• Chapitre 10 •

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Naomi

Les genoux de l'homme se replient sur eux-mêmes en même temps que mes paupières se rabattent. J'ai tellement mal à la tête...
— Est-ce que vous pouvez vous lever ?
Sa voix me semble si lointaine, je secoue négativement la tête en sentant pertinemment que mes forces sont presque inexistantes.
Après de nombreux soupirs de la personne en face de moi, un bras se glisse derrière mes genoux et un autre, au centre de ma colonne vertébrale.
Peu à peu, je me sens quitter le sol. Prise d'un intense fou rire, je bascule la tête en arrière.
Il vient de me soulever dans la moindre difficulté, je suis une vraie plume.
Le parfum viril de l'homme s'accapare de mes sens. Mh...Il sent bon...
Ma tête est tellement lourde que je me sens obligée de coller ma joue contre sa poitrine pour ne pas me briser la nuque.
Mes yeux restent scellés. Je n'arrive plus à les ouvrir mais, à l'entente d'une voix paniquée. Je reprends un semblant de connaissance.
— Naomi !
— Monsieur Williams ? Je m'occupe de ramener mademoiselle Anderson chez elle.
Veuillez vous occuper de la seconde personne à l'intérieur des cabinets.
— Ouais...Enfin, oui.
Je reconnais la voix de Jeffrey. J'essaie de dire quelque chose mais ma trachée subit les flammes de l'alcool et du vomi.
Merde, il faut que je reste avec Jeffrey et Jenna.
Avec les dernières forces qu'il me reste, je pose les mains sur le torse ferme de l'homme et tente de le repousser mais, contre tout attente. Il resserre sa prise sur mon corps et lance :
— Tenez-vous tranquille. Quelle autorité !
Lorsque la musique de la boîte de nuit me semble assez loin. Je comprends que nous venons de sortir sur le parking.
L'alcool que j'ai ingurgité est un volcan en irruption, j'ai l'impression que je vais fondre et dégouliner des bras de cet inconnu. La fraîcheur de l'extérieur empire la situation, mes joues sont en feu.
— Chaud...Il fait trop...chaud. Tenté-je d'articuler en remontant le bas de ma robe jusqu'au nombril.
— Qu'est-ce que vous...Merde !
Surpris, l'homme me serre d'avantage contre lui. Des exclamations et des sifflements bruyants parviennent à mes oreilles. Oh non mais qu'est-ce que je suis entrain de faire...
Le souffle de la nuit fait voltiger mes cheveux dans tous les sens. Je n'ai aucune idée de comment l'homme fait pour me tenir aussi longtemps. Il doit être bien bâti...
Le ronronnement d'une voiture se fait entendre.
— Maintenez-vous à mon cou. Oui, chef !
J'enroule mes bras autour de sa nuque et me penche de plus en plus près de son visage.
Son haleine chaude et sucrée se frappe contre mes lèvres.
— Merci...
Je murmure et dépose un baiser sur ses lèvres. Comme brûlé par mon geste impulsif, il recule immédiatement. Mh...elles étaient douces, comme du coton.
L'une de ses mains quitte mon dos et ouvre la portière. Je me cramponne à lui, comme à un radeau. Les muscles de sa nuque sont tendus à leur maximum. Pourquoi ?
Mes fesses s'enfoncent dans le cuir d'un siège, l'homme se penche tout près de moi et une odeur familière vient choyer mes narines.
Le clip d'une ceinture retentit dans l'habitacle, il resserre la bande en cuir qui me maintient assise et recule. Sa chaleur me quitte aussitôt.
Malgré le fait que je sois installée et attachée, il semble hésiter à faire quelque chose. Finalement, il râle et prend délicatement les pans de ma robe qu'il vient ensuite redescendre le long de mes cuisses.
Je ne le repousse pas et bascule la tête contre le siège.
Après un instant, l'inconnu s'assoit à mes côtés et de nouveau, son parfum s'empare de mes narines. Ce qu'il sent bon ! J'adore cette odeur...
Le moteur qui jusque-là, n'émettait qu'un ronronnement calme et assuré se déchaîne dans un rugissement brut. C'est quoi cette bagnole ?
— Fait chier, qu'est-ce que je fous...
Je doute qu'il ne s'adresse à moi et puis de toute façon, je suis bien trop épuisée pour ouvrir la bouche.
Les bruits extérieurs me font somnoler...J'entends les véhicules, le vent, les klaxons, la chaleur qu'émet le chauffage, la respiration agitée et saccadée de l'homme. Je me sens bête de ne pas reconnaître la personne qui prend le temps de m'aider.
Si Jeff m'a laissée avec lui. C'est sûrement qu'il n'est pas un danger pour moi. Je dois le connaître ?
Ou alors, demain je serai ligotée à une chaise, prête à me faire découper en morceaux. Mille scénarios se bousculent dans ma tête...
Ne pense pas à ça Nomi...Dit ma conscience, écroulée sur le ventre avec une bouteille de vin à la main.
Je veux juste retrouver mon lit et oublier cette soirée catastrophique.
Suite aux plusieurs minutes sur les routes de Manhattan, la voiture finit par s'arrêter.

Le lourd claquement d'une porte m'arrache de ma somnolence. Je bats des cils et parviens peu à peu à ouvrir les yeux sur ce qui me semble être mon appartement, plongé dans la pénombre.
Les deux bras forts de l'homme me déposent sur une large surface moelleuse et s'écartent. Mes escarpins sautent et s'écroulent sur le parquet. La douceur d'une couverture trouve refuge sur mes épaules tandis que je papillonne des yeux pour avoir un aperçu de la personne qui est aux petits soins pour la pauvre fille torchée que je suis à cet instant.
Il fait trop sombre dans la chambre, je ne devine qu'une grande silhouette.
— Je vais laisser les clefs sur votre table de chevet, reposez-vous et...
— Attendez. Le coupé-je d'une voix ensommeillée, dites-moi votre nom.
J'agrippe sa manche du bout des doigts et lutte contre le sommeil qui veut à tout prix m'emporter.
— Ce n'est pas nécessaire. Faites de beaux rêves, Anderson.
Jusque-là, sa voix était droite et autoritaire mais cette fois-ci, elle s'est montrée douce et apaisante.
Je relâche sa manche avec un soupir et ferme les yeux sur le plafond de ma chambre.

•••


Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant