• Chapitre 25 •

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Naomi

— Il fait noir et vous êtes sur mon passage, n'agissez pas bêtement et montez dans cette voiture.
Agir bêtement ? Non mais, il ne peut pas s'empêcher d'être insultant ? Je me tourne vers lui, les poings serrés avant de constater le petit sourire qu'il a aux coins des lèvres. Vient-il de dire cela pour m'embêter ? C'est mauvais, Brown. Ce sourire me rend bien trop faiblarde...
— Très bien, je monte avec vous. Parce qu'il fait froid et que j'ai mal aux pieds. J'ajoute, croisant les bras contre ma poitrine.
— Je vois.
Nous passons les portes automatiques du hall sans croiser de journalistes - ce qui est plutôt une bonne chose. Je n'ai pas envie de me retrouver sur la première page d'un magazine aux côtés d'Adan et de son chauffeur super classe.
Un homme en costume noir sort de l'élégante Audi A8 et j'essuie discrètement la paume de mes mains sur ma veste. Être transportée dans ce genre de voiture m'impressionne toujours autant, même après avoir passé une semaine dans le confort et l'élégance de la TLX. Je relève rapidement que l'homme qui vient tout juste de s'extraire de la voiture, n'est autre que Chesters ! Je ne pensais pas le voir ici, c'est une grande surprise.
— Chesters, m'exclamé-je, heureuse de le revoir. Vous n'êtes pas resté à Tokyo ?
— Non, mademoiselle. J'ai décidé de revenir ici, afin d'assurer la protection de monsieur Brown.
Assurer la protection de monsieur Brown ? Adan, qui ne se sent pas concerné par la conversation, monte dans la voiture. Je l'imite avec une légère maladresse et engage la conversation avec son chauffeur qui est, de toute évidence bien plus loquace que lui.
— Je suis sûre que vous allez adorer New-York, il y a de nombreux parcs et monuments qui doivent à tout prix être visités !
— Vous aimez les monuments ? Se moque Adan.
— Eh bien, oui. Connaître l'histoire de sa ville peut être utile, vous savez.
Je réponds d'un ton légèrement hautain ce qui a pour effet, d'engendrer un sourire amusé sur son visage habituellement si inexpressif.
— Est-ce que vous vous moquez de moi ?
Je plisse les yeux, rêvant secrètement d'enlever ce petit sourire insupportable.
— Non, bien sûr que non. nie-t-il, je trouve juste cela surprenant venant de quelqu'un comme vous.
— Venant de quelqu'un comme moi ? m'offensé-je d'un ton sec.
— Ne vous énervez pas si vite, Anderson. Ah ! Il peut bien causer, lui.
— C'est vous qui m'agacez.
— Rappelez-vous de notre petite discussion à propos de cela, au Japon. plaisante-t-il, vous êtes aussi impulsive que moi alors, il vaut mieux que vous vous taisiez.
— Cessez de dire cela ! je hausse le ton, contrariée par son fichu comportement arrogant.
— Si je ne vous le dis pas, vous ne le faites pas. Vous êtes une vraie pipelette vous savez ?
— Dans ce cas, je pourrais très bien dire que vous c'est le contraire, monsieur-bouche-cousue. Et puis, c'est la colère qui me pousse à  parler et si je puis dire, vous n'y êtes pas pour rien.
— Rah...vous me donnez mal à la tête...
Il repousse la tête en arrière avec une mine souffrante et j'échappe une exclamation exaspérée. Si seulement je pouvais me boucher les oreilles et déblatérer des idioties, comme les enfants. Ça serait bien plus simple...
— Vous êtes tellement...
Ma phrase est brutalement coupée par son index qui s'écrase sur mes lèvres. La première réaction qui me vient, est de me taire en écarquillant les yeux. Le contact de son doigt contre mes lèvres me fiche un coup d'électricité dans l'estomac.
— S'il faut faire cela pour vous faire taire, j'y songerai plus souvent.
Suis-je en train de rêver ou bien sa voix a changé de timbre ? Il enlève son doigt, emportant avec lui la décharge qui animait mes vaisseaux sanguins. Je ne sais plus comment réagir et encore moins quoi dire. Bien joué Brown, ricane ma conscience.
Oh non, il ne va pas s'en sortir aussi facilement.
— Si vous refaites ça, je vous brise le doigt en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
Je suis moi-même surprise par mon sérieux, un calme olympique même. Je me contorsionne la nuque vers la fenêtre dans le but de l'empêcher de contempler les rougeurs qui encombrent mes joues et mordille l'intérieur de mes joues.
Il semble être de meilleure humeur, mais je me demande tout de même ce qu'il s'est passé pour que cette colère froide émane autant de lui.
La discussion entre son frère et Adan me revient en tête, ils parlaient d'un certain Jacob ? Je sais que ça ne me concerne pas mais, la curiosité ne peut s'empêcher de naître en moi. Est-ce déplacé de lui demander ? Il ne va sûrement pas me répondre.
— Dites-moi.
— De ? m'étonné-je.
— Vous ouvrez et fermez la bouche depuis plusieurs secondes alors, parlez. Encore et toujours des ordres.
— Comment s'est passé la soirée dont parlé Connor ?
Ça y est, je l'ai dis. Il hausse les sourcils, décontenancé par ma soudaine question puis sourit tristement.
— Eh bien, ma soeur va se marier avec un sale type et en prime, elle me déteste. Oh.
— Y-a-t-il une raison pour que vous ne l'aimiez pas ?
— Bien sûr qu'il y en a une, avec tous les articles qui traînent sur notre famille, je suppose que vous savez que ma soeur est mannequin ?
— Je n'en savais rien, avoué-je avec un léger sourire peiné.
— Son fiancé n'est autre que son patron. Il lui dicte quel régime elle doit suivre, comment doit-elle s'habiller, mais depuis qu'elle travaille pour ce mec.
Il souffle, et reprend une inspiration. Comme pour contenir la colère encore présente au fond de lui.
— Elle est maigre et s'affaiblit mais...
Il refait une pause.
— Elle est amoureuse.
Se rendant compte de mon silence, il pivote la tête vers moi et m'étudie de ses beaux yeux clairs. Merde, je viens de perdre tous mes moyens.
— E...elle doit savoir ce qu'elle fait, non ?
— Savoir ce qu'elle fait ? ironise-t-il, elle est aveuglée par l'amour qu'elle "ressent" pour lui, c'est tout.
— Alors parlez-lui ?
— Je ne suis pas de ce genre. Ça je le sais.
— Essayez ?
Il semble réfléchir quelques secondes avant de pousser un lourd soupir, rempli de crainte.
— Pas après ce week-end.
Je relève discrètement le regard interrogateur de Chesters dans le rétroviseur. Adan semble lui aussi le remarquer puisqu'il ajoute :
— J'ai...peut-être été légèrement violent avec Jacob.
Chesters hôche la tête en pincant les lèvres, tristement.
— Comment a réagi mademoiselle Flora ?
— Elle nous a mis à la porte.
— Nous ?
— Connor était avec moi.
Le soupir de Chesters reste malgré tout très discret, ils doivent se connaître depuis longtemps. Malgré le professionnalisme qui règne entre eux, le respect et l'amitié se ressentent.

Après plusieurs minutes de silence, nous arrivons en face de mon appartement. Aucune personne louche à l'horizon...C'est bon signe.
— Merci de m'avoir raccompagnée, c'est très gentil de votre part.
Adan me fait un bref signe de menton puis reporte son regard sur la rue voisine. Je regarde Chesters à travers le rétroviseur et lance avec chaleur :
— Au revoir Chesters, passez une bonne soirée.
— Merci mademoiselle. me répond-t-il avec un tendre sourire, presque paternel.
Une fois la portière fermée j'avance vers les escaliers en fouinant dans mon sac à main afin de trouver mes clefs mais, une voix rocailleuse et fatiguée m'interpelle. Hein ?

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant