• Chapitre 62 •

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Naomi

Je te hais, je te hais, je te hais.
Qu'est-ce que je fiche ici sérieusement ? Je me sens si mal à l'aise, pas à ma place parmi toutes ces femmes maîtrisant l'élégance avec habilité et grâce. Mon châle en dentelle se sent bien ridicule face à leur fourrure de renard polaire. Le cou décoré de grands colliers de marque, elles accompagnent leur mari avec classe.
Mes pieds me font mal, je n'ai décidément pas l'habitude d'être perchée sur des hauts talons comme ceux-là, pourtant ils s'accordent si bien avec la robe bleue que j'ai sur le dos. Chancelante, j'évite les mouvements brusques et m'assois au comptoir, replaçant correctement les bretelles de la robe. En dépit du décolleté plongeant et du dos nu, elle reste chic et raffinée.
Voilà plusieurs minutes que j'ai perdu de vue Adan, je suppose que la conversation avec le vieil homme est intéressante puisqu'il m'a laissé m'éloigner de lui sans broncher. J'ai hâte de rentrer à la maison, les ampoules commencent à pointer le bout de leur nez derrière mes tendons d'Achille et la faim commence à me tirailler l'estomac. Leurs assortiments de crustacés ne me tentent pas du tout il faut dire.
Je fais tourner le fin morceau de bois dans le verre vide qui me fait face et rêvasse.
— Bonsoir.
Je tourne la tête vers cette soudaine voix et entrouvre la bouche comme un poisson lune. Bordel ! John Poders !
— Vous devez me connaître non ?
Il sourit avec une arrogance non dissimulée.
— Non, désolée.
Je suis sèche. J'espère qu'il va vite comprendre que je n'ai pas envie de faire la conversation avec lui, je préfère encore faire un footing sur mes hauts talons que de lui parler.
— Vraiment ? S'étonne-t-il, enchanté John Poders et vous ?
Lâche-moi la grappe ! Tempère ma conscience. Dois-je donner un faux nom ? Non, il doit savoir que je suis l'assistante d'Adan avec tout ce qu'il s'est passé depuis.
— Naomi.
— Joli nom, puis-je t'offrir un verre Naomi ?
Non, non et non. Éloigne-toi de moi et tout ira bien.
— Désolée, je suis déjà accompagnée. Dis-je, jetant un regard autour de moi, à la recherche d'Adan.
— Si c'est cela qui vous inquiète, votre petit ami n'en saura rien. De plus, un bon verre de vin ne se refuse pas Naomi.
Je n'aime pas la façon dont il prononce mon prénom, cela sonne comme une menace.
— Je suis navrée mais, mon compagnon ne devrait pas tarder à me rejoindre. Vite Adan, où es-tu ?
Il hausse un sourcil et s'approche plus de moi, jusqu'à balader ses doigts le long de mon épaule. Un frisson de dégoût me déchire le corps.
— Ne me touchez pas. Sifflé-je, entre mes dents.
Je descends du tabouret avec empressement tandis qu'une main se pose sur mon épaule, à l'endroit où John a posé ses doigts.
— Dégage de là, John.
La voix d'Adan est furieuse et je n'ai pas du tout envie que les choses s'enveniment.
— Je savais bien que tu étais la petite assistante de Brown mais, j'étais loin de me douter que tu serais « accompagnée » par lui dans ce sens là. C'est dommage, pour une si belle femme dans ton genre.
La main d'Adan se crispe sur mon épaule. Connard.
— Je te conseille de ne pas t'approcher d'elle sinon, sourit-il mauvaisement. La prochaine fois que l'on verra ta sale gueule de salopard, ce sera derrière les barreaux, compris ?
Sur ce, Adan entoure ma taille d'un bras possessif et m'embarque à l'extérieur. Je ressens la noirceur émaner du regard de John, c'est terrifiant. Nous arrivons dans un petit jardin, des buissons taillés sous forme de visages décorent les murés en pierres.
Sa main chaude, comble la mienne. J'ai tellement envie de l'interroger mais j'ai peur de gâcher sa sérénité. Finalement, il prend la parole en premier.
— Alors, commence-t-il. Comme ça tu es simplement « accompagnée » par moi ?
Il s'en amuse en plus.
— Dire que l'on est en couple t'aurait probablement causé du souci mais, il était déjà au courant apparemment.
— Causé du souci ? Répète-t-il, amusé. Dites-moi plutôt que vous étiez embarrassée, mademoiselle Anderson.
Il s'arrête et tire sur nos mains pour me ramener à lui. Sa main coulisse sur ma joue.
Je m'y love, les yeux humides d'affection.
— Je ne l'étais pas, monsieur Brown.
Je soupire, hypnotisée par ses iris d'acier.
— Menteuse, souffle-t-il en tirant sur ma lèvre inférieur. Je veux que tout le monde sache que tu es ma petite amie Naomi, ma petite amie à moi et moi seul.
— J'aime votre côté possessif, monsieur Brown.
— Est-ce que c'est compris, Anderson ?
Ses lèvres frôlent mes lèvres, je ferme les yeux et étire la nuque afin qu'il puisse m'embrasser.
Il ricane et se recule. Salaud.
— On marche encore un peu ?
Son ton innocent me fait pester de l'intérieur.
— Mhm.
La fraîcheur et l'humidité du jardin m'aide à retrouver mes esprits.

Je m'effondre sur le canapé d'angle et souffle comme un buffle, mes talons voltigent et s'écrasent sur le sol. Je n'en peux plus. Les yeux concentrés sur le plafond, j'entends la voix rauque d'Adan depuis la cuisine.
— Tu veux manger quelque chose en particulier ?
Manger ?
— Pas vraiment, surprends-moi.
— Je ne suis vraiment pas doué en cuisine et, je pense que tu le sais Anderson. Oh ça oui...
Son air gêné est tellement craquant que ça me donne envie de le taquiner.
— Je veux juste manger quelque chose qui vienne de toi, Adan. Déclaré-je, me relevant sur les coudes pour observer son expression.
Il écarquille les yeux, échappe un gloussement embarrassé et évite mon regard. Ses oreilles rosissent...Seigneur ce qu'il est mignon, aillez pitié de mon pauvre coeur...

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant