regard inquisiteur. Essayerait-il de me déstabiliser ? 
— Ton discours était vraiment bien.
Je dis, faisant mine de rien.
— Je sais, tu me l'as déjà dit. Se moque-t-il en caressant du bout des doigts son menton.
— Oui, eh bien. Je te le dis une nouvelle fois, pour être sûre.
Mon agacement doit être percevable. 
Je prends le menu et me cache à moitié derrière afin d'éviter à tous prix son regard. Comment vais-je survivre à cet homme tout un repas...
Wow ! Les prix sont exorbitants, l'un d'eux vaut presque le tier de mon salaire. Ce n'est pas vrai, bon sang.
— As-tu choisi quelque chose ?
Il abaisse mon carton à l'aide de son doigt, m'offrant en pleine face, son air suffisant. 
Je suis incapable de me décider mais, je me vois mal grignoter du pain toute la soirée...
— Je peux peut-être t'aider ? Ajoute-t-il, le regard frimeur.
— Non, ça va. Merci, je sais me débrouiller toute seule.
Pas à cet instant Nomi. Intervient ma conscience, d'une voix nasillarde.
— Le Risotto aux truffes noires et au parmesan te plairait, j'en suis certain.
— Je croyais que tu ne t'y connaissais pas en cuisine ?
Je m'amuse et referme le menu.
— Je ne pratique pas, ce n'est pas la même chose.
Ce qu'il peut avoir réponse à tout c'est infernal. La jolie serveuse s'arrête près de nous et nous demande si nous avons fait notre choix.
— Je vais vous prendre, le filet de bœuf saignant au foie-gras et noix de Saint Jacques. Demande Adan sans hésitation.
— Très bien monsieur Brown, et mademoiselle ?
Pourquoi est-ce qu'elle regarde Adan ? C'est à moi de parler.
Je me racle la gorge afin qu'elle se tourne vers moi. Adan hausse les sourcils, amusé de mon comportement.
— Je vais prendre le...Risotto aux truffes noires et au parmesan, s'il vous plaît.
— Très bien mademoiselle, avez-vous choisi les boissons ?
— Oui, répond-t-il, apportez-nous un Vérité Le désir.
Impressionnant.
— Très bon choix monsieur.
Elle sourit. Adan acquiesce et pose le carton au bord de la table. Je l'imite et glisse mes mains sur mes genoux que je serre, nerveusement.
— Tu as finalement décidé de suivre mon choix.
— J'avais déjà eu l'œil sur ce plat, déclaré-je en remarquant une nouvelle fois son léger sourire en coin. Pourrais-tu arrêter d'afficher ce sourire arrogant, s'il te plaît.
— Il te dérange ? Rit-il.
— Pour être honnête, oui.
Je réplique dans un souffle.
— Alors enlève-le moi ?
Il me regarde d'un sérieux troublant, sa cheville vient doucement frôler la mienne, provocant un déluge de frissons.
Je sursaute à moitié sur ma chaise et éloigne mes jambes des siennes. Il ne faut pas qu'il me touche sinon, mon corps s'embrase comme un feu de forêt.

La serveuse nous interrompt, avec deux grandes assiettes fumantes. L'odeur qui s'en dégage est tout bonnement alléchante, elle me permet d'oublier un peu la chaleur que me procure le terrible regard d'Adan.
Le vin ne tarde pas à arriver, munit de deux verres "tulipes".
Adan laisser aller le liquide rouge dans mon verre et fait de même pour le sien.
— Santé. Lance-t-il mutinement en levant son verre.
Malgré mon agacement pour ses sourires énervants, je souris et prends le verre avant de le porter à mes lèvres. Waouh...Je n'ai jamais goûté un vin aussi bon de toute mon existence, à la fois fruité et salé...
Il doit coûter un bras.
Évidemment, Adan remarque ma surprise et se met à rire, joyeusement.
Au fur et à mesure de la soirée, mes muscles se détendent. Ce repas est succulent...

Lorsque nous sortons du restaurant, je sens que le vin commence à faire effet. Cela fait un moment que je n'avais pas bu d'alcool alors, le fait de retrouver les sensations si soudainement, me déroute un peu. Je suis loin d'être pompette, juste plus détendue que je ne l'aurais pensé.
Adan et moi, marchons l'un à côté de l'autre sur un trottoir désert. Cette fois-ci, mes talons ne me broient pas les orteils, au contraire.
— Il fait froid, tu devrais prendre ma veste, Naomi.
— Non, ça va. Je suis bien.
— Tu es sûre ? Insiste-t-il.
J'opine de la tête et le regarde du coin de l'œil. Il est là mais, son esprit semble loin.
— À quoi tu penses, Adan ?
Je demande.
— À nous.
Je pique un fard et rigole nerveusement.
— Je me demande juste comment on sera dans plusieurs années. Rien que ça ?
Le voir sourire si naturellement, me fout un coup de poing dans le ventre. Il est si beau et si attendrissant.
Je prends sa main et entrelace nos doigts ensemble, il est gelé. On ferait mieux de rentrer  se mettre au chaud.
Je n'ai pas envie de terminer la soirée chacun de notre côté, notre début de soirée m'a laissé l'eau à la bouche et le corps en feu qui plus est. 
— Adan, emmène-moi chez-toi.
Déclaré-je, le ton ferme.

•••

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant