• Chapitre 53 •

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Naomi

La pièce est plongée dans le noir, dans une profonde quiétude, une pure sérénité. La respiration en continue d'Adan me berce, ses bras, enroulés autour de ma taille m'empêchent de bouger. Il est beau.
Grâce aux quelques reflets lunaires passant à travers les rideaux, je peux observer son visage. Il est si paisible, comme si rien ne pouvait le tourmenter.
Suite à son échange houleux avec Jacob, son visage est vaguement abîmé par de légères entailles. Je tends les doigts et longe les lignes encore humide de sang.
Soudain, il papillonne des yeux. Oh, non je ne voulais pas le réveiller...
— Que fais-tu Anderson ? marmotte-t-il d'une voix alourdie et somnolente.
Je souris et replace une mèche de ses cheveux qui tombait farouchement devant ses yeux.
— Rien..j'essaie de trouver le sommeil mais, il ne veut pas de moi. me moqué-je.
— Tu veux que je t'aide à le trouver ?
Le rouge me monte aux joues, quel pervers !
— Vous avez des pensées très obscènes, monsieur Brown.
— Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, mademoiselle Anderson.
Il appuie ses paroles en glissant le bout de ses doigts le long de ma colonne vertébrale, ce qui me vaut de lourds frissons dans tout le corps, même aux doigts de pieds.
— Je me faut un verre d'eau. dis-je, afin de m'enfuir.
Je tente d'enlever son bras mais, il râle et me plaque contre lui. Oulala...il nous faut vite de l'eau ! S'écrie ma conscience, secouant ses mains manucurées.
— Non, ne pars pas...
Il grogne contre ma nuque.
— Adan, je dois vraiment aller boire. le grondé-je, attendrie.
Il grommelle et me relâche à contre cœur. Assise sur le plan de travail, je bois mon verre d'eau, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Je n'arrive pas à croire qu'il soit là, dans ma chambre, dans mes draps, et qu'il soit juste comme...ça. C'est comme un rêve, un très beau rêve.

— Mademoiselle Anderson ? Excusez-moi de vous déranger mais, monsieur Reinhardt et monsieur Roberts ont annulé la commande des produits agricoles pour Varsovie et Buenos Aires.
— Quoi ? Pourquoi l'ont-ils annulée ? Les partenariats tiennent toujours alors pourquoi refuser une telle chose ?
C'est une très mauvaise nouvelle...
— Je ne sais pas mademoiselle, la commande a été stockée à l'aéroport John Fitzgerald Kennedy International mais malheureusement l'entrepôt de l'entreprise est trop surchargé pour accueillir tous ces produits.
C'est pas vrai...merde.
Pouvez-vous me joindre l'attestation de stockage ?
— Bien sûr.
— Et, est-ce que Ada...Monsieur Brown est au courant ?
Je me reprends de justesse. Je n'arrive décidément pas à me faire à toutes ces formalités.
— Oui, monsieur Brown a été mis au courant avant tout le monde.
Elle sourit poliment et quitte la pièce.
Pourquoi avoir annulé cette commande ? C'est insensée, annuler les frais de transport vont nous coûter cher...
Agacée par cette nouvelle inattendue, je quitte mon bureau et vais prendre deux cafés noirs au distributeur. Je suppose qu'Adan doit être dans le même état alors, quelque chose de corsé ne lui ferait pas de mal.

— Je me fiche de cela ! Je vous demande de me mettre en contact avec Daniel Reinhardt. Ce n'est pas compliqué, Nom de Dieu !
Debout et de dos, il est assurément bien embourbé dans son rôle de P-DG, c'est terrifiant mais, toujours impressionnant.
— "Pas disponible pour le moment" non mais vous vous fichez de moi ?......Comme je vous l'ai dit, je me fiche de cela......J'attends votre mail dans la journée, si vous me demandez une nouvelle fois de patienter, c'est au chômage que vous finirez est-ce assez clair pour vous ? raccroche-t-il brutalement.
Tout à coup, je me rends compte que ma respiration s'était coupée, il m'impressionnera toujours autant...Je n'ose pas montrer ma présence.
Adan pousse un lourd soupir et se retourne face à moi, la mine surprise.
— Oh, tu es là. Je ne t'ai pas entendue entrer, désolé.
— Ce n'est rien, je t'ai apporté un petit remontant.
Je secoue l'un des gobelets avec un visage compatissant. Il contourne son bureau, chargé de papiers et prend le café à pleine main.
Wow...comment fait-il, mes doigts sont de vraies saucisses grillées.
Il en avale un gorgée et le repose sur le peu d'espace que possède son espace de travail avant de déposer un léger baiser sur mon front. Il en faut vraiment peu pour me séduire...
— Euh...Je voulais te voir pour les commandes en Pologne et en Argentine. Est-ce que tu sais ce qu'il s'est passé avec ces hommes ?
— Je n'en sais rien. dit-il, s'asseyant sur la tranche du bureau, je suppose que je deviens paranoïaque à croire que John y est encore pour quelque chose. Si je parviens à joindre Daniel Reinhardt peut-être que je pourrais comprendre ce problème autour d'un dîner ? Il faut simplement que ses assistantes aussi compétentes que des manchots me rappellent ! Gronde-t-il.
— C'est une très bonne idée. Je peux essayer de les recontacter moi-même ? Elles n'ont peut-être pas apprécié ton...caractère ?
Il lève les yeux, amusé.
— Es-tu en train d'insinuer que mon caractère est déplaisant ?
Il plisse les yeux, joueur et un léger sourire en coin vient étendre mes lèvres.
— Quoi ? m'étonné-je, je n'oserai pas dire une telle chose, monsieur Brown.
Je me prête au jeu, pleine de malice.
— "Monsieur Brown" ? J'aime lorsque tu m'appelles comme ça, c'est...excitant.
— Monsieur, je vous prie de rester professionnel.
Il glousse une demi-seconde puis relève la tête vers moi. Ses yeux brillent d'une lueur sauvage et mon ventre se contracte de la même façon que mon bassin. Des anguilles pleines d'électricité me traversent le corps des pieds à la tête. Bon sang, ce regard...
Brusquement, il se redresse et fait un grand pas vers moi mais, juste avant qu'il ne puisse m'atteindre, la porte s'ouvre sèchement sur Connor. Que fait-il là ?
— Qu'est ce que...tu fous là Connor ? crache-t-il, irrité.
— Il s'est passé quoi avec Flora ?
Connor paniqué, fixe son frère avant de me jeter un coup d'œil stupéfait.
— Naomi ? Excuse-moi, je ne t'avais pas vue. Tu peux nous laisser une minutes, s'il te plait ?
— Dis ce que t'as à dire Connor. Tranche Adan, croisant les bras.
Oula ! Non, je ne veux pas prendre part à la conversation.
— Euh...Je vais vous laisser, j'ai des choses à faire de toute façon. Si...vous avez besoin de moi, je reste disponible par mail, monsieur. Garantis-je, embarrassée. À la prochaine Connor.
— Bye Naomi.
Je quitte la pièce sans attendre la réponse d'Adan et reste adossée à la porte, échappant un gloussement coquin. Suzie, assise derrière son bureau me toise, intriguée. Oups.

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant