• Chapitre 28 •

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Naomi

Il me poque les joues en ricanant, sérieux pourquoi suis-je son amie ?
— Arrête de raconter des bêtises, ce n'est pas drôle. grommelé-je.
Il glousse une dernière fois avant de mordre une immense portion de son bout pain, je n'ai pas rougi, si ?
Nous terminons notre repas sous l'agréable soleil et les blagues ridicules de Jeff qui a manqué de s'étouffer avec son poulet plus d'une fois, s'il vient à s'étrangler, qu'il ne compte pas sur moi pour l'aider.
J'ai dû l'éjecter de l'ascenseur tant il traînait les talons, il refusait catégoriquement de retourner sans sa "tombe qui lui serre de bureau" selon ses dires. Pff...
J'enfile mes écouteurs et lance de la musique douce à travers mon téléphone, il faut que je me détende. L'affaire John Poders n'a pas l'air de tout repos...

Je remets une énième fois la mèche de cheveux qui s'échappe de mon chignon et repasse une couche de rouge à lèvres sur les coins de ma bouche. Je suis prête pour affronter la soirée mouvementée qui s'annonce.
Bon sang, ce que j'ai la trouille. Une fois mes escarpins noirs enfilés, mon chemisier blanc lissé et mon pantalon noir sans aucun poil, je descends au rez-de-chaussée.
La même voiture noire est garée en bas de chez moi, Chesters s'extirpe du véhicule et m'ouvre la porte arrière.
— Bonsoir mademoiselle, vous êtes très élégante.
— Bonsoir Chesters, merci. Vous êtes pas mal non plus. Il sourit, légèrement embarrassé et referme la portière.
Comme à son habitude, Adan regarde par la fenêtre. Il est vêtu d'une chemise rouge sang ainsi qu'un gilet de costume noir, bien cintré. Il est vraiment très beau.
— Bonsoir.
Il se retourne, me dévisage un court instant et articule :
— Bonsoir.
Ma tenue est-elle trop professionnelle ou pas assez adaptée pour une inauguration ?
— Ne réfléchissez pas trop, dit-il d'un ton las, vous êtes très bien.
Ses yeux couleur d'argent se posent vaguement sur mes lèvres avant qu'il ne détourne le regard. Ai-je halluciné ? Je déglutis et l'imite en contemplant à mon tour, les rues qui défilent.

— Vous êtes arrivés, nous annonce Chesters après plusieurs minutes de route dans le silence.
— Bien, merci Chesters. dit-il avec un léger soupir, vous êtes stressée ?
— Légèrement. Extrêmement, râle ma conscience.
— Aillez confiance.
— Je ne suis pas sûre d'avoir confiance, fais-je en ajoutant une maigre pause, être entourée de tous ces...hommes, me fait un peu peur.
— Il n'y aucune raison d'avoir peur, je suis avec vous.
Je plonge au plus profond de ses yeux et trouve une charmante lueur de courage. Me voilà rassurée...
Je sors de la voiture avec une légère difficulté, elle est bien trop haute cette satanée bagnole. Adan la contourne et se poste à mes côtés.
Le bâtiment qui se trouve en face de moi est très impressionnant, pas aussi impressionnant que la Brown'sEntreprise c'est sûr mais, il respire la classe et l'assurance, tout ce que je ne possède pas.
En entrant à l'intérieur, quelque chose me sert l'estomac, c'est très grand. Les murs doivent mesurer environ cinq mètres de haut, l'immense pièce fait résonner les talons aiguilles des quelques femmes présentes, elles portent sur elles, de longues robes s'accordant parfaitement aux couleurs de la décoration. Suis-je à la hauteur de tout ça ?
Je reste près d'Adan qui lui, se sent tout à fait à l'aise, on croirait qu'il est né dans une de ces pièces. Avec le stress qui étreint mon ventre, il m'est presque impossible d'entrevoir le sujet qu'aborde Adan et les autres messieurs.
Arrivé au bout de plusieurs minutes, tous les regards se détournent pour guetter l'arrivée de plusieurs hommes en costume. Moi-même je suis attirée par l'autorité qu'ils imposent...Seigneur qu'est-ce que je fous là...
Un silence total règne autour de nous, Adan ne semble pas remarquer la présence des trois hommes, il prolonge son intense conversation malgré le regard mal à l'aise du vieil homme en face de lui. Parmi les trois hommes, se trouve John Poders, ses cheveux bruns sont plaqués en arrière et ses traits de visage sont serrés. Son assurance me crispe sur place, John s'arrête près de nous, derrière Adan qui se tait un instant puis tourne sur lui-même, se retrouvant en face à face avec lui.
— Vous êtes ?
Mais à quoi joue-t-il ? Il le sait non ?
— John Poders, directeur de l'agence Poders, et vous ? Le ton est froid, cassant à vrai dire.
— Adan Brown, dit-il sèchement, P-DG de la Brown'sEntreprise.
L'atroce tension qui se trouve dans l'air me fait froid dans le dos, malgré la noirceur dans leurs regards, je ressens comme une drôle d'impression. Est-ce qu'ils se connaissent ?
Le silence s'intensifie.
— Alors comme ça, c'est toi à la tête de la Brown'sEntreprise, j'aurais parié sur quelqu'un d'autre. baratine-t-il en lançant un regard complice aux deux hommes qui l'accompagnent.
— Tu vois, moi aussi j'aurais parié sur quelqu'un d'autre, fait Adan avec un pause, quelqu'un avec un minimum d'intellectualité.
Apparemment, John digère mal la pique cinglante d'Adan puisqu'il fronce les sourcils et sort méchamment :
— Qu'est-ce que tu fous là, Brown ?
— Un petite visite.
Il se moque avec un visage si sérieux, c'en est déstabilisant.
— Tu ne peux t'empêcher de fourrer ton nez dans les affaires qui ne te concernent pas, hein ?
— Il faut croire. affirme-t-il, amusé.
— Monsieur Lewis, puis-je vous servir un verre ?
John ignore Adan et ronronne des paroles mielleuses à M.Lewis qui se sent dans l'obligation d'accepter. Comme si les gens étaient soudainement désintéressés par le tournois de boxe, ils s'éloignent de nous. Je me retrouve donc, seule avec Adan.
— Vous le connaissez ?
— Oui, répond-t-il en toisant John et M.Lewis, j'ai passé mes années de collège et lycée avec ce salaud qui apparemment est toujours aussi con.
Pardon ?
— Pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt ?
Son manque de communication me tape sérieusement sur les nerfs.
— Ça aurait avancé à quoi ?
— Je...je ne sais pas mais...
— Lors du discours, me coupe-t-il, je déballerai toutes ses négligences. Si George Lewis est assez clairvoyant, il annulera les signatures prévues.
— Mais, vous...
— Je suppose qu'il va raconter son baratin à tout le monde alors, autant faire quelque chose de plus distrayant.
Quand va-t-il cesser de me couper la parole ? Je m'apprête à répliquer mais, il attrape ma main et m'entraîne dans plusieurs pièces en marmonnant des phrases incompréhensibles, Où est-ce qu'il m'emmène comme ça ?
Il pousse une autre porte et souffle de satisfaction, un billard ?
— Vous savez jouer ?
— Q...quoi ? Non.
— Vous allez voir, c'est simple.
Est-il sérieux ?
— A...attendez, m'étonné-je, pourquoi vous ne restez pas avec eux ?
— Trop ennuyeux. grogne-t-il en choisissant méticuleusement deux queues de billard.
— Trop ennuyeux ?
Je répète sa phrase, choquée par sa franchise.
— Vous pensez sérieusement que toutes ces parlottes m'intéressent ?
— En sachant que pas grand chose vous intéresse cela n'aurait pas dû me surprendre...marmonné-je, mais je pensais tout de même que parler de tout ça vous intéressez.
— Détrompez-vous, je bosse dur parce que, bâcler quelque chose n'est pas mon truc.
Alors...il n'a jamais voulu être P-DG ? Quelle nouvelle, il me surprend de jour en jour.
— Venez ici, je vais vous montrer.

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant