• Chapitre 9 •

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Naomi

— Je ne serais vraiment pas capable de me tenir face à lui, il me fout la chair de poule !
Elle accompagne ses paroles en se frottant vigoureusement les épaules avec une jolie grimace. Je ricane.
— Oui c'est vrai qu'il est très intimidant.
Aussitôt, mes pensées basculent vers le tas d'émotions que j'ai ressenti près de lui. Très, très intimidant même...Je commence à croire que ce mec m'obsède. Nao, tu dérailles ! Note ma conscience, les bras croisés contre sa poitrine.
Tandis que Jenna et moi étions en pleine discussion sur Monsieur-Intimidant, un fort bruit de verre résonne à quelques centimètres de nous, sur notre petite table en bois.
— Vous êtes seules mesdames ? Lance une voix goguenarde.
Sa proximité est telle que je sens son haleine gorgée d'alcool. Burk...
— Non, nous attendons notre ami. Il va bientôt arriver. 
Je prends la parole, d'un ton ferme. Pas question que ce type reste avec nous.
— Oh, je peux l'attendre avec vous alors ?Quoi ? Il s'apprête à tirer l'une des chaises mais
une main se pose sur son épaule. Jeff se tient là, avec un grand sourire aux coins des lèvres.
Notre sauveur !
— Un problème ?
Il le dépasse d'une tête. L'homme comprend immédiatement l'avertissement caché dans sa
voix et prend la fuite.
— Désolé pour l'attente, vos boissons n'étaient plus sur l'affiche. Le mec au bar m'a conseillé ces boissons là.
Je prends une petite gorgée du liquide rougeâtre avant d'ouvrir les yeux en grand suite au goût particulièrement fort qui emplit mon palais. La vache !
— Oh...Je tousse un bon coup et reprends d'une voix étranglée, c'est très fort...
Jenna goûte à son tour.
— Je n'ai jamais goûté une boisson aussi forte que celle-là !
Jeff rigole et prend une gorgée de son verre. L'odeur hallucinante du whisky me monte à la tête. Après avoir ingurgité nos verres, nous fonçons sur la large piste de danse. Les lumières bleues viennent danser contre nos peaux, comme les flammes d'un feu de camp.
La musique m'absorbe dans une bulle de démence, mes mouvements sont déchaînés.
Le rythme des basses est énergique ce qui n'arrange pas le mal de crâne qui vient me picorer le front. La boisson proposée par le barman n'était visiblement pas adaptée pour moi, j'ai la tête qui tourne.
Malgré mon intense mal de tête, je me sens extrêmement détendue. Beaucoup trop...
— Wouuuhh ! Hurlé-je à toute puissance.
— Nao, tu devrais t'asseoir maintenant.
— Non je suis bien, là !
Jeff m'attrape l'avant-bras et me force à le suivre. Je ne résiste pas, trop molle pour tenter de le repousser, il me cloue brusquement les fesses sur l'une des chaises. Aïe.
J'éclate d'un rire incontrôlé et enfouis mon visage dans mes bras. Je suis bourrée, hilare et j'ai le tournis.
— Je vais vous chercher de l'eau, ne bougez pas. Ordonne-t-il, avec un regard noir.
Je pouffe de rire.
— Jenna, t'es la plus sobre de vous deux. Surveille la, s'il te plaît.
Surveille la ? Et puis quoi encore, je suis un petit toutou maintenant ?
— Okay...
Jenna masse ses tempes, les yeux clos.
— Hey, viens avec moi sur la piste...chuchoté-je, pleine de malice. Non, Nomi !
— Désolée...j'ai des hauts-le-cœur...
Avec le son de la musique en arrière plan. Je peine à comprendre ce qu'elle raconte.
J'ai...Cœur ?
— C'est normal que t'aies un cœur, banane !
Je rigole comme une fillette. Pourtant une fillette ne se bourre pas la gueule...Enchaîne ma conscience, le ton réprobateur.
— Je vais vom...
Soudain, elle pose ses deux mains sur ses lèvres et se lève précipitamment. Je la regarde partir en direction des WC.
— Oh, alors c'était ça...
Je pouffe de rire une seconde fois avant qu'un picotement vienne me saisir le crâne. Wow, c'est décidé, plus jamais je n'avale une goutte d'alcool.
Si Brown ne m'avait pas choisie pour ce poste à la noix, je ne serais peut-être pas là ou du moins, je ne serais pas ivre. En plus d'avoir un caractère de merde, il me porte la poisse...Merci monsieur Brown — le vilain patron autoritaire ! —
Une vibration dans ma poche me tire de mes pensées, Jenna ?
{— Viens m'aider.}
Il me faut un effort surhumain pour me relever de cette chaise. Une fois sur mes deux pieds, je suis prise d'un vertige. Oh...Bon sang.
Je chancelle et parviens à trouver les toilettes sans me ramasser sur le sol avec mes talons. Je bouscule quelques personnes et lâche d'une voix alcoolisée :
— Excusez-moi, c'est mon amie qui vomit alors, ma place est VIP !
Je glousse et tente de marcher droit. Échec.
Jenna est avachie sur la cuvette des toilettes.
J'attrape plusieurs poignées de papier toilette et lui tends avant de me laisser glisser sur le sol. Le carrelage me gèle les fesses.
Mon estomac semble vouloir se briser en deux, c'est douloureux...Jenna émet quelques bruits d'évacuation, tire la chasse d'eau et s'effondre à moitié sur le sol.
Je tends la main pour caresser son dos mais en me pliant en deux, mon estomac se soulève et me pousse à geindre de douleur.
Je me rue sur la cuvette et laisse le champ libre à mon estomac. J'évacue l'alcool, mes douleurs et je crois mes intestins...Ma gorge est en feu.
Je toussote plusieurs fois et renifle bruyamment du nez, mes larmes s'écoulent le long de mes joues. Sentir ces larmes couler me ramène des années en arrière, ma mère me manque.
J'essuie mes lèvres à l'aide d'un mouchoir et sors mon téléphone. Après plusieurs clics à l'aveugle parmi mes contacts en A, plusieurs sonneries retentissent.
— Allô ?
— Maman...Sangloté-je à bout de force.
— Mademoiselle Anderson ? Répond la personne au bout du fil, une voix d'homme ?
Je n'arrive pas à reconnaître la voix de cet homme.
— Pourquoi avez-vous le téléphone de ma mère ? Où est-elle et qui êtes vous !
Je m'énerve et pleure comme une madeleine. Je veux juste avoir ma mère.
— Anderson...Qu'est-ce que vous faites bon Dieu...
— S'il vous plaît, passez-la-moi...
— Ce n'est pas votre mère. Où-êtes vous ?
— Sur le sol des toilettes. Dites-moi où je peux la joindre...
Il met quelques secondes avant de répondre.
— À quel endroit ?
— Dans une boite de nuit mais, ce n'est pas la question !
J'entends du mouvement avant qu'il ne me raccroche au nez. Je rêve où...
— Espèce de connard...
Je peste comme une sauvage et fourre mon téléphone dans la petite pochette qui me sert de sac à main.
— Vous allez sortir de là ! Crie une femme en dehors de la cabine.
— Je n'ai pas fini de faire pipi !
Je hurle et essuie mes larmes du revers de la main. J'ai envie de dormir, je suis crevée...
Affalée sur le mur des toilettes, je somnole. Les voix des femmes à l'extérieur me réveillent en un bond.
— Êtes-vous de la sécurité ? Ça fait trente minutes que j'attends qu'elles sortent !
La porte des toilettes s'ouvre vivement. Je papillonne des yeux et observe le pantalon noir de la personne face à moi.
— Votre pantalon est très joli Monsieur-de-la-sécurité...
Je mâche mes mots, c'est incompréhensible.
— Putain. Lâche-t-il en s'abaissant à ma hauteur.

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant