• Chapitre 43 •

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Adan

Je suis arrivé plus tôt ce matin, ma nuit a été sacrément courte.
Ce midi, j'ai ce café avec Mlle.Sliger afin de mettre au point les choses qu'elle a observées pendant ces deux dernière semaines. Collaborer avec une quatrième compagnie aérienne est un grand pas pour l'entreprise, les fournitures mettront de moins en moins de temps à parvenir à destination, surtout avec la Flawless Airlines de Mlle.Sliger.
En arrivant, j'ai vaguement aperçu John à la télévision, ce salaud continue d'embobiner les gens. Je n'ai pas eu de nouvelle de Conrad à propos de cette affaire. Il y a deux possibilités, soit il trouve plusieurs informations comprométantes soit l'inverse, j'opterais pour la première. Ça ne me plait pas de le savoir libre comme l'air alors qu'il enchaîne les crimes.

— Entrez ?
Naomi ? Je n'ai nul besoin de lever les yeux pour reconnaître le parfum aux fruits rouges dr Mlle Sliger. Pourquoi Naomi ne m'a-t-elle pas contacté ? Et pourquoi cette bonne femme me colle aux basques ?
— Euh...Monsieur Brown, j'ai un peu d'avance pour le dîner de ce midi, veuillez m'excuser.
Tiens tiens, ce n'est plus Adan mais Monsieur Brown désormais, aurait-elle compris le message ?
— Il n'y a pas de soucis mademoiselle mais, j'ai un courriel à envoyer. Cela va me prendre un peu de temps.
— Patienter quelques secondes n'est pas un problème, monsieur. (Elle s'assoit sur la chaise, face à moi.)
Je reporte mon attention sur l'ordinateur. Est-ce que je devrais envoyer un mail à Naomi ? Je commence tout juste à taper un mail quand je remarque avec surprise, les doigts de Mlle Sliger qui s'occupent à retirer les deux premiers boutons de son chemisier. Est-elle en train d'essayer de me séduire ?
C'est franchement exaspérant, elle ferait bien d'arrêter son petit jeu de séduction à la con avant que j'annule le contrat en cours.
Même si ça me ferait bien chier de renoncer à un tel investissement.
Je supprime le mail que j'étais en train de rédiger pour Naomi et me redresse.
— Veuillez attendre quelques secondes, je vous prie. dis-je d'un ton calme en quittant la pièce.
Je m'approche de Suzie et l'interroge prestement.
— Mademoiselle Anderson est-elle arrivée ? Demandé-je, vaguement contrarié.
— Non, monsieur.
Évidemment quelle n'est pas encore arrivée, je lui ai laissée sa matinée. Pourquoi j'ai fait ça...
Ma montre indique midi moins le quart, si elle est en avance, elle ne devrait pas tarder. J'ai encore l'espoir de la croiser avant de partir.
— Pourrez-vous lui dire de récupérer le classeur bleu sur mon bureau ?
— Bien sûr, monsieur.
Elle sourit, les joues rosées.
— Merci.
Je fais demi-tout et prends parmi la pile de papiers, un post-it rose bonbon. Je fais courir le stylo dessus avec un sourire en coin.
« Dossier à rendre sur mon bureau, ce soir.
PS: Seule, de préférence. »
— Nous pouvons y aller.
Elle se lève, donne un coup de hanche vers la droite et poursuit avec une marche des plus vulgaires. Bordel, ce qu'elle m'agace celle-là.
Je sors mon téléphone, très peu diverti par ses courbes et consulte mes récents messages dont un est de Flora.
{— Tu es disponible pour un café cet après-midi ?}
Deux cafés en une seule journée, ça fait beaucoup. Toutefois, j'ai un trou à 16 heures donc ça tombe bien.
{— À partir de 16 heures, oui.}
{— C'est okay, merci. Jacob m'a affirmé qu'il ne voulait pas être en conflit avec toi :-)}
Moi non plus Jacob.
Le petit diablotin au coin de mon épaule se réveille et rit mesquinement.
{— Oh et enlève ton costard, tu fais trop strict et sérieux à l'intérieur !}
Qu'est-ce qu'ils ont tous avec mes costumes ?
{— Okay.}
Je range mon portable et rejoins Mlle Sliger dans l'ascenseur. Étant près d'elle, je la sens se dandiner avec insistance.
— Quelque chose ne va pas ?
Elle se tourne vers moi, la mine douloureuse.
— En arrivant, je me suis tordue la cheville. J'ai un peu mal voyez-vous...se bouleverse-t-elle.
— La cheville ?
Je ne vois rien de spécial, la cheville qu'elle me tend me paraît parfaitement correcte, pas de bleu, ni de gonflement.
— Pourriez-vous y jeter un œil ?
Si elle ne faisait pas partie de la direction, je ne me serais même pas foulé à être poli mais, au vu du poste qu'elle occupe et de notre future collaboration, je me dois d'être respectueux même si cela me déplaît fortement.
— Je vais jeter un coup d'œil. Dis-je à contre cœur tout en posant un genou à terre.
Je pose mes doigts le long de sa cheville que j'examine avec attention, il n'y a rien du tout, sa cheville est en pleine forme.
Ses manières de duchesse commencent sérieusement à me courir sur les nerfs.
Je retrouve ma place, droit, à une distance plutôt raisonnable d'elle.
— Si votre cheville est trop douloureuse, je peux reporter cet entretien ?
— Non, s'empresse-t-elle de répondre, je suppose qu'il faut que je me repose quelques minutes, le temps que la douleur s'estompe.
— C'est comme vous voulez. conclus-je, avec un agacement caché.
Les deux portes automatiques s'ouvrent sur le hall, plus particulièrement sur Naomi, les cheveux en bataille, les joues roses et le souffle court. Les courses matinales sont devenues une habitude chez elle ? Cependant, la savoir essoufflée et en sueur me plaît particulièrement.
— Oh, s'étonne-t-elle, passant de moi à Mlle Sliger. B...bonjour.
— Bonjour. Je souris.
Elle me regarde un court instant et m'ignore volontairement. Je rêve ?
— Est-ce que Suzie vous a remis une fine pochette en carton ? Demande-t-elle à la femme à mes côtés.
— Su-zie ?
Joyce épelle le prénom avec mépris.
— Oui, la secrétaire d'Ada...M...monsieur Brown ! Se corrige-t-elle le visage rouge. Seigneur, je donnerais tout pour être seul avec elle dans cet ascenseur.
— Oui, je l'ai eue. Si vous voulez mon avis, l'organisation est décevante.
Décevante ?
— Euh...Je ne comprends pas bien, j'ai changé deux fois l'organisation pour que cela vous convienne.
Quand est-ce qu'elle a fait une chose pareille et pourquoi ne suis-je pas au courant ?
— Je suis désolée si elle ne vous convient pas mais, je n'ai pas le temps de la recommencer une troisième fois. Si vous avez un souci avec le classement, je saurai vous aiguiller.
— Bien sûr.
Où est passé son tempérament de feu ? Joyce hausse les épaules sans un mot de plus puis sort de l'ascenseur en bousculant l'épaule de Naomi.
Je devrais annuler ce fichu contrat.
— Est-ce ce midi votre entrevue ?
Tiens ? N'étais-je pas invisible il y a quelques secondes ?
— Oui.
— Eh bien, je vous souhaite un bon appétit.
Je décèle une légère touche d'ironie. « Bon appétit » ?
J'attrape brusquement son avant-bras et glisse entre mes lèvres.
— Si seulement tu étais mon repas, Anderson...j'aurais sûrement bien plus d'appétit.
Je la relâche et sors de l'ascenseur, fier comme un gamin venant de faire une belle connerie.
En jetant un coup d'œil rapide derrière moi, j'aperçois son regard bourré d'imagination et son visage rosé d'embarras...ou bien de colère ?

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant