• Chapitre 77 •

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Adan

— Du calme, Adan. Vas-y doucement, tes muscles font te lâcher si tu continues comme ça.
Je m'arrête, à bout de souffle. Connor me lance l'un de ses nombreux sourires agaçants avant de me tendre une bouteille d'eau fraîche.
Je la prends et la vide d'une traite. Mon souffle est haché et me brûle la poitrine. Mais cette douleur me fait un bien fou...
J'éponge la sueur qui inonde ma nuque à l'aide de la serviette et me remets à frapper le sac de sable. Mes chevilles me font mal mais je m'en fiche. J'ai besoin d'oublier, de me défouler...
Connor m'a presque ordonné de prendre une thérapie pour ma colère refoulée mais m'entraîner à pratiquer son art martial, me fatigue plus qu'autre chose.
— Je...ne...suis...pas...sûr de ta soit disant thérapie, Con...nor. dis-je en martelant le sac à coups de pied.
— Crois-moi, ça marche pour les personnes impulsives, dans ton genre.
Si tu n'étais pas mon frère Connor, je retirais avec plaisir ce petit sourire suffisant de ta gueule.
— Tu sais ce qu'elle te dit la personne impulsive ?
Je lui présente mon majeur avec un sourire insolent et il rigole avant de se caler contre la table en bois. Après un moment, je lâche le sac et reprends mon souffle.
— Eh, je t'ai pas dit d'arrêter. Me prévient-il, le ton autoritaire.
— Depuis quand tu me donnes des ordres ?
— Depuis que tu es devenu un mec au cœur brisé. Espèce de....
— Ta gueule, Connor.
Je râle, crûment et prends les bords de mon t-shirt en le passant par dessus ma tête.
Il me faut une bonne douche froide pour calmer les battements frénétiques de mon cœur. Connor m'observe avec un grand sourire taquin et jette plusieurs regards autour de nous.
— Tu comptes nous faire un strip-tease, peut-être ? fait-il, balançant la tête vers ma droite.
Je tourne la tête pour comprendre son sous-entendu et repère un groupe de femmes qui m'observent en gloussant comme des dindes. Je les ignore et balance le t-shirt par dessus mon épaule, tout en avançant vers les vestiaires.
— Adan, tu comptes faire quoi avec elle ?
Où veut-il en venir ?
— Elles ne m'intéressent pas mais toi, profites-en si t'en as envie.
— Je ne parlais pas de "Elles" mais de "Elle", Naomi. ajoute-t-il, brusquement sérieux.
— Rien.
Je baisse les yeux sur le sol, faisant mine d'être indifférent.
— Alors tu vas laisser quelqu'un te la prendre ? Quoi ?
Je m'avance vers lui, tendu après ce qu'il vient de dire. Je n'avais pas pensé à ça...S'est-elle trouvée quelqu'un d'autre ? Peut-être ce petit con de Charles ? Sont-ils en train de se voir ?
— Je me trompe ou t'avais pas pensé à ça. Merde, Adan...Tu fais vraiment de la merde. Flora pense à ton bonheur mais, c'est toi qui as fait la connerie. T'en payes le prix et tout ce que tu fais, c'est de rester avec ton frère pour passer le temps au lieu de rejoindre la femme que t'aimes, qui t'attend sûrement les bras ouverts. (Il lève les yeux au ciel.) Naomi est une femme super et si tu ne bouges pas ton cul, moi je vais tenter ma chance.
Qu'est ce qu'il vient de dire ?
Je m'avance vers lui, laissant mes émotions prendre le dessus.
— Ne t'avise pas de tenter quoique ce soit avec elle. Cette fois je le menace, hargneux.
— Alors, bouge ton cul avant que ça n'arrive.
Je lui lance un dernier regard noir et fonce vers les douches.
Naomi...Naomi...Naomi ! Putain je dois la voir. Je n'arrive pas à croire qu'elle puisse m'oublier dans les bras d'un autre...Je refuse que cela n'arrive. Je veux qu'elle pense à moi autant que je pense à elle, je veux inonder son esprit autant qu'elle inonde le mien ! Il est hors de question qu'elle passe à autre chose aussi rapidement et dans les bras d'un salaud. C'est toi qui est parti comme un lâche...
Oui, c'est la vérité mais elle me manque terriblement et j'ai été tellement idiot. Il a fallu une seule parole de Connor pour me rendre compte d'à quel point j'ai merdé...
Je t'aime...je t'aime...je t'aime Naomi, je vais revenir, je vais revenir pour toi, juste pour toi...

Naomi

Depuis combien de temps je n'ai pas mis un pied dehors ? Le temps est vraiment mauvais, ce n'est pas étonnant, nous sommes désormais en automne, les feuilles brunes s'étalent sur le sol, se faisant écraser par les grosses bottes boueuses des passants.
J'enfonce les écouteurs dans mes oreilles et commence à trottiner dans cet immense espace vert qu'est Central Park.
Sentir le vent frais secouer mes cheveux me fait sourire, je croise plusieurs joggeurs, certains avec leurs chiens, d'autres seuls...
Passant près du cours d'eau, j'évite de glisser sur la mousse et ralentis. Je ne compte pas me retrouver trempée au beau milieu des grenouilles.
De légères gouttes de pluie viennent s'écraser sur mes joues, j'accélère ma course sur les cailloux du chemin en faisant attention aux personnes devant moi. Il ne manquerait plus que je me casse une jambe après avoir percuté une maman et ses enfants.
Au bout d'un moment, je m'arrête et pose une main sur l'écorce d'un arbre. Tout en reprenant ma respiration, je ne fais pas attention à la chose poilue qui se faufile entre mes jambes. Lorsque je baisse le menton, je tombe sur un petit chien aux yeux noirs, sa petite langue rose pendouille sur le coin. Qu'il est choux...
Je m'accroupis et passe les doigts dans ses poils mouillés par la pluie.
— Il est où ton maître, ma belle ? Je murmure, la voix aiguë.
La petite boule de poils, émet un faible grognement avant de me lécher les doigts.
— Oh, désolée mon beau alors ?
Le petit cocker s'enroule dans mes jambes et je tends les bras vers son cou afin de prendre entre mes doigts le petit bijou gravé par un prénom.
— Eh bien, Arthur. Qu'est-ce que tu fais là, tout seul ?
Il continue de réclamer des caresses en tournant autour de moi. Je me redresse et inspecte les alentours, à la recherche de quelqu'un à qui il pourrait appartenir.
Personne...
Je marche quelques mètres, accompagnée par Arthur qui me suit gentiment et, arrivée à un croisement où se trouve un banc, je m'approche et m'assois en examinant une nouvelle fois, le collier d'Arthur. Il n'y a que son nom, pas d'adresse ni de numéro...Mince.
— Excusez-moi ?
La voix tendre et douce d'une femme me fait relever la tête. Je reconnais immédiatement le visage bienveillant de la dame.
— Oh...C'est un plaisir de vous revoir madame.
Je souris, heureuse de cette retrouvaille inattendue. Est-ce qu'il s'agit de votre chien ?
— Le plaisir est partagé jeune fille. Répond-t-elle, poliment. Oui, merci d'avoir retrouvé mon Arthur, il s'échappe souvent lorsqu'il commence à pleuvoir, je suis rassurée de savoir qu'il est tombé sur vous.
Elle caresse son chien d'un regard affectueux et sourit.
— Ce n'est rien d'extraordinaire...Euh, comment allez-vous ?
— Mes os se rouillent un peu plus chaque jour mais tout va pour le mieux et vous, alors ?
La relation avec votre patron s'est-elle améliorée ? S'enquiert-elle, s'asseyant près de moi.
— Vous savez madame, il s'en ai passé des choses depuis...
Je ris en repensant à tout ce qu'il s'est effectivement passé.
Elle pose sa main frêle et ridée sur la mienne.
— Je suis toute ouïe, mon enfant.
Cette femme est d'une bienveillance tellement tendre que j'ai l'impression d'être en face d'une maman mais, je ne la connais presque pas, je sais juste son no...Oh mon dieu, je n'ai aucune idée de comment elle s'appelle, je suis vraiment idiote bon sang !
— Excusez-moi madame, je n'arrive plus à me souvenir de votre nom...
Je baisse la tête, gênée.
— Ne t'en fais pas. me rassure-t-elle, un sourire doux aux lèvres. Je n'ai pas eu l'occasion de te le dire la première fois, je m'appelle Marlène...

•••

Est ce que Marlène vous dit quelque chose ? 😉

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant