• Chapitre 18 •

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Naomi

Une gigantesque salle avec pour sol, des grilles d'acier, comme dans les chantiers. J'aurais peut-être préféré la mousse...Mes escarpins de dix centimètres se coinceront à l'intérieur tout en me cassant une cheville au passage. Sous la grille, se trouve de l'eau, de l'eau se faufilant à travers les quelques plantes vertes qui y siègent. Mon cerveau fuse comme une marmite, une solution à ce problème et vite !
— Qu'est-ce que vous attendez ?
Me demande Adan, interloqué. Non...il ne manquait plus que lui pour couronner le tout.
— Je...je ne peux pas...
Je désigne mes pieds d'un coup de menton avant de regarder ailleurs, gênée par la situation plus que ridicule.
— Je vois.
Il remonte les escaliers et se place face à moi.
— Enlevez-les ?
— Vous plaisantez ? Je ne vais pas enlever mes chaussures en pleine exposition.
— Nous n'allons pas rester plantés ici, monsieur Changmao nous attend.
— Je sais bien, allez-y tout seul. Je vais attendre...ici. Bredouillé-je.
— Je dois également vous présenter.
Comprend-t-il réellement la situation ?
— Bon, s'arrête-t-il, il y a des divans de ce côté là je...
— Je n'arriverai pas à marcher jusque-là sans me tordre une cheville.
Mon agacement est palpable.
— Vous, non.
Comment ça "Vous, non." ? Avant que je n'aie le temps de réagir, l'un de ses bras s'enroulent autour de ma taille, me plaquant contre son torse. Mes pieds ne touchent plus le sol.
— Qu'est-ce que vous...Reposez-moi ! Tout de suite !
— Arrêtez de gigoter, les gens vont nous remarquer.
Parce que nous passons sérieusement inaperçus ? Je suis collée contre lui, son parfum m'aguiche et la chaleur de son torse se rallie à la mienne.
— Posez-moi !
Mes chuchotements sévères ne lui font aucun effet. Dès lors qu'il m'aura posée, je lui enfoncerai mon talon dans la gorge !
— Si je vous pose, vous tomberez.
— Eh bien, je préfère encore tomber que de rester dans cette position !
Alors que je pensais qu'il allait me relâcher, il glousse comme un idiot et resserre la prise sur ma taille pour finalement me poser sur l'un des divans. Mon regard furieux n'échappe pas au sien qui est particulièrement amusé.
— Je vous interdis de refaire ce que vous avez fait.
— Ah bon ? Ah bon !? Il est sérieux ?
J'inhale un maximum d'air, prête à éclater comme un ballon de baudruche trop rempli mais un groupe d'hommes asiatiques s'avance vers nous. Ils ne pouvaient pas tomber mieux...
Adan se met à parler dans un fluide Japonais, je ne comprends pas un traite mot de ce qu'il raconte. Après plusieurs secondes de syllabes étrangères prononcées, la main tendue d'Adan me désigne rapidement, ils parlent de moi ! Je donnerais tout pour ne pas rester assise sur ce canapé comme une idiote en manque de politesse. Je réussis tout de même à leur offrir un léger signe de tête. Les regards des hommes passent d'Adan à moi puis, mes chevilles et encore à Adan. Plusieurs minutes passent avant qu'ils ne tournent les talons. Curieusement, Adan ne les lâche pas des yeux. Au dernier moment, je remarque que sa mâchoire est violemment crispée, il pourrait presque se briser les molaires.
— Que...que s'est-il passé ?
J'adoucis ma voix et prie pour ne pas me faire dévorer par la colère qui émane de lui. Mais, il détend soudainement ses muscles, c'en est presque irréel.
— Ils ont apprécié le mail mais malgré ça, notre programme ne leur convient pas. Ils hésitent...ils hésitent beaucoup trop même.
— Il ne leur convient pas ? Mais c'est insensé, ils ont besoin d'un partenariat comme le nôtre, il leur ai même propice !
— Il faut croire que non. Nous n'allons pas les forcer après tout.
— Vous êtes entrain de renoncer ? Cette fois c'est à mon tour d'être furieuse.
— Je n'ai pas le choix, leur lécher les bottes ne ferait que nous ridiculiser. Crache-t-il, irrité.
— Qu'ont-ils dit d'autre ?
— Les transports aériens sont pour eux, trop dangereux voire meurtriers, ils opteraient plus pour les transports par voie maritime, ce qui est complètement impensable sachant que leurs foutus navires polluent plus que des milliers de voitures.

Il serre le poing.
— Meurtriers...
La frustration que je ressens, décuple toutes les pensées qui se mêlent dans ma boîte crânienne.
— Au final, écrire un mail n'a fait qu'être inutile.
Soupire-t-il.
— Vous dites cela sérieusement ?
— Pas moi, eux.
Ils ont beau être des hommes d'affaires puissants comme terrifiants, dénigrer un mail rempli de bon cœur ne se fait certainement pas. Je prends tout mon courage à deux mains et prends une forte respiration.
— Pouvez-vous m'accompagner à eux ? J'ai besoin de vos services de traducteur s'il vous plaît.
Je retire mes chaussures, les tiens d'une main et marche d'un pas déterminé vers tous ces Bourges qui sirotent leurs verres en toute tranquillité pendant que notre travail s'effondre telle une tour de kapla.
— Je vous demande de traduire ce que je vais dire.
— D'accord.
Eh bien, pour une fois qu'il se range de mon côté. Les hommes autour de M.Changmao pivotent vers nous, le regard curieux de M.Changmao me laisse indifférente, il ne faut pas baisser les bras.
— Excusez-moi de vous déranger monsieur mais, j'aimerais que vous nous écoutiez un peu plus si vous le voulez bien. Je n'ai pas eu le temps de me présenter mais, je m'appelle Naomi Anderson, secrétaire de direction au sein de la Brown's Entreprise. J'ai longuement étudié vos méthodes de transportation à différents endroits dans le monde, le coût de transporter de la marchandise en navire revient bien plus cher qu'en avion, en prenant également en considération que les risques d'avoir un accident en avion sont de 0,00001 % tandis qu'un naufrage en bateau est de 3%. L'aide que nous vous offrons est bien plus intéressante que n'importe quelle autre, contrairement à d'autres. Nous voulons conserver l'économie mondiale tout en préservant la planète. Nous savons très bien vous et moi le nombre de liquides qui se déversent de jour en jour dans nos océans alors je vous en prie, réfléchissez à notre proposition.
Mes mots s'élancent sans que je ne les retienne, malgré ça. Adan parvient à me suivre et traduit chaque mot avec une habileté éclatante.
M.Changmao reste de marbre puis affiche un léger rictus, j'ai le cœur qui palpite sur chaque centimètre de ma peau. Il balance quelques mots avant de nous tourner le dos. Est-ce que je viens de rater mon coup ? Le groupe d'hommes s'éloigne et je soupire de déception.
— Je suis désolée, j'ai voulu tenter le tout pour le tout mais...
— Taisez-vous.
— Je suis vraiment...
— « Gardez-la celle-là ». Mâchonne-t-il.
— Pardon ?
— C'est ce qu'il a dit, bravo. Vous l'avez convaincu.
Malgré son ton nonchalant, mon cœur saute de joie. Je sautille sur place, un grand sourire sur les lèvres.
— Vous devriez retourner sur le divan, les gens regardent vos pieds. Quoi !?

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant