• Chapitre 56 •

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Naomi

Emménager avec lui ? Emménager avec lui...Répète ma conscience, s'étouffant à moitié. Comme un couple ? Il ne détourne pas les yeux. 
— Adan...je...
Je suis bouleversée. Suis-je prête ? Est-il prêt ? Je ne comprends pas, je ne sais même pas s'il m'aime ? Que suis-je censée faire ? 
— Je préfère te savoir en sécurité chez moi, tous ces paparazzis et les menaces de John ne me rassurent pas. Ajoute-t-il, grognon.
Je crois que j'en ai envie, que j'en ai même follement envie mais, j'ai peur.
— Adan, j'ai un chat et toutes mes affaires sont là-bas e...et...
— Alors ramène-les ici. Souffle-t-il. Merde, il est énervé ? Sérieusement Anderson, si tu n'en as pas envie, dis-le moi mais, ne tourne pas autour du pot.
— C'est d'accord.
J'ai accepté, je viens d'accepter d'emménager avec lui ! Oui ! Hurle ma conscience, se laissant tomber théâtralement sur son divan en velours couleur saphir.
— D'accord ? répète-il pantois. Alors...
Je hoche la tête, lèvres pincées. Adan écarquille les yeux et me serre dans ses bras, soupirant toutes ses appréhensions. 

— Mademoiselle Anderson, voulez-vous un café allongé, au lait ou un Latte ? Dois-je remettre à monsieur Brown la rédaction des comptes rendus de la dernière réunion ? Faut-il également que j'appelle l'aéroport international de Portland pour le vol AAL1108 vers Berlin ?
Un peu plus vite et je ne comprenais aucun mots...
— Ne vous en faites pas pour le café, la rédaction des comptes rendus à déjà été remis à monsieur Brown, j'appellerai l'aéroport moi-même, merci Paul.
Il sort, sourire aux lèvres.
Suis-je rouillée ou est-il vraiment énergique ? Pfiou.
Je repousse la présentation en cours et vais me ravitailler en caféine. Je me demande si Adan est occupé ? J'ai envie de le voir. 
Le claquement rapide et bruyant des talons aiguilles sur le carrelage me sort de mes pensées. Flora traverse le hall, les poings serrés, les sourcils froncés et les joues rouges de colère. Que ce passe-t-il ? 
J'abandonne mon café et accours vers la jeune femme, aux cheveux dréssés sur la tête signe de fureur.
— Veuillez m'excuser mademoiselle, monsieur Brown est en rendez-vous professionnel jusqu'à 15 heures.
Suzie semble impressionnée par la prestance de Flora. C'est bien une Brown...
— Donnez-moi l'adresse de ce rendez-vous professionnel, s'il vous plaît.
— Euh...Je ne..
Suzie bafouille, rouge cerise. Je m'approche des deux femmes et pose une main sur l'épaule de Flora, elle se retourne, les sourcils froncés.
— Naomi ?
— Bonjour Flora, tu veux attendre Adan dans mon bureau, on y sera bien plus confortable ?
Je lis dans ses yeux, qu'elle pèse le pour et le contre. Finalement, elle opine de la tête et me suit.
Je ferme la porte de mon bureau, croisant le regard acerbe et stupéfait de Suzie. Je viens d'éviter une tempête, tu devrais plutôt me remercier. Dis-je tout bas.
Flora s'installe sur une des chaises présentes dans la pièce et je ne sais pas trop quoi dire...
— Euh...Comment va...Jacob ?
— Tu es au courant ? S'étonne-t-elle.
Mince c'est vrai, je ne suis pas censée être au courant de tout ça.
— Eh bien...Je l'ai vu dans les journaux.
Je suppose que mon excuse tient la route, sa vie entière est exposée dans la presse alors cela ne devrait pas l'étonner ?
— Il va bien, son nez n'est pas cassé heureusement mais, il a quand même eu des points de suture.
Mon Monsieur Brown n'y est pas allé de mains mortes.
— Et toi ? Comment tu te sens ?
Malgré tout le maquillage qu'elle a sur la peau, ses cernes ne passent pas inaperçues. Elle semble si fatiguée.
— Moi ? Je vais bien.
Je savais qu'elle allait me répondre cela. C'est une femme forte qui cache ses peines les plus profondes derrière un sourire professionnel. Je la dévisage, compatissante.
— Écoute Naomi, j'en ai assez d'être une source d'inquiétude pour tout le monde. Je vais bien, c'est tout. Rouspète-t-elle, tu devrais plus t'inquiéter pour toi-même. Ajoute-t-elle, se redressant de la chaise.
M'inquiéter pour moi-même ?
— Je sais que tu aimes mon frère et que lui aussi. Il sourit et semble heureux ces derniers temps. Ça me fait plaisir de le voir comme ça mais...
J'appréhende ce qu'il va suivre.
—  Éloigne toi de lui, de notre famille le plus possible. Être proche d'une famille qui attire les médias comme des papillons face à une flamme n'est que source de problèmes. Les journalistes, les gens qui jugent et critiquent sont partout. Ils attendent chez toi la moindre petite faille pour s'y infiltrer et te détruire de l'intérieur.
M'éloigner de lui ? D'eux ? Non, non pas après tout ça. La glace autour d'Adan vient tout juste de se dissiper pour que je puisse voir à travers lui, je ne peux pas faire une chose pareille.
— Ce que je dis est loin d'être contre toi, au contraire. Si je peux éviter de faire vivre à quelqu'un d'autre ce que je vis, je le fais sans remords.
Elle quitte le bureau, me laissant seule avec mes multiples interrogations.
Est-ce la vérité ? Vais-je finir par souffrir ? J'ai déjà eu affaire aux journalistes dans le passé et je ne tiens pas à revivre une chose pareille. La moindre petite faille ? Ma vie entière est composée de failles, est-ce qu'ils sont capables de trouver mes démons ? Non, non non ! Pas ça. Je ne pense pas être capable de gérer tout ça.

Je n'ai fait que ruminer, ruminer et ruminer sans cesse. Les paroles de Flora me hantent, me torturent.
— C'est pas vrai !
Je grogne et enfouis mon visage dans mes paumes.
— Qu'est-ce qui n'est pas vrai ?
— Ah !
Je pousse un cri, me redressant plus vite que la lumière. Adan est adossé contre la porte, avec un sourire amusé aux coins des lèvres.
— Ne me fais plus jamais peur comme ça, j'ai failli faire une crise cardiaque.
— Rien que ça ? Glousse-t-il, s'avançant près de moi.
Éloigne toi de lui, de notre famille le plus possible...
Ses fichus mots me montent au crâne, un incendie se déclare dans mon esprit et tout s'embrouille.
— Anderson, est-ce que ça va ? Tu es toute pâle ?
Je tourne la tête, évitant son regard.
— Ce n'est rien, la fatigue c'est tout.
J'ai été plus sèche que je ne l'aurais voulu.
— Je te prie d'arrêter de me mentir, ça ne me plaît pas. Crache-t-il.
Bravo Nomi ! Tu viens de casser l'ambiance alors qu'il se faisait du souci pour ton joli petit cul. Fulmine ma conscience, croisant ses longues jambes galbées.
— Ta sœur est venue tout à l'heure. Dis-je dans un souffle, elle m'a plus ou moins mise en garde.
— Mise en garde contre moi. Il se braque, passant une main dans ses cheveux. Je sais que...je sais que je ne suis pas facile à vivre et que mon quotidien est également loin d'être facile mais, je sais que j'ai envie d'être avec toi.
Mon cœur rate un battement et mes yeux s'humidifient d'un liquide salé.
— Si je dois faire des choses complètement insensées pour être avec toi alors, je les ferai quoi qu'il arrive.
Il râle. Je sais qu'il a du mal à parler, ça se voit, ça s'entend mais le fait de voir qu'il essaye de s'ouvrir à moi, embaume mon cœur d'une douce odeur florale.
— Parce que je suis bien avec toi et, c'est une première pour moi.
Ce n'est pas vraiment la réponse à laquelle je m'attendais mais je pense être capable de m'en contenter.
— Adan...haleté-je.
— Alors, s'il te plaît Naomi, reste avec moi.
Je me permets de croire que c'était une déclaration d'amour, une très belle déclaration d'amour.
— Vous trichez monsieur Brown, ces yeux que vous me faites sont très intimidants.
— Je sais.
Son air condescendant me fait rire. Il efface l'unique larme qui s'écoule de mon œil et pose son front contre le mien, susurrant d'une voix suave, remplie de soif.
— Je veux pouvoir vous observer à chacun de mes réveils, mademoiselle Anderson...

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant