• Chapitre 58 •

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Naomi

Je me tortille sur la banquette, Jeff ne semble pas remarquer quoi que ce soit. Merde, que me veut-il ?
— Hé, tu m'écoutes ? s'agace-t-il, les sourcils blonds arqués.
— Désolée, j'étais ailleurs.
Mon malaise se fait plus vif et Jeffrey le remarque enfin.
— Tu es sûre que tout va bien ?
Il s'inquiète.
— Oui, oui...je t'écoute.
Il acquiesce, douteux et poursuit :
— Ça fait longtemps que l'on ne s'est pas fait ce genre de soirée, pas depuis la dernière fois en tout cas. Ça m'avait manqué...dit-il avec soulagement.
— C'est vrai. lancé-je d'un air à la fois déconcentré et anxieux.
— Naomi, sérieusement. Dis-moi ce qu'il se passe ?
Je hoquette de surprise face à son ton sec. Ça ne sert à rien de le cacher plus longtemps. Autant lui dire, il va bien finir par s'en rendre compte alors...
— Il y a un homme, près de la table des deux femmes blondes. Il ne me lâche pas du regard, ça me met mal à l'aise, c'est tout.
Jeff jette un coup d'œil discret et murmure à mon intention :
— C'est juste un gars qui te trouve jolie Naomi, pas de quoi en faire tout un plat.
J'hausse les épaules, mitigée. Pas de quoi en faire tout un plat ? Sérieusement ? C'est à peine s'il se lèche les babines pour me dévorer.
— S'il se ramène, je dirai que je suis ton copain. Il décampera comme un lapin j'en suis sûr !
Sauf que ce n'est pas à toi de tenir ce rôle Jeff. L'homme qui doit dire cette phrase est enfermé dans un bureau, au sommet d'une tour de verre et d'ivoire. Quelle plaie !
À travers les multiples corps transpirants et ondulants, j'aperçois Jenna suivie d'un jeune homme blond à la peau noircie par le soleil. Son petit ami est un surfeur ?
— Naomi, ça me fait tellement plaisir de te voir. (Elle m'enlace avec force et embrasse mes joues.) Je croyais que tu ne pouvais pas venir avec...Avec ? Adan n'est pas avec toi ?
— À ce que je sache, je suis encore une adulte responsable avec un quotient intellectuel assez fonctionnel pour sortir seule.
— Il sait que tu es là ?
Se mêle Jeff. Pourquoi ces questions ?
Désormais, ils habitent ensemble Jeff, il doit être au courant.
Non mais savent-ils que je suis présente ?
— Ce n'est pas officiel ! Je me renfrogne, je vous ferai dire que mon appartement n'est pas à vendre et puis, j'attends que la situation se calme avant d'y retourner.
Je ne suis pas sûre qu'Adan approuverait mes paroles mais on va faire comme si. De toutes façons, je ne suis pas enchaînée à son appartement, j'y reste de mon plein grés !
— C'est ça.
Jeff lève les yeux au ciel. Il s'est levé du mauvais pied ou quoi ?
— Bref, on s'en fiche. dit-elle, balayant l'air d'un revers de la main. Naomi, Lucas. Lucas, Naomi.
Lucas m'accueille d'un grand sourire cent pour cent "Bright" et me tend la main. Je lui souris en retour et enserre sa large paume. Sa peau est rugueuse, elle a apparemment bien servi.
— Enchanté Naomi.
J'acquiesce du menton avec amitié et mets fin à notre poignet de main.

La soirée s'écoule plutôt calmement, les amies de Jenna sont sympas quoiqu'un peu trop superficielles mais dans l'ensemble, c'est plaisant. Je triture la paille de mon verre lorsque mon téléphone vibre dans la mince pochette de mon sac à main. Merde...trois appels manqués d'Adan.
—...Allô ? dis-je prudemment.
— Seigneur Naomi ! s'exaspère-t-il. Pourquoi tu ne décrochais pas ?
Le ton de sa voix est sévère, j'ai l'impression de retourner des années en arrière lorsque mon père me grondait après une bêtise.
— Je suis désolée, je n'ai pas fait attention.
— Ouais j'ai vu ça.
Il est sacrément énervé...Qu'il aille se faire voir, glisse ma vilaine conscience à mon oreille.
— Adan, je vais bien alors ne soit pas fâché, d'accord ?
— Je ne suis pas fâché, juste irrité par ton comportement.
— N'est-ce pas la même chose ?
Je tente de faire de l'humour mais, cela s'avère être un lourd échec gorgé de silence.
— Tu es où ? Il change de sujet...
— Au Power'sNight, pourquoi ? Tu comptes venir me tirer d'ici par les cheveux ?
— C'est une proposition très intéressante que vous me faites là, mais non. Il est juste tard, je viens te chercher.
Quoi ?
Adan...
Il m'exaspère.
— S'il te plaît Naomi, ne discute pas. Très bien.
— D'accord, je t'attends. À tout de suite.
Il raccroche immédiatement après m'avoir ordonné de rester près de mon téléphone portable. C'est vrai qu'il est tard et puis, je n'ai pas envie de me disputer avec lui ce soir.
Je range mon téléphone et jette un coup d'œil près des deux femmes blondes qui semblent déjà bien alcoolisées. L'homme n'a pas bougé, il avale le liquide brun de son verre et relève le menton, droit vers moi. Se pourrait-il que ce soit un paparazzi ?
Je me penche à l'oreille de Jeff et glisse entre deux râlements.
— Je pense que c'est un paparazzi, il n'arrête pas de me dévisager comme s'il mourrait d'envie de me prendre en photo.
Jeff bascule la tête vers l'homme et se lève soudainement :
— Viens, on va le voir. Hein !
— Quoi ? Non, tu es fou ?
Il m'attrape la main et me tire de la banquette. Oh la la, non. Je n'ai vraiment pas envie de le suivre.
— Jeff, je crois que c'est une très mauvais idée.
Je m'alarme mais il ne m'écoute pas, trop encouragé par le verre de rhum qu'il vient d'engloutir. Jeff se poste face à l'homme, les poings serrés et je reste à ses côtés sans dire un mot.
— Tu peux arrêter de fixer ma copine comme de la chair fraîche, ça commence à me pomper l'air. aboie-t-il, sans pudeur.
Pendant une demi-seconde, je crois apercevoir de la crainte dans les yeux de l'homme mais, ce n'était qu'une illusion puisqu'il relique :
— Ah bon, c'est ta copine ? se moque-t-il, arrogant.
— Ouais. Jeff fulmine.
L'homme se lève et fait brusquement face à Jeff, il le dépasse de plusieurs centimètres. Oh mon Dieu...Je ne veux pas de bagarre. Je n'ai aucun doute sur la capacité musculaire et défensive de Jeff, il sait se battre. Je l'ai vu plusieurs fois à l'œuvre mais je ne souhaite pas que mon ami se retrouve blessé.
— Tu me prends pour un con ? demande l'homme, le timbre de nouveau condescendant.
Jeff serre les poings et je crois même entendre ses phalanges craquer. Non, non, non...Toute cette affaire pour rien ! Cet inconnu m'a juste regardé avec insistance, rien de bien grave alors pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
Tout à coup, un bras encercle mes épaules et me propulse contre quelque chose de dur sans trop l'être.
Ce parfum masculin et poivré qui apaise toutes mes craintes jusqu'à la dernière goutte, se niche brusquement dans mes narines. Adan, qu'est-ce qu'il fait là ?
— Un problème ?

•••

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant