• Chapitre 14 •

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Naomi

— On ne va pas regarder notre numéro de vol ? Mes pieds sont figés au sol, presque engloutis par le béton.
— Quel numéro ?
— E...est-ce que vous plaisantez ?
— Est-ce que j'en ai l'air ?
Répondre à ma question par une autre, c'est bas. De belles jeunes femmes en tailleur bleu marine s'approchent de nous, des hôtesses ? Je détaille, évalue et admire la taille de l'appareil tout en traînant dans mon dos, ma grosse valise.
C'est impressionnant, les fines lettres dorées sur le fuselage attire mon attention. A.B comme Adan Brown ? Cet avion lui appartient ? Plus rien ne m'étonne...
— Pourquoi tenez-vous encore cette valise ?
Qu'est-ce qu'elle a ma valise ?
— Je ne veux pas les encombrer avec mes affaires. Je réponds, une touche d'insolence dans la voix.
— Ils sont payés pour ça. Quelle condescendance...
Nous arrivons enfin aux pieds du grand escalier métallique, les deux hôtesses arrivent dans mon dos et m'interpellent doucement.
— Mademoiselle Anderson, nous allons nous occuper de votre valise.
— D'accord...merci beaucoup.
J'incline la tête avec un sourire et suis Adan en haut de l'appareil. Je manque de pousser une exclamation tant le luxe de l'intérieur me brûle les yeux. Les fauteuils, disposés près des hublots m'ont l'air moelleux et confortables. Adan, sûrement habitué à tout ce luxe, s'assied sur l'un d'eux et consulte son téléphone. Je préfère éviter une remarque acerbe de sa part alors, je m'avance dans cette espace qui m'est inconnu et pose mon derrière sur l'un des fauteuils immaculés. Il paraît que lorsque l'on décolle en avion, c'est comme flotter au dessus de notre corps. Je veux vivre cette sensation.
— Êtes-vous bien installé monsieur ? Demande une hôtesse, accompagnée d'un sourire étincelant.
— Oui.
Visiblement, je ne suis pas la seule à subir son ton bourru. Ours mal léché un jour, ours mal léché toujours.
— Nous allons vous apporter quelque chose à déguster.
— Bien, veuillez apporter quelque chose pour mademoiselle.
— Très bien, monsieur.
Elle s'éloigne, roulant des hanches dans sa jupe crayon et disparaît derrière un grand rideau blanc. Quelques secondes plus tard, elle revient avec un chariot, encombré de nourriture. J'en ai l'eau à la bouche...Le liquide topaze qu'elle verse dans le verre d'Adan ne me dit rien qui vaille, mon hypothèse est vite confirmée lorsqu'une forte odeur de whisky vient me piquer les narines. Bon sang ce que l'odeur me donne la nausée...
— Excusez-moi ? Je demande, une grimace sur les lèvres. Avez-vous de l'eau ?
Je me retiens de pincer le nez.
— Bien sûr, mademoiselle.
Adan se met à me dévisager avec un drôle de rictus. Il se moque ou je rêve ?
— Qu'y a-t-il ?
— Rien du tout.
Il trempe ses lèvres dans le verre sans me lâcher du regard. Lorsque la voix claire d'une femme résonne entre-nous, j'agrippe les bords du siège de toutes mes forces et inspire. Et si l'avion subissait les foudres du ciel ? Ça y est, j'ai peur. Non ! Pas maintenant. J'ai encore une chance de m'échapper ? Je vois le paysage s'accélérer à travers le hublot. Oh mon Dieu...
Je ferme les yeux si fort que lorsque je les rouvre, de petites étoiles rosâtres m'aveuglent.
— Vous n'avez jamais pris l'avion, je me trompe ?
La voix rauque d'Adan me fait faire un bond sur le siège.
— Non...C'est la première fois, la sensation est...vibrante. La fin de ma phrase se termine à peine.
— Vous trouvez ?
La mélancolie dans ses yeux me retourne l'estomac, je détaille son visage afin de déchiffrer ses émotions mais c'est bien trop embrouillé pour que je comprenne la moindre chose. Que ressent-il ? Pourquoi est-il devenu si morose ?

Voilà plusieurs heures que nous sommes installés dans le jet. La nuit est tombée plus vite que je ne l'aurais cru. Mes paupières sont de plus en plus lourdes mais, je me bats corps et âme pour ne pas sombrer. Si un mauvais rêve me surprend, je serai incapable d'expliquer la situation à Adan. Que va-t-il penser ? Que son assistante est complètement timbrée ? Je ne vois pas les étoiles mais je suppose qu'elles sont nombreuses dans le ciel, je me demande où nous sommes. Au dessus de Paris ? De Moscou ou juste au dessus du désert ? J'aimerais voyager plus souvent, prendre le temps de découvrir d'autres horizons que Manhattan et ses vendeurs de hot-dogs...
— Vous avez mauvaise mine, dormez un peu. Me lance-t-il en un rapide coup d'œil. Sympa, la franchise ne lui écorche pas la gorge apparemment. Aucune trace de fatigue ne chatouille son visage, quel est son secret ?
— Non, ça va, je vais lire.
Je secoue le bouquin à moitié devant son nez et finis par me cacher derrière. Les romans d'amour, c'est mon péché mignon. Depuis gamine j'adore ça, peut-être que je veux m'identifier à l'une des héroïnes et tout oublier.
Mes émotions sont sur le qui-vive, la joie, la frustration, l'espoir, la déception et pour finir la colère. Non sérieusement, ça ne peut pas se terminer de cette façon !
— Vous grognez souvent en lisant ? Ah !
Son amusement m'agace encore plus. J'ai oublié que je n'étais pas seule...
— Lorsqu'il y a des passages que je n'approuve pas, oui.
— Outlander. Murmure-t-il.
— Pardon ?
— Votre livre.
— Ah...euh oui, vous connaissez ? Bafouillé-je.
— Non.
Je me mets à mordre ma lèvre inférieure en fixant la couverture du bouquin. Est-ce la fatigue qui me donne envie de raconter à mon patron cette magnifique romance ?
— Allez-y, je vous écoute.
— Ça ne vous dérange pas ?
— Non.
— Vous êtes sûr ?
— Dépêchez-vous avant que je ne change d'avis.
Je pose le livre sur la petite table et me tourne face à lui qui referme l'écran de son ordinateur.
Il semble être intéressé, c'est surprenant. En tant que grande passionnée, je laisse le champ libre à mes mots et lui fait un résumé en bonne et due forme, qu'il écoute d'une oreille attentive.
Une fois terminée, son rire se déploie comme les pétales d'une rose en été. Je l'observe, sur la défensive. Il se paie ma tête ?
— Qu'est-ce qui vous fait rire comme ça ?
— Vous êtes étrange.
Moi, étrange ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité dans ces cas-là.
— Je vous retourne le compliment.
Je lève les yeux au ciel, pas vraiment agacée et replonge le nez dans mes pages mais un mouvement retient mon attention. Je lève les yeux et regarde Adan qui s'installe nonchalamment à mes côtés.
— Quelque chose ne va pas ? Le questionné-je, incertaine. Vous êtes trop proche.
— Je voudrais savoir la suite.
— La suite ? Je peux vous le prêter pour...
— Non, lisez-le-moi. Décidément trop proche.
Je ne bouge plus, ne respire plus et le regarde en coin. Sa tête est renversée en arrière, ses lèvres charnues et tentantes sont entrouvertes, il ferme les yeux. Pourquoi change-t-il de comportement aussi vite ? Un coup il est horrible et un coup il est presque adorable, mon cœur ne suit plus. C'est trop compliqué de côtoyer cet homme...
Je prends une ample inspiration et commence à lire. Difficile de cacher les tremblements qui envahissent ma voix.

N'entendant que le silence complet, je tourne la tête de son côté et le découvre, la tête penchée sur le côté, endormi. Son visage est détendu, plus serein.
Comment peut-on ressembler à un ange et se comporter comme un vrai démon. Mais, après tout, Lucifer était un ange par le passé...

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Aussi je tiens à dire que "Outlander" est une série sur Netflix et une série de livres ❤️

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant