• Chapitre 42 •

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Adan

Je referme avec soin les boutons de ma chemise et passe un pull bleu marine par dessus. Ne pas porter de costume me met mal à l'aise, j'en ai trop l'habitude il faut croire. Je suis sûr que Connor va me faire une remarque tout en portant ce stupide sourire arrogant !
— Êtes-vous prêt à partir ? me demande Chesters en enfilant sa veste noire bien taillée.
— Oui, tout est bon.
Il m'escorte galamment jusqu'à l'Audi et m'ouvre la portière. Une fois les fesses posées sur le siège en cuir, je sors mon smartphone et lis mes mails, espérant en avoir un de Naomi.
Elle a sûrement été rendre une visite à son ami à l'hôpital. Quel chanceux, me dis-je intérieurement.
Mes yeux vagabondent sur l'écran puis se posent sur le rétroviseur d'où j'aperçois le regard inquisiteur de Chesters. Se rendant compte que je l'observe il m'interroge d'une voix posée.
— C'est assez surprenant de vous voir avec votre frère. dit-il, faisant un virage à droite.
— C'est vrai.
— Est-ce que vous vous entendez mieux ?
— Oui, on peut dire ça comme ça.
C'est juste pour Flora, sinon je ne serais pas aussi proche de lui. Nous sommes trop...différents.
— Et avec mademoiselle Flora ?
Pourquoi me pose-t-il toutes ces questions ? 
— Rien de nouveau, elle m'en veut encore.
Enfin, je n'en sais rien. Elle ne prend même pas le temps de répondre à mes messages !
Je soupire, lassé de toute cette situation.
— Si je peux vous aider à quoique ce soit monsieur, c'est avec plaisir.
— Non, ça ne ferait qu'envenimer les choses. tranché-je, je pense pouvoir régler cette affaire.
Je lance un œil rêveur à la ville et concentre ensuite mon attention sur le regard hésitant de Chesters.
— Qu'y a-t-il ?
— Et...prolonge-t-il, avec mademoiselle Anderson ?
Pourquoi cette question ? Ça ne me concerne pas !
— Rien de nouveau.
Je n'ai pas spécialement envie de parler d'elle avec lui. Il n'est ni mon père ni mon confident.
— Vous êtes restés avec elle hier soir, il me semble. fait-il avec un léger sourire aux coins des lèvres.
— Chesters ?
— Oui ? répond-t-il, la mine innocente.
— Serais-tu en train d'insinuer quelque chose ?
— J'ai peut-être supposé qu'il s'était passé quelque chose de spécial. ricane-t-il. Oh, ça oui. Pour quelque chose de spécial c'était spécial.
— Détrompe-toi.
Je mets fin à la conversation, amusé par son sens indiscret de l'observation. Plus tard, nous arrivons aux pieds d'un grand building au bord de l'East River. C'est donc l'appartement qu'il voulait à tout prix ? Eh bien il ne s'est pas foulé.  La brise du soir vient agréablement caresser ma nuque tandis que je ferme le premier bouton de ma veste. Chesters referme la portière dans mon dos et ajoute d'une voix sérieuse :
— Passez une bonne soirée, monsieur.
— Merci, vous aussi Chesters.
Il contourne l'Audi mais, s'arrête avant de pénétrer à l'intérieur.
— Oh, et dites-leur bonsoir de ma part s'il vous plaît. enchaîne-t-il.
— Je n'y manquerai pas.
Il me remercie d'un signe de tête puis s'installe derrière le volant. Leur ? Il n'y a que Connor et moi ce soir.
Je hausse les épaules et entre dans le hall. C'est assez luxueux pour un bâtiment près des quartiers Nord. Je suis les indications que m'a données Connor et me poste devant sa supposée porte. Levant le poing, je frappe deux coups brefs contre le bois vernis et me racle la gorge.
— Salut, je pensais que t'allais me foutre un lapin. badine-t-il en ouvrant la porte.
— J'y ai pensé.
Il lève les yeux au ciel et me laisse entrer. Je comprends son obstination pour avoir cet appartement, il est ravissant. Les murs sont envahis de grandes fenêtres laissant apercevoir la magnifique vue sur la Skyline de Manhattan. C'est presque aussi beau que la vue depuis chez-moi.
— Va t'asseoir, la table est prête.
Je ne bronche pas et m'installe. Est-ce lui qui a dressé la table ? Pourquoi y-a-t-il des couverts en plus ? Qu'est-ce qu'il est en train de trafiquer ? Les plats disposés au centre sont digne d'un restaurant gastronomique.
— Permet-moi de douter sur la personne responsable de tels plats. me moqué-je.
— J'ai des talents culinaires figure-toi.
— Des talents culinaires, tu dis ?
Je soulève le couvercle d'une des casseroles et jette un coup d'œil à l'intérieur. L'odeur qui se dégage des plats me donne l'eau à la bouche, j'ai peut-être bien fait de venir en fin de comptes. Connor aligne les verres lorsque des bruits contre la porte nous surprennent. On attend quelqu'un d'autre ? 
— Je reviens. balance-t-il, un sourire malicieux aux lèvres.
Il s'éloigne de la table afin d'aller ouvrir à la personne qui n'est autre que...Flora. Non mais c'est pas vrai ! Je m'y attendais tellement.
Ça ne me dérange pas qu'elle soit là mais, je sais qu'elle ne veut pas me voir et d'ailleurs, ça m'étonne qu'elle ait pardonnée à Connor. Cependant, je n'ai pas envie de me disputer avec elle, pas encore une fois.
Ses talons claquent sur le sol tandis qu'elle avance dans le salon.
— Adan ? Se fige-t-elle, qu'est-ce que tu fais là ?
Son ton est tranchant. Merci, Connor.
— J'ai été invité. dis-je calmement.
— Eh bien, il doit y avoir une erreur puisque moi aussi, j'ai été invitée. 
Nous nous défions du regard.
— Il n'y a pas d'erreur, intervient-il, je vous ai invités pour qu'on puisse régler ce foutu malentendu.
— Régler ce malentendu ? s'écrie-t-elle, c'est impossible avec lui, je sais comment il va réagir !
Vraiment ?
— Flora...Se peine-t-il.
Flora lorgne un moment en direction de Connor puis abandonne en se laissant tomber sur la chaise, face à moi. Ses yeux chargés comme un fusil à pompe cherchent à me déstabiliser.
— Alors ? s'impatiente-t-elle.
— Alors quoi ? craché-je, j'ai déjà présenté mes excuses auprès de ton fiancé. Hors de question de le faire une seconde fois.
— Je me fiche de tes excuses, tu étais à deux doigts de le frapper ! s'énerve-t-elle, est-ce que tu t'en rends compte au moins ?
— Certes, je reconnais que j'ai été légèrement brutal.
— Brutal ? Tu rigoles ?
Elle s'offusque et je crispe la mâchoire, à bout de nerfs.
— Es-tu bête ? perds-je patience, il est néfaste pour toi. Putain Flora, tu as la peau sur les os. Est-ce que tu vas me dire le contraire ?
À mon grand étonnement, elle baisse les yeux sur son assiette.
— Le travail est un peu compliqué ces temps-ci, Jacob n'y est pour rien. 
— Il n'y est pour rien ? ris-je mauvaisement, qui est au commande du travail à ton avis ?
— C'est exactement la même chose pour les autres mannequins.
Elle fulmine.
— Mais toi, tu es ma sœur ! crié-je.
— Arrête d'être si condescendant avec moi, dit-elle me lançant un regard noir, je suis assez grande pour décider de ce que je veux faire ou non !
Condescendant ? Moi ? Elle se fout de moi. Il faut que je me détende ou bien tout va partir d'un seul coup. 
— Écoute, soufflé-je, je veux juste que tu sois heureuse et en bonne santé. C'est tout ce qui m'importe.
— Jacob me rend heureuse et, je suis en bonne santé.
Je grimace. Non, elle n'est pas en bonne santé. La soirée commence à prendre un autre tournant, j'en ai marre de tout ça.
— Très bien...me résigné-je, je vais faire un effort avec...Jacob.
Elle écarquille les yeux, ahurie par ce brusque changement et attrape brusquement ma main pour la serrer de toutes ses forces. 
— Merci...dit-elle au bord des larmes. Mais, je veux malgré tout que tu lui présentes des excuses et devant moi cette fois. Sérieusement ? Bordel...Fais un dernier petit effort Brown.
— Très bien.
Elle sourit. Que c'est bon de la revoir sourire ! Connor se lève promptement de la table et me lance un regard.
— Tu peux venir deux secondes pour la bouteille de vin ?
— Tu n'es pas capable de l'ouvrir tout seul ? Raillé-je. 
Je le considère un instant puis comprends finalement son intention. Je me redresse à contre cœur et le suis dans la cuisine ouverte. 
— Tu vas sérieusement faire un effort avec...Jacob ? murmure-t-il, le ton interrogateur.
— Bien sûr que non. objecté-je, je compte me ranger de son côté et trouver une faille.
— Bordel...soupire-t-il, la main sur le cœur. Tu m'as foutu une de ces trouilles, j'y ai cru.
Je ricane, mesquin.
— Jacob, tu t'en ai pris à la mauvaise personne. dis-je en ouvrant d'un coup sec la bouteille de vin.

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant