• Chapitre 75 •

8.9K 495 6
                                    

Adan

Pourquoi la ville est-elle si vide ? Pas une once de vie à l'horizon, pourquoi suis-je seul au beau milieu d'une ville aussi réputée ? Mes pas ont un écho robotique, c'est tellement sinistre.
— Il y a quelqu'un ?
Je demande et ma voix s'étouffe dans les profondeurs du silence.
J'avance pas à pas sur la grande allée de briques mais, mes pas se font engloutir dans le sol comme dans du goudron, mes chevilles s'enfoncent dans le béton tandis que j'essaye désespérément de remonter à la surface en agrippant les briques rouges, mes doigts se plantent dans les fines crevasses avant de glisser. 
Une ample pression apparaît sur mes chevilles et cette pression m'engloutit au fond de cette substance noire et visqueuse.
En un clin d'œil, j'apparais au bord d'un pont en bois noir, la nuit est tombée, il fait complètement sombre. Les reflets de la Lune sur l'eau adoucissent l'atmosphère pesante de la forêt, mais ma tête est étrangement lourde, comme si mon sang ne circulait que du côté sud...
— Adan ?
Une voix timorée se manifeste dans mon dos, je connais cette intonation...J'hésite quelques secondes avant de me retourner pour tomber nez à nez avec elle...
— Naomi ? Qu'est-ce que tu fais...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'elle se jette dans mes bras, enroulant ma taille de ses bras.
La sentir maintenant contre moi après plusieurs mois, ravive une étincelle dans ma poitrine. 
Je ne réfléchis pas et pose mes bras autour d'elle, la pressant contre moi de plus en plus fort, comme pour me prouver qu'elle est bien présente, son corps est chaud contrairement au mien qui est d'un froid oppressant...Une bouffée d'air frais me saisit lorsque je réalise qu'elle est dans mes bras. Elle est là...
Naomi lève le menton. Ses yeux semblent différents, ils sont plus foncés...Je glisse une main contre sa joue et touche légèrement ses paupières. Ses yeux ne bougent pas, ils s'enfoncent encore plus dans les miens.
— Pourquoi ? dit-elle soudainement, d'une voix étouffée.
Son visage change d'une traite, il devient grisâtre, terne, une fine goutte de sang coule de sa lèvre inférieure. Mes yeux s'écarquillent tandis qu'elle se retire de mes bras avec brutalité avant d'hurler :
— Pourquoi tu m'as fait ça ? Tout est de ta faute !
Je me prends un uppercut violent dans la mâchoire...
De légères gouttes translucides coulent le long de ses joues, j'esquisse un mouvement de recul tout en regardant son visage malheureux. C'est moi qui ai fait ça...c'est moi le responsable.
— Naomi je...
— Tais-toi ! Je te déteste, c'est de ta faute si tout ça arrive, j'aurais préféré ne jamais t'avoir rencontré !
Un dur pincement vient comprimer ma poitrine, je recule de plusieurs pas avant de tendre les mains vers elle.
— Je suis désolé...
Je prends son visage en coupe et gémis de douleur des mots qui semblent me déranger depuis un bout de temps déjà.
— Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur Naomi. Je t'aime tellement que je ne supporte pas le fait de savoir que des gens peuvent te faire du mal à cause de moi. Depuis quand suis-je devenu si émotif ?
Elle replonge ses yeux dans les miens avant d'arracher avec rage mes mains de son visage et d'exploser sa haine à ma figure.
— Dégage ! Je ne veux plus te voir, tu n'existes plus pour moi.
Elle se retourne et s'enfonce dans la forêt qui la dévore de plus en plus, je reste figé comme une statue, écoutant les battements lents de mon cœur. Je cligne des yeux et tente d'oublier les mots douloureux qui restent dans mon crâne comme une mauvaise comptine mais c'est fichu, ils sont là.
Une soudaine pression s'effectue dans mon dos et je n'y fais pas attention jusqu'à ce que je sente mon corps basculer verticalement, je tombe ?
Avant que je n'ai le temps de me rendre compte de quoique ce soit, de l'eau s'infiltre dans ma gorge, j'essaye de prendre des respirations mais l'eau coule de plus en plus jusqu'à atteindre mes poumons, me donnant des coups de couteau dans tout le corps.
Mais, avant que je ne sente mon esprit s'éteindre, je me réveille en suffoquant, trempé de sueur. 
Je reprends ma respiration et touche ma gorge, putain c'était quoi ce rêve...
Les rayons du soleil apparaissent à travers les stores de la chambre, je me redresse difficilement du bureau, mon ordinateur est toujours allumé, merde, je me suis encore endormi en bossant. Je ne fais que ça depuis des mois maintenant...Depuis combien de temps je ne suis pas sorti dehors pour voir ne serait-ce que des oiseaux ?
Mon téléphone vibre dans ma poche de jean, je sais que c'est Flora. Pour la millième fois depuis des semaines, elle insiste sur le fait que je ne vais pas bien, combien de boites de chocolat j'ai reçu de sa part déjà ?
— Flora ? commencé-je déjà agacé par la suite de cet appel.
— Ce n'est pas mademoiselle Flora, monsieur. Putain de merde.
— Excuse-moi Chesters, j'ai l'habitude de répondre à Flora ces derniers temps. C'est quasiment du harcèlement...
— Je comprends monsieur, je voulais vous dire que mademoiselle Anderson continue de travailler chez elle. Je ne l'ai pas vu quitter son appartement depuis des semaines déjà.
Étrange. Pas plus que moi qui continue d'être derrière elle comme un ex-petit ami cinglé. J'ai essayé d'oublier la relation que nous avions eu mais chaque petit détail me ramène à elle. J'aimerai dire que c'est ça, l'amour.
— D'accord, merci Chesters.
Il me répond par ses politesses habituelles avant de raccrocher. J'ai l'impression d'être un loup garou pendant sa pleine lune. Je suis obligé de m'enfermer dans ce putain de trou pour éviter de retourner  la voir.
Après tout c'est mon choix, j'ai fait ça moi-même, je dois assumer la souffrance que cela me fait d'être loin d'elle, mais si ces cauchemars continuent de tourmenter mon sommeil je compte bien envisager un séjour à l'hôpital psychiatrique.
J'ai un léger rebond lorsque j'entends des bruissements derrière la porte d'entrée, je ne vérifie pas dans le judas et l'ouvre en grand.
— Adan ! Tu vas bien ? Je t'ai appelé hier soir, tu n'as pas répondu ? Dit-elle en s'invitant d'elle même « chez-moi », la prochaine fois je ferai semblant de dormir.
— Flora...soufflé-je exaspéré de la voir encore et encore chez moi.

•••


Coucou !
Je tenais à vous remercier avec...un GRAND merciii !!! Pour toutes les vues et les votes que vous m'offrez, vous m'encouragez de plus plus et je vous remercie du fond des tripes pour ça. ( Désolée pour l'image des tripes...mais ça prouve que c'est vraiment profond !) Bref, je vous aime sincèrement, plus que Jamie Dornan, il faut le faire quand même !
❤️

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant