• Chapitre 20 •

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Naomi

Il a un frère...Il a un frère ? Pourquoi ne suis-je pas au courant ? La famille Brown est aussi populaire qu'Elizabeth II, alors comment se fait-il que je ne sois pas au courant ? Me voilà bien bête devant les deux hommes. Adan pousse un soupir, marmonne quelque chose d'incompréhensible dans sa barbe et part s'asseoir sur l'un des tabourets, nous tournant le dos.
— Et toi alors ?
— Moi ? Hum...L'assistante. Je patine, troublée.
— T'as bien choisi, Adan !
Il parle de moi ? Je devrais faire attention avec lui, il semble bien séducteur. Cela ne m'étonne pas vraiment en voyant ses traits de visage, il est tout aussi beau que son frère mais, il ne dégage pas la même chose. Adan est si mystérieux que c'en est captivant presque ensorcelant...
— Naomi doit manger maintenant, tu serais sympa de partir.
C'est la première fois qu'il dit mon prénom, je doute que ce soit fait exprès. Je me focalise sur la conversation et oublie les petits papillons qui me chatouillent l'estomac.
— Je viens tout juste d'arriver et tu veux déjà me mettre dehors, c'est pas très poli Adan, surtout que je suis désormais en charmante compagnie.
C'est moi la charmante compagnie ?
— C'est mon assistante Connor, garde tes envies pour toi.
— Ça va, rit-il, je partirai lorsque j'aurai vu Aiko, tu sais comment elle est. Elle pourrait me tuer pour être parti sans lui dire bonjour.
Je contourne le jeune homme et m'installe sur le tabouret, à ma grande surprise. Connor se met face à moi et m'analyse de son fameux regard enchanteur. Je lui rends un sourire poli et prends une tranche de pain. J'ai envie de fuir, pourquoi je me retrouve à déjeuner avec eux alors que j'étais censée prendre mes documents et me barricader dans ma chambre ?
— Je te conseille de prendre ça, c'est excellent. Surtout pour les amateurs de chocolat et puis ça vient d'Écosse donc, ça ne peut que être bon.
— D'Écosse ?
— Ça se vend beaucoup dans les pâtisseries.
— Tu es déjà allé en Écosse ?
— Ouais, quatre fois. Les paysages sont juste à couper le souffle là-bas et leur nourriture, c'est une pure tuerie.
Je suis impressionnée, quatre fois en Écosse c'est vraiment incroyable. Je suis ses conseils et prends une bouchée de la barre chocolatée, le goût de cacahuète se mêle avec perfection à la légère pointe de caramel. Mes papilles sont ravies d'avoir un tel cadeau pour elles.
— C'est délicieux...
Connor émet un ricanement.
Le lourd bruit de l'ascenseur résonne dans la pièce, Mme.Mori arrive dans la cuisine accompagnée de son sourire habituel et remarque la présence de Connor.
— Connor tu es là !
Elle accourt dans les bras du jeune homme et embrasse plusieurs fois ses joues. Connor, amusé par le comportement de Mme.Mori se met à rire joyeusement. C'est à cet instant précis que je me demande ce que je fiche ici ?
— Au fait, Naomi. J'ai rangé pour vous des tupperwares dans le frigidaire.
— Oh...Merci c'est vraiment gentil.
— J'espère qu'il vous reste de la place dans votre valise, ils sont assez grands.
J'espère qu'elle n'a pas trop chargé les boîtes, je ne suis pas sûre d'arriver à avaler tant de nourriture en si peu de temps.
— J'essayerai de les caler dans les coins.
— Parfait ! D'ailleurs, je voulais savoir si ça vous direz de venir faire un tour chez l'une de mes vieilles amies. Je voudrais vous faire goûter son thé.
— J'aimerais beaucoup mais...
Je me tourne automatiquement vers Adan qui pianote sur son ordinateur en avalant parfois quelques gorgées de café. Il relève le menton, réfléchit quelques instants puis acquiesce d'un mouvement de tête. Mme.Mori semble radieuse ce matin, je suis légèrement triste de quitter le Japon.
— Connor, combien de temps restes-tu ici ?
— J'étais juste de passage, je rentre à New-York dans trois jours.
— Quoi, New-York ? Pourquoi ? S'énerve Adan.
— Du calme Brown, Flora m'a demandé de passer chez elle ce week-end.
— J'avais presque oublié ça...Je me passerais bien de ce dîner.
— Tu n'apprécies pas son mec ?
Il semble choqué.
— Non.
— Bordel Adan, tu me rassures...Je pensais être le seul à ne pas pouvoir blairer ce gars. Papa l'adore, il répète qu'il est comme...
— Comme un fils pour lui.
Continue Adan d'un ton détaché, je me sens perdue par le fil la conversation. Ils parlent de leur sœur, de son petit ami qu'ils n'aiment pas et...?
— Tu vas venir ?
— Je ne pense pas, je suis occupé au travail et puis ce n'est pas trop mon truc de manger des carottes et des endives en cube.
— Allez Adan, fais un effort pour Flora. Si on est deux contre ce type ça va le faire non ?
— Si tu veux faire de moi un allié ce n'est pas la peine.
Connor rigole et ferme l'ordinateur d'Adan pour finalement joindre ses mains devant son nez.
— Connor je vais te...
— Fais le pour elle.
Le regard sérieux de Connor ferait flancher n'importe qui et il faut croire qu'il fonctionne correctement puisque Adan soupire et rend les armes.
— C'est bon, d'accord.
Connor nous illumine d'un sourire fier et malicieux, ils possèdent tout de même une jolie complicité.
Mme.Mori qui menait ses occupations avec tranquillité semble n'avoir manqué aucune miette du plan des deux frères.
— Ne faites pas de bêtises avec Flora, si j'apprends que vous avez fait n'importe quoi je viendrai moi-même vous botter le cul !
La fausse colère de Mme.Mori est hilarante, quitter le Japon me désole mais, ne plus revoir cette douce femme me désole bien plus...

Dans l'après-midi, les coups que portent madame Mori sont francs et dynamiques contre l'épaisse porte. Dans la faible ouverture de cette dernière je distingue une autre femme, vêtue d'un joli kimono aux fleurs rouges et noires. Les deux femmes échangent plusieurs phrases avec euphorie et gaieté sans que je n'y comprenne le moindre mot, j'aurais dû apprendre quelques phrases tout de même...
Elles continuent leur conversation sans trop me prêter attention avant que la femme n'ouvre la porte pour nous laisser entrer. Cette maison possède une odeur fraîche, de plante et d'arôme, la décoration est réellement traditionnelle, des tapis sont disposés au sol tout comme de petites chaises sans pieds. Des portes ornées de carreaux, de grands rideaux blancs cassés qui se balancent devant les deux fenêtres ouvertes laissant apparaître un large cerisier aux feuilles tombantes. C'est magnifique...
La charmante femme disparaît quelques secondes derrière une porte coulissante pour revenir avec une théière en argent poli, de la fumée s'en dégage. Elle s'abaisse élégamment pour verser dans ma tasse le liquide couleur prune qui remue délicatement contre les parois. Elle lance quelques pétales par dessus avant de m'inciter à en prendre une gorgée.
Je glisse mes doigts le long de la tasse en porcelaine et trempe mes lèvres à l'intérieur, le léger goût de rose vient câliner mes papilles. C'est sucré et délicieusement bon...Bon sang je n'ai pas envie de quitter cet endroit.

•••


Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant