• Chapitre 79 •

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Naomi

— Mademoiselle, si je peux me permettre. Vous devriez souffler.
Son inquiétude me fait sourire.
— Je suis désolée Chesters mais, j'en suis incapable...Complètement incapable.
Mes pensées dansent une salsa endiablée avec mon inconscient, c'est invivable.
La voiture ralentit lentement, trop lentement à mon goût. Je jette un coup d'œil à l'avant, remarquant avec frustration que les routes sont bouchées.
Cette route qui habituellement n'est pas aussi pleine a décidé de ne pas être de mon côté aujourd'hui. Une solution, vite une solution !
Il pleut à flot dehors et si je sors, je ne suis pas sûre de rentrer saine et sauve.
— Chesters ? Pouvez-vous m'indiquer l'adresse de son appartement ?
Il me dévisage à travers le rétroviseur avant de me tendre un bout papier plié en quatre.
L'écriture est très soignée, sûrement celle d'Adan. 4295 110 éme Avenue...
Je regarde une dernière fois par la fenêtre opaque et réfléchis à toute allure. C'est à deux pas d'ici et puis, aujourd'hui je dois arrêter de me focaliser sur des problèmes qui n'en valent pas la peine. Ce n'est pas de l'eau qui va m'arrêter n'est-ce pas ?
Fonce !
Je souris comme une enfant avant d'ouvrir la portière sous le regard ahuri de Chesters.
— Merci énormément, Chesters.
Je sors de la voiture et pouffe de rire en sentant l'eau s'incruster dans mon cuir chevelu.
Je m'accroche à cette inébranlable détermination qui me saisit l'estomac et cours sur les trottoirs sans m'arrêter une seule seconde, dépassant les avenues de Manhattan. Où es-tu Adan ?
Me sentant proche de l'adresse, je bouscule quelques passants cachés sous leurs parapluies.
Au loin, j'aperçois un angle. L'appartement doit se trouver juste derrière, je fonce et jette quelques regards au bout de papier froissé et trempé au creux de ma main.
— Non, pas ça.
Je râle, échappant quelques jurons au passage avant de fouiller dans ma mémoire pour me souvenir de ce fichu numéro.

*Arrêtée à l'angle, je reprends ma respiration. J'étais loin de me douter que ma séance de sport serait de la sorte, trempée jusqu'à l'os.
Mes poumons sifflent de douleur, je m'appuie contre mes genoux et expire douloureusement.
Néanmoins, le dos d'un homme en costume noir attire mon attention, je ne parviens pas à voir son visage à cause de l'immense parapluie qu'il trimbale au dessus de sa tête. Est-ce lui, Adan ?
J'avance.
À petits pas incertains et il se retourne. Putain.
Il me scrute tout aussi choqué. Mon cœur cogne fort dans ma poitrine, il est toujours aussi beau, toujours aussi magnétique. Ses cheveux coiffés sur le côté, des yeux d'argent qui illuminent cette pluie diluvienne et ses lèvres d'un rose poudré qui rendrait jalouses toutes les femmes sur Terre.
Je fais un pas, deux, puis trois et me retrouve face à lui.
Mes lèvres s'entrouvrent pour dire quelque chose mais les mots restent coincés dans ma gorge. J'aurais dû prendre le temps de réfléchir à ce que je lui dirai avant de me retrouver là, face à lui, la bouche ouverte comme un poisson rouge.
— Adan, je...
Il ne me laisse pas le temps de terminer ma phrase qu'il m'écrase entre ses bras...*

Je secoue la tête de droite à gauche. Si je continue de m'imaginer ce genre de scénario, je pense ne pas arriver aussi vite que prévu.
Postée sous les balcons d'un bâtiment lambdas, je reprends mon souffle. Je n'ai jamais vu une pluie aussi violente depuis que je suis à Manhattan.
C'est sûr, je vais avoir un sacré rhume après cette soudaine course...
Lorsque ma respiration s'adoucit, j'ouvre la grande porte en bois et me glisse à l'intérieur. Il fait bon, la chaleur m'apporte un réconfort supplémentaire. Il doit être là...
L'immeuble est propre, correct pour n'importe qui mais évidemment, ça ne vaut pas le luxe de son gratte-ciel en verre.
Je tourne le bout de papier dans tous les sens et essaye de lire le dernier chiffre avant d'en conclure que c'est un cinq. Faites que ce soit ça, Seigneur...
Je lève le poing, prête à frapper quand brusquement, une femme m'interrompe.
— Vous cherchez le propriétaire de cet appartement ?
— Oui, il est ici ?
— Non, il vient de sortir. me répond-t-elle avant d'entrer chez elle comme si je n'étais qu'une personne sans importance.
Bien, me voilà aux pieds du mur, sans issue. Quand va-t-il revenir ?
Je m'adosse à la porte et me laisse glisser vers le sol. Je vais l'attendre, pas question de rentrer chez moi après tout ce que j'ai fait pour me rendre ici.

Adan

Je claque la porte comme un fou avant de partir à la hâte. Il pleut des cordes dehors.
Quelle merde.
Tant pis pour le parapluie.
Je hèle un taxi, il s'arrête sur le bas côté.
— Bonjour, emmenez-moi à cette adresse rapidement s'il vous plaît, c'est très pressant.
J'ajoute, impatient. Je ne peux pas perdre une seule seconde de plus.
Une fois à l'intérieur du taxi, je fixe un point invisible dehors et me concentre dessus pour éviter de me torturer l'esprit avec ce Charles.
J'avais déjà remarqué que ce mec regardait Naomi comme un lion devant une côte de bœuf bien saignante. Merde, j'aurais dû y penser !
Je ferme les yeux et serre les poings sur mon jean lorsque je sens que le taxi s'arrête enfin devant son immeuble.
Je sors, lance un billet au chauffeur et me rue à l'intérieur. Les escaliers semblent terriblement plus nombreux que d'habitude.
J'arrive devant la porte rouge sang avec le souffle coupé, que vais-je lui dire une fois qu'elle l'aura ouverte ? Que je m'excuse ? Bordel Brown, tu ne vas pas t'excuser après tout ça !
Je l'aime ça, c'est une évidence mais suis-je vraiment capable de risquer qu'elle subisse encore des blessures à cause de la presse people ? Je sais que c'est égoïste mais, je ne peux pas rester plus longtemps sans elle, si John ou quelqu'un d'autre ose lui faire quoi que ce soit, ils auront affaire à un tout autre moi. Pas l'impulsif comme dit Connor mais, le fou amoureux.
Trois coups contre cette porte et c'est tout n'est-ce pas ? Pourquoi ai-je si peur...
Merde, espèce de couille molle !
Je toque, trois coups et retiens mon souffle.
Il n'y a aucun bruit à l'intérieur, le silence complet. Est-ce qu'elle est partie, avec ce Charles ?
Une forte déception se niche dans ma poitrine, je laisse mon front se cogner contre la porte. Elle est avec lui, c'est sûr.
Je vais l'attendre, quitte à m'amaigrir trois jours de suite.

•••

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant