• Chapitre 33 •

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Naomi

La semaine dernière, je n'ai pas arrêté de me poser toutes sortes de questions. C'est bien la toute première fois que je me sens aussi égarée dans mes propres sentiments. Je ne sais pas comment retrouver mon chemin, à vrai dire. Cet homme est un véritable ascenseur émotionnel, il souffle le chaud et le froid, c'en est extrêmement déroutant. Je n'arrive pas à le suivre...
Après le geste tendre qu'il m'a fait lundi dernier, notre relation s'est dégradée. Je gère la tenue de son emploi du temps sans même le voir, je traite le courrier, assiste aux réunions sans qu'il ne me jette un regard, gère l'archivage de tous les documents et organise la mise en place des dossiers sans lui adresser un mot. Je suis terriblement déçue, déçue de son comportement et déçue de ne pas réussir le comprendre mieux que ça...
Ce matin, un futur collaborateur vient faire la visite de l'établissement. En toute logique, j'ai juste à expliquer mes actions au sein de l'entreprise, je suis un peu stressée pour tout dire. La seule chose qui m'a faite décompresser c'est la réconciliation de Jeff et Jenna, ce dernier m'a brièvement envoyé un message, disant qu'avec Jenna c'était réglé. Je suis rassurée de savoir cela, personne n'aimerait voir ses deux amis se faire la tête.
Je me triture nerveusement les doigts et attends comme tout le monde, l'arrivée de l'homme d'affaires apparemment très populaire dans les autres états. Je le connais de part son nom, il est le directeur d'une industrie de transports aériens, c'est assez impressionnant. J'espère qu'il est aimable et facile à vivre...contrairement à un certain patron acariâtre.
Une main se pose sur mon épaule et je fais un léger bon en arrière puis souris à Rick. Ça fait un moment que je ne l'ai pas croisé, c'est toujours un plaisir de revoir le visage souriant de mon ancien manager.
— Alors, comment ça va là haut ?
— Bien, je ne m'ennuie pas.
— Tu t'en sors avec monsieur Brown ? me questionne-t-il d'un ton plus bas.
— Oui, je crois. hésité-je.
— C'est vrai que tu es habituée à la parlotte. se moque-t-il.
Il n'a pas vraiment tort...
— J'ai quelqu'un de fabuleux avec moi, tu sais.
Il me regarde d'un air interrogateur et je sors mon téléphone, le secouant devant ses yeux arrondis. Il pouffe de rire puis se reprend suite aux coups d'œil intrigués de nos collègues.
— Fais attention avec ce quelqu'un, j'ai bien peur que monsieur Brown n'apprécie pas beaucoup la...détente.
— Il n'en saura rien, ris-je, s'il n'a pas caché des caméras dans mon bureau je suppose que je n'ai rien à craindre.
J'observe le profil d'Adan d'un œil divaguant, je repense immédiatement au nombre de fois où je me suis mise à chanter à tue tête dans mon bureau, les écouteurs dans les oreilles. Est-ce que c'est pour cela qu'il a subitement changé ? Il m'a peut-être entendu chanter comme une casserole ? Oh mon Dieu...j'espère que non.
Je glousse comme une bécasse et remarque brusquement qu'il me scrute, les yeux plissés. Merde. Il doit se demander pourquoi je le regarde en riant comme une tarte. Je baisse les yeux sur mes bottines et supplie tous les dieux des cieux pour oublier ce moment embarrassant.
Sauvée par l'arrivée de la limousine noire, il arrache son regard de mon visage honteux et redresse sa carrure imposante. Les flashs des photographes se déclenchent en même temps, provoquant des dizaines de faisceaux lumineux.
Revoir ces flashs me tord l'estomac, je ne garde pas un très bon souvenir de tout ça...
Des hommes en costumes noirs sortent des portières, repoussant les journalistes un peu trop proches. L'un deux part ouvrir l'une des portes et une jambe féminine en sort. Attendez, J.Sliger est une femme et non un homme ? Nom de Dieu...
Elle sort de la voiture, lisse son tailleur gris et donne un coup de cheveux en arrière, elle est d'une beauté ravageuse. J'entends vaguement la jalousie au fond de moi se réveiller. Elle offre un sourire aux multiples photographes qui semblent tomber amoureux en un seul regard.
Lorsqu'elle entre dans le hall, les gens se retournent sur son passage. Elle les fait tomber comme des moucherons. Quelle garce ! Rugit ma conscience, mauvaise.
— Ravie de vous revoir monsieur Belrock, vôtre se porte bien ? Bien, oh et vous aussi monsieur Norton, comment va Carène ?
Elle serre chaleureusement la main de tous ces hommes, qu'elle semble connaître depuis une paire d'années puis se retrouve face à moi.
— Et vous êtes ? m'interroge-t-elle avec un grand sourire, blancheur maximale.
— Naomi, Naomi Anderson.
— Alors c'est vous la nouvelle secrétaire de direction ?
— Euh...oui, c'est bien moi.
J'ai ignoble impression d'être une enfant face à cette femme. Son charisme est impressionnant.
— Ravie de vous rencontrer.
Elle me tend fièrement la main et je la prends sans perdre de temps. Sa peau est douce, comme si elle venait de s'étaler de la crème à mille dollars le tube. Les miennes doivent être aussi mointes que des limaces en automne. Elle poursuit son chemin et arrive enfin face à Adan.
— Et vous êtes Adan Brown, je suppose ?
— Oui, c'est bien ça, enchanté.
Adan attrape sa paume et la serre, le regard de Mlle.Sliger se remplit d'étoiles. Pourquoi le regarde-t-elle de cette façon ? Et pourquoi mettent-ils autant de temps à se serrer la pince ?
Je constate avec étonnement, le froncement indiscret de mes sourcils. Je suis jalouse ?
J'avoue que j'aurais préféré un vieil homme grognon avec une brioche en guise de ventre. Non une femme aussi séduisante et svelte que Paris Hilton. Tu as de la rivalité Nomi...susurre ma conscience, proche de mon oreille.

Je glisse mon sac à main sous mon aisselle et quitte le bureau. Finalement la journée s'est plutôt bien passée, j'ai juste eu besoin d'expliquer le fonctionnement de mon poste et c'était terminé. Mlle.Sliger semble être réellement intéressée par l'entreprise, elle risque d'accepter le contrat bien plus rapidement que je ne l'aurais cru.
Je passe devant le bureau d'Adan d'un pas nonchalant avant de percevoir plusieurs voix derrière la porte, dont une, qui me paraît drôlement familière. Ma curiosité s'éveille et me pousse à approcher discrètement la porte.
— Je peux vous aider ? demande Adan, la voix indifférente.
— Eh bien, oui en effet.
Pourquoi est-elle dans son bureau ? Si tard ?
— J'aimerais en savoir un peu plus sur vôtre collaboration avec la compagnie aérienne de Pékin.
— Oui, bien sûr. Que voulez-vous savoir ?
— À vrai dire, je pensais que l'on pourrait parler de tout ça dans un endroit plus calme et discret qu'ici.
Est-elle en train de l'inviter à sortir ? Plusieurs émotions me retournent l'estomac, je m'approche de la porte et tends un peu plus l'oreille.
— Un endroit plus calme ? répète Adan.
— Pourquoi pas autour d'un café ?
Autour d'un café ? Je vais lui mettre où je pense son café, oui ! Je devrais les interrompre, mais pour dire quoi ?
— Je suis très pris, en ce moment.
— Ne t'en fais pas, Adan. Je vais rester un moment à New-York alors j'ai tout mon temps.
Elle reste un moment à New-York ? Je l'imagine déjà glisser sa main sur la poitrine d'Adan, cette terrible image étrangle mes poumons.
— Alors, peut-être un jour. répond-t-il calmement, lorsque j'aurai du temps libre.
Quoi ? S'époumone mon indélébile jalousie.

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant