• Chapitre 44 •

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Naomi

— Espèce de sale...pesté-je, stupide idiot !
La tête posée au creux de la paume, je soupire. Ça fait trois fois que je relis et relis la même phrase, impossible de me concentrer avec les mots d'Adan. Il s'apprête à déjeuner avec une autre femme au décolleté plus tombant qu'une piste de Ski en Suisse et il ose me dire une chose pareil. C'est vraiment énervant. Courage Nomi ! S'époumone ma conscience, secouant ses pompons bleus à paillettes.
Un léger courant d'air vient chatouiller mon oreille, de la même façon que le souffle d'Adan et mes joues retrouvent leur couleur cerise. Il me faut de l'air !
Je claque les mains sur le bureau et m'enfuis de la pièce au bord de l'implosion, dans ma fuite hâtive je me cogne contre l'épaule d'une femme, faisant virevolter l'une des feuilles.
— Excusez-moi.
J'ai la tête retournée, les émotions en vrac et mon corps en mode surchauffe. Je m'abaisse et ramasse la feuille du bout des doigts, ne serait-ce pas...
— Il n'y a pas de problème, mademoiselle Anderson. Dit-elle, me reprenant la feuille des mains.
Je lève les yeux.
Encore cette jeune femme ? Elle doit croire que je fais exprès de lui foncer dedans. Heureusement qu'elle s'était cramponnée aux autres feuilles mais, la manière dont elle a récupéré la feuille me semblait...paniqué ?
— Excusez-moi, je dois vous laisser. Souffle-t-elle en disparaissant dans le long couloir.

Je remarque avec amusement, la tête brune de Jenna avachie sur son bureau. Si Rick la voit comme ça il ne lui laissera aucun répit et la réprimandera.
Je m'approche à grands pas et assène un coup de talon dans les pieds de sa chaise, elle sursaute et pousse un couinement de surprise.
— Naomi ? S'écrie-t-elle, tu m'as fait une peur bleue...
— On ne roupille pas sur son bureau ! La grondé-je avec un visage de mère poule, tu as le temps pour une pause ?
— Ça ne va pas ? S'inquiète-t-elle.
— Si si, j'ai juste besoin de...parler.
Elle s'empare de mon bras et me traîne comme une poupée de chiffon.

— Quoi ?! Crie-t-elle.
— Bon dieu, ne crie pas comme ça.
Je râle.
— Tu entends ce que tu me dis ?
Bien sûr que je l'entends et j'ai même été aux premières loges.
— Je sais, sifflé-je. C'est surprenant mais, je crois qu'il me plaît vraiment beaucoup.
Je ne suis pas encore prête à lui avouer que je l'aime, je ne le sais moi-même.
— Et lui alors ? Tu sais ce qu'il ressent ?
— Non, avoué-je avec une petite moue, je ne sais pas comment interpréter tout ça.
— Invite-le.
Elle hausse les épaules et sirote son café.
— L'inviter ? Où ça ? M'affolé-je
— Pas chez toi, se moque-t-elle, invite-le dans un bar ?
L'inviter dans un bar ? C'est hors de question, il n'est pas du genre à aller dans un bar. Et puis, dois-je réellement penser qu'il veut une « relation » avec moi ? On s'est juste embrassés après tout.
— Merci de m'avoir écouté.
— Si tu as besoin de parler, je serais toujours là.
Elle me prend la main avec un tendre sourire, je suis heureuse de l'avoir rencontré. C'est une amie en or...
Je retourne à mon étage, légère comme une plume. Mais, alors que je m'apprêtais à rejoindre mon bureau. J'aperçois du coin de l'œil, le bureau d'Adan, grand ouvert. N'est-il en rendez-vous professionnel ? Pourquoi son bureau est ouvert ? Est-ce que quelqu'un serait entré sans sa permission ? Oh bordel, et si ?

Adan

C'est l'heure, l'heure de me confronter à Jacob. La journée est passée si vite que je n'ai même pas eu le temps de m'entretenir avec Naomi. Les rendez-vous en dehors de la ville étaient particulièrement nombreux aujourd'hui...
Je m'arrête devant le café indiqué par Flora et pousse la porte, lançant un regard à travers la pièce, je remarque immédiatement le visage de  Jacob. Je hais ce petit sourire qu'il polit chaque jour en pensant qu'il fait de l'effet.
Je m'approche, slalomant entre les tables et m'arrête à un mètre. Ma sœur se retourne, grand sourire aux lèvres.
— Adan ! Ça me fait plaisir de te voir.
— On s'est vu il y a quelques jours Flora.
— C'est vrai mais, ça me fait toujours plaisir de te voir. D'ailleurs je t'avais dit de ne pas mettre de costume ! Rouspète-t-elle.
— Je n'ai pas eu le temps de me changer, désolé.
Elle balaye mes mots de la main et tends son bras vers Jacob qui adopte un sourire en coin. Je vais lui faire avaler ce sourire...
— Ravi de te revoir Adan, malheureusement, la dernière fois a été assez mouvementée. Ricane-t-il, me tendant la main.
Je la prends et lui offre une poigne de fer, si Flora n'était pas là. Je me serais fait un plaisir de lui péter les phalanges.
— Je nous ai pris des cafés, ça vous va ?
Nous demande-t-elle ne remarquant pas la tension qui entoure Jacob et moi.
— C'est parfait, mon amour. Roucoule-t-il.
Mon amour ?
C'est décidé, tu crèves ce soir.
Flora commence à parler de ses amies, du travail, de voyage et de nourriture. Si la présence de Jacob n'était pas aussi désagréable, je serais presque enthousiaste.
Pendant un court instant, Flora se tait et sort son téléphone.
— Je suis désolée, je dois répondre à mon amie. Ça prendra une seconde, enchaine-t-elle, le nez plongé sur l'écran, continuez de discuter.
— Prend ton temps ma chérie. Alors Adan, commence-t-il, que devient la Brown'sEntreprise ?
Qu'il est ennuyeux, comme si cela le concernait.
— Ça avance pour le moment.
— Il n'y a pas de soucis ? De la concurrence, jalousie ou même de la violence ?
Il insiste volontairement sur chaque syllabe, putain...il me cherche.
— Pas de soucis de ce genre non, souris-je hypocritement. Par contre il peut y avoir beaucoup de gens qui draguent, trompent et mentent alors ça peut paraître assez préoccupant.
Je crois que mon message est bien passé puisqu'il ne sourit plus.
— Ton assistante, c'est bien Naomi Anderson ?
Pourquoi parler d'elle maintenant et en quoi ça le concerne ?
— Oui.
Mon ton est sec, je veux mettre fin à cette conversation le plus vite possible.
Flora nous interrompt brusquement et secoue son téléphone.
— Je reviens dans deux minutes, Marine a un souci avec sa robe, il faut que je décroche.
Elle s'éloigne et se poste en dehors du café, le téléphone à l'oreille. Me voilà seul avec ce sale type.
— Elle est mignonne, je devrais passer un de ces quatre...Se la joue-t-il avec un sourire malsain.
Redis ça encore une fois et je te brise les jambes...
Je dois rester calme, il essaye de me pousser à bout mais, je dois faire ça pour Flora.
— Viens quand tu veux Jacob.
Je décèle sa mâchoire se crisper avec force. Il ne s'attendait sûrement pas à cela.
Flora se rassoit avec un doux sourire.
— Alors, vous parlez de quoi tout les deux ?
— Rien d'intéressant, je vais y aller. Ajouté-je avec indifférence. J'ai encore pas mal de choses à faire au travail.
— Sérieusement ? Mais tu n'as même pas bu ton café. Fait-elle avec une petite moue triste.
— On se voit plus tard.
Je dépose un baiser sur son front et fait un signe de tête à Jacob qui reste abasourdi.
Que faire ? Que faire pour se débarrasser de lui ?

— Bonjour monsieur, vos rendez-vous se sont bien passés ?
— Oui.
Elle hoche la tête et s'éloigne dans un couloir. Qui était-ce ? Une nouvelle ?
Marchant en direction de mon bureau, je remarque avec mécontentement que la porte est entrouverte. Il me semblait l'avoir fermée avant de partir.
Je pousse la porte et tombe nez à nez avec Naomi.
— Anderson ? M'étonné-je, les sourcils froncés.
— Je suis désolée de m'être permise d'entrer mais, je crois que nous avons un souci...
Elle bafouille, cela ne lui ressemble pas. Je ferme la porte dans mon dos.
— Quel genre de souci ?
Est-ce qu'elle regrette ce qu'il s'est passé entre nous ? Merde...je n'ai pas envie que ce soit ça.
— Ça fait quelques jours que je croise une jeune femme avec des documents dans les mains. Au début ça ne m'a pas parue vraiment étrange mais, aujourd'hui je l'ai bousculée et j'ai brièvement lu la feuille qui était en sa possession.
Elle prend une inspiration.
— C'était une confirmation d'archivage. Avoue-t-elle, agitée. J'ai un mauvais pressentiment...Et si John Poders était derrière tout ça ?
— Anderson...soufflé-je, c'est impossible que John soit derrière tout ça, chaque personne travaillant ici sont soumis à plusieurs tests, ils doivent tous répondre à des critères très précis.
Ce n'est pas surprenant qu'une secrétaire ait en sa possession ce genre de document, c'est leur travail.
Ses grands yeux noisette me scrutent, en quête d'être pleinement rassurés.

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant