Chapitre 42✔

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Nous avons chevauché le sanglier jusqu'au coucher du soleil et j'avais le dos réduit à l'état de poussière de monstre.

J'avais découvert que chevaucher un sanglier se montrait désagréable. A classer dans les expériences à ne pas réitérer. Je ne savais pas combien de temps nous avons chevaucher le monstre, ni quelle distance nous avions pu parcourir, mais nous étions manifestement dans le désert.

À la tombée de la nuit, le sanglier s'est arrêté devant une rivière et a grogné. Il s'est mis à boire l'eau boueuse puis il a arraché un cactus et a entrepris de le manger, piquants compris.

- Il n'ira pas plus loin, a dit Grover. Nous devons descendre tant qu'il mange.

Aucun de nous ne s'est fait prier. Nous avons profité que l'animal soit occupé à tailler des cactus en pièces pour nous glisser au sol. Puis nous nous sommes éloignés en nous dandinant maladroitement sur nos jambes engourdies. Après son troisième cactus et une nouvelle lampée de vase, le sanglier a grogné et roté, puis il a faite volte-face et il est reparti au galop vers l'est.

- Il préfère les montagnes, a deviné Percy.

-Je le comprends, a dit Thalia. Regarde.

Devant nous s'étendait une route à deux voies qui disparaissait à moitié sous le sable. De l'autre côté, j'ai distingué un groupe de bâtiments trop petit pour former un village : une maison aux fenêtres condamnées, un restaurant à tacos qui avait l'air de ne pas avoir ouvert depuis la signature de la Constitution, un bureau de poste à la façade en stuc blanc, avec un panneau qui pendait en travers de la porte : GILA CLAW, ARIZONA.


Derrière encore, il y avait d'immenses tas de carcasses de voitures, appareils électroménagers et autres ferrailleries. C'était une casse qui s'étendait à perte de vue.

- La vache ! s'est exclamé Percy.

-Et pas n'importe laquelle,approuvai-je.

- Quelque chose me dit qu'on ne va pas trouver de voiture à louer, a dit Thalia. Tu n'aurais pas un autre sanglier avec toi, par hasard, Grover?

Grover humait la brise, l'air inquiet. Il a sorti ses glands de chêne et les a jetés dans le sable, puis il s'est mis à jouer de la flûte de Pan. Les glands se sont agencés en dessinant un motif qui n'avait aucun sens pour nous autres pauvres sang-mêlés, mais Grover paraissait préoccupé.

- C'est nous, a-t-il dit. Ces cinq glands, juste là.

-Je suis lequel ? a demandé Percy.

- Celui qui est un peu difforme, a suggéré Zoë.

- Oh, tais-toi.

-On t'aime quand-même,le rassurai-je.

-Ce groupe-là, a dit Grover en pointant le doigt sur sa gauche. Il représente un danger.

- Un monstre ? a demandé Thalia.

-Je ne sens rien, a-t-il répondu, visiblement perplexe. Ce n'est pas normal. Pourtant les glands ne mentent pas. Notre prochain défi...

Il a tendu le bras vers la casse. Maintenant que la lumière du soleil avait presque entièrement disparu, les collines de métal dessinaient un paysage étrange.

On a décidé de camper pour la nuit et d'explorer l'entrepôt de ferraille le lendemain. Aucun de nous n'avait envie de plonger dans des bennes dans le noir,et je pense que c'était compréhensible.

Zoë et Bianca ont sorti cinq sacs de couchage et cinq matelas de mousse de leurs sacs à dos magiques. J'avais déjà remarqué que les arcs et leurs flèches étaient du même genre. A chaque fois que les Chasseresses en avaient besoin, arcs et carquois apparaissaient dans leurs dos. Et le reste du temps, elles ne les avaient pas.

J'ai sorti mes propres affaires de mon sac,et me suis installée.

Le froid nocturne n'a pas tardé à se faire sentir. Grover et moi sommes allés prendre de vieilles planches dans la maison en ruine, et Thalia les a allumées d'un choc électrique pour faire un feu de camp.

- On peut voir les étoiles, a dit Zoë.

Elle avait raison. Il y en avait des millions, loin des éclairages urbains qui colorent le ciel en orange.

- C'est merveilleux, a dit Bianca. En fait, je n'ai jamais vu la Voie lactée.

- Ce n'est rien, ça, a dit Zoë. Dans le temps, il y en avait davantage. Des constellations entières ont disparu à cause de la pollution lumineuse des hommes.

- Tu parles comme si tu ne faisais pas partie des hommes, a relevé Percy.

-Certains soirs,on en voit beaucoup à la colonie,déclarai-je.

-Je suis une Chasseresse, a répliqué Zoë en haussant le sourcil. Je m'inquiète de ce qu'il arrive aux régions sauvages du monde. Peut-on en dire de même dans le tien cas ?

- Dans ton cas, a corrigé Thalia. Pas dans le tien cas.

- Mais tu dis bien : celui-ci, c'est le tien ?

- Oui, mais pas quand il y a un nom après. C'est le tien,mais c'est ton cas.

- Oh ! (Zoë a jeté les bras au ciel, exaspérée.) Je déteste cette langue ! Elle change trop vite.

Grover a poussé un gros soupir. Il regardait toujours les étoiles comme s'il réfléchissait au problème de la pollution lumineuse.

- Si seulement Pan était là, il remettrait tout ça en ordre.

Zoë a hoché tristement la tête.

- C'est peut-être le café, a repris Grover. Je buvais du café et le vent s'est levé. Peut-être que si j'en reprenais beaucoup...

- Grover, tu crois vraiment que c'était Pan ?a demandé Percy. Je veux dire, je sais que tu aimerais que ce soit lui.

- Il nous a envoyé de l'aide, a-t-il insisté. J'ignore comment ou pourquoi. Quand nous aurons terminé cette quête, je retournerai au Nouveau-Mexique et je boirai plein de café. C'est la meilleure piste que nous ayons depuis deux mille ans. J'étais tellement près !
- Ce que j'aimerais savoir, a dit Thalia en regardant Bianca, c'est comment tu as fait pour détruire un des zombies. Il y en a encore plein en circulation. Nous devons trouver le moyen de les combattre.

-Je ne sais pas, a-t-elle répondu en secouant la tête. Je lui ai juste donné un coup de poignard et il s'est enflammé.

- Ton poignard a peut-être quelque chose de particulier, a suggéré Percy.

-Non, c'est le même que le mien, a dit Zoé. En bronze céleste, certes, mais le mien n'a pas fait cet effet aux guerriers-squelettes.

- Peut-être faut-il frapper le squelette à un endroit particulier, a dit Percy.

-Ou alors c'est un pouvoir acquis de ton parent divin,proposai-je.

Bianca avait l'air gênée d'être le centre d'attention.

-Peu importe, lui a dit Zoé. Nous trouverons la réponse. Maintenant, nous devons préparer la prochaine étape. Demain, après avoir traversé la casse, nous devrons poursuivre notre chemin vers l'ouest. Si nous trouvons une route, nous pourrons aller en stop à la prochaine grande ville. Je crois que c'est Las Vegas.
Je m'apprêtais à dire que ce n'était sans doute pas une très bonne idée,compte tenu de ce qui nous est arrivé là-bas, à Grover,Percy et moi, mais Bianca nous a pris de court.

- Non ! Pas là ! s'est écriée Bianca.

Elle avait l'air vraiment paniquée, comme si elle venait de voir une horde de Chien des Enfers débarquer.

Zoé a froncé les sourcils.

- Pourquoi ?

Bianca a poussé un frêle soupir.

-Je... je crois qu'on y a vécu, à un moment. Nico et moi. Pendant la période où on voyageait. Et ensuite, je ne me souviens plus.

- Bianca, a dit Percy. Cet hôtel où vous avez séjourné, il ne s'appelait pas par hasard l'hôtel-casino du Lotus ?

Elle a écarquillé les yeux.

- Comment tu le sais ?

-Allons bon, ai-je soupiré.

-Une seconde, a demandé Thalia. C'est quoi, cet hôtel-casino du Lotus ?

- Il y a deux ans, avec Grover,Annabella et Annabeth, on s'est retrouvés piégés là-bas. L'endroit est conçu pour qu'on ne veuille jamais s'en aller. On y est restés une heure. Quand on est ressortis, cinq jours avaient passé. C'est un lieu qui fait accélérer le temps.

-Sans que tu vieillisses,précisai-je.

- Non, a dit Bianca. Non, ce n'est pas possible.

- Tu as dit que quelqu'un était venu et vous avait fait sortir.

-Oui.

- Comment était-il ? Qu'est-ce qu'il a dit ?

-Je... je ne me rappelle pas. S'il te plaît, je n'ai vraiment pas envie d'en parler.

Zoë s'est penchée en avant, les sourcils froncés, la mine inquiète.

- Tu as dit que vous aviez trouvé Washington changé quand vous y étiez retournés l'année dernière. Tu ne te souvenais pas qu'il y avait le métro.

- Oui, mais...

- Bianca, a repris Zoé, peux-tu me dire le nom de l'actuel président des États-Unis ?

- Ne sois pas idiote, a répondu Bianca, qui nous a donné le nom exact.

- Et avant, qui était président ? a alors demandé Zoé.

Bianca a réfléchi quelques instants, avant d'annoncer :

- Roosevelt.

Zoë a ravalé sa salive.

- Lequel des deux ? Theodore ou Franklin ?

- Franklin, a dit Bianca. Franklin Roosevelt, FDR.

- Comme la voie express FDR? a demandé Percy.

- Bianca, a dit Zoé. Franklin Roosevelt n'était pas le dernier président. Franklin Roosevelt, ça remonte à environ soixante-dix ans.

- C'est impossible, a dit Bianca. Je... je ne suis pas si vieille.

Elle a regardé ses mains comme pour vérifier qu'elles n'étaient pas ridées.

-Tu es très bien conservée,si ça peut te rassurer,souris-je.

Ça n'a fait rire personne.

La tristesse a envahi les yeux de Thalia. Elle savait ce que ça signifiait, d'être soustrait au temps pendant une tranche de sa vie.

- Ce n'est pas grave, Bianca, a-t-elle dit. L'important, c'est que Nico et toi soyez sains et saufs. Vous en êtes sortis.

-Mais comment? me suis-je écrié. Nous, on n'y a passé qu'une heure et on s'en est tirés de justesse. Comment avez-vous pu vous enfuir après y être restés si longtemps ?

-Je t'ai dit. (Bianca paraissait au bord des larmes.) Un homme est venu et il a dit qu'il était temps que nous nous en allions. Et...

- Mais qui ? Et pourquoi a-t-il fait ça ?

Avant qu'elle ait pu répondre, nous avons été éblouis par une lumière aveuglante qui provenait de la route. Les phares d'une voiture avaient surgi de nulle part.

On a attrapé nos sacs de couchage et on s'est écartés in extremis de la trajectoire d'une limousine d'un blanc cadavérique, qui a pilé devant nous.

La portière arrière de la limousine s'est ouverte juste à côté de moi. Une épée piquait la gorge de Percy.

Zoë et Bianca bandaient leurs arcs. Tharròs est apparue dans ma main. Le propriétaire de l'épée qui menaçait Percy est sorti.

Il a souri avec cruauté.

- T'es plus si rapide, maintenant, tocard ?

Je savais qui c'était pour l'avoir rencontré deux ans auparavant. La colère m'a envahie,comme chaque fois que j'étais en sa présence. Mais je me suis efforcée d'y résister.

-Arès, ai-je grommelé.

Le dieu de la guerre nous a regardé.

- Repos, les jeunes.

Là-dessus, il a claqué des doigts et nos armes sont tombées par terre.

- Ceci est une rencontre amicale. Bien sûr, ça m'aurait fait plaisir d'emporter ta tête en trophée, mais il y a quelqu'un qui souhaite te voir. Et je ne décapite jamais mes amis devant une dame.

- Quelle dame ? a demandé Thalia.

Arès l'a toisée.

- Eh bien, eh bien. J'ai appris que tu étais de retour parmi nous.

Il a abaissé son épée et a poussé Percy.

- Thalia, fille de Zeus, a-t-il dit d'un ton songeur. Tu n'as pas de très bonnes fréquentations.

- Qu'est-ce qui vous amène, Arès ? a-t-elle répliqué. Qui est dans la voiture ?

Arès a souri, ravi de capter toute l'attention.

- Oh, je doute qu'elle souhaite rencontrer le reste de la bande. Surtout pas elles. (Il a donné un coup de menton dans la direction de Zoé et Bianca.) Si vous alliez manger des tacos en attendant ? Percy n'en aura que pour quelques minutes.

- Nous ne le laisserons pas seul avec vous, seigneur Arès, a protesté Zoé.

- En plus, a balbutié Grover, le tex-mex est fermé.

Arès a claqué des doigts de nouveau. À l'intérieur du restaurant, toutes les lumières se sont allumées d'un coup. Les planches qui condamnaient la porte ont disparu et le panneau FERMÉ a basculé du côté OUVERT.

- Tu disais, biquet ?

-J'aime pas les tacos,déclarai-je.

Arès m'a regardée.

-Tu vois Thalia,elle fait partie de tes mauvaises fréquentations.

-Vous ne m'avez jamais appréciée,mon très cher neveu.

-Évite les sarcasmes avec moi,jeune fille,a grogné le dieu. La dame voudra te voir aussi,un jour, mais pas pour le moment. Elle dit que tu n'es pas prête.

-Allez-y, a lancé Percy. Je vais me débrouiller.

- Vous avez entendu votre copain, a dit Arès. Il est grand et fort. Il assure.

À contrecœur, nous sommes tous partis en direction du restaurant tex-mex.

Après quelques minutes,nous faisant sursauter, le décor a soudainement disparu. La route, le resto tex-mex, la ville tout entière avaient disparu. Nous étions plantés au beau milieu de la casse, entourés de montagnes de rebuts métalliques à perte de vue.

-Percy!appelais-je en me dirigeant vers lui,suivie des autres. Alors,c'était qui?

-Aphrodite;a-t-il répondu.

- Qu'est-ce qu'elle te voulait ?a demandé Bianca.

- Oh, j'ai pas bien compris. Elle a dit d'être prudent dans la ferraille de son mari. Et aussi qu'il ne fallait rien prendre.

Zoë a plissé les yeux, l'air soupçonneux.

- La déesse de l'amour ne se serait pas déplacée te dire cela. Sois prudent, Percy. Aphrodite a détourné bien des héros de leur objectif.

- Pour une fois, je suis d'accord avec Zoé. On ne peut pas faire confiance à Aphrodite, a renchéri Thalia.
-Alors, a dit Percy,visiblement pressé de changer de sujet, comment on s'en va d'ici ?

- Par ici, a répondu Zoé. C'est l'ouest.

- Comment tu le sais ?

À la lumière de la pleine lune, je pouvais voir très nettement l'irritation s'afficher sur son visage.

- La Grande Ourse est au nord, a-t-elle expliqué. Ça signifie donc que l'ouest est là.

Elle a pointé le doigt d'abord vers l'est, puis vers la constellation en question, difficile à distinguer parmi la myriade d'étoiles.

-Ah ouais, a dit Percy. Cette brave ourse !

- Un peu de respect, a fait Zoë sur un ton offensé. C'était une ourse valeureuse, une adversaire admirable.
- Tu parles comme si elle était réelle.

-Elle l'a été,suis-je intervenue.

- Les gars, nous a interrompus Grover, regardez !

Nous avions atteint le sommet d'une colline de rebuts. Des tas et des tas d'objets métalliques luisaient dans le clair de lune : des têtes de chevaux en bronze, détachées, des jambes de statues humaines en métal, des chars défoncés, des tonnes de boucliers, épées et autres armes, ainsi que des objets plus modernes comme des voitures scintillant de reflets or et argent, des lave-vaisselle, des écrans d'ordinateur.

- Waouh ! Tous ces trucs... Regardez, il y en a, on dirait du vrai or ! s'est exclamée Bianca.

- C'est du vrai or, a rétorqué Thalia, l'air grave. Comme a dit Percy, ne touchez à rien. C'est l'entrepôt de ferraille des dieux.

- De ferraille ? (Grover a ramassé une splendide couronne d'or et d'argent incrustée de joyaux. Elle était cassée sur un côté, comme pourfendue par un coup de hache.) Tu appelles ça de la ferraille ?

Il a croqué une des pointes et s'est mis à la mastiquer.

- Miam ! Délicieux !

D'une tape, Thalia lui a fait tomber la couronne des mains.

- Je parle sérieusement !

- Regardez ! (Bianca est partie en courant le long de la pente, trébuchant contre des anneaux de bronze et des assiettes d'or. Elle a ramassé un arc qui jetait des éclats argentés au clair de lune.) Un arc de Chasseresse !

Elle a poussé un cri de surprise car l'arc s'est mis soudain à rapetisser, pour se transformer en barrette à cheveux en forme de croissant de lune.

- C'est comme les épées de Percy ou Annabella !

- Laisse-la, Bianca, a ordonné Zoë, le visage sévère.

- Mais...

- Si elle est là, c'est qu'il y a une raison. Tout objet jeté dans cette casse doit demeurer dans cette casse. Soit il a un défaut, soit il est maudit.

À contrecœur, Bianca a remis la barrette par terre.

-Je n'aime pas cet endroit, a dit Thalia, qui a resserré la main sur la hampe de sa lance.

- Tu crois qu'on va se faire attaquer par des frigos tueurs ?plaisanta Percy.

- Zoë a raison, Percy, a-t-elle dit. Les objets ne finissent pas ici par hasard. Maintenant venez, traversons cette casse.

- C'est la deuxième fois que tu es d'accord avec Zoé, a-t-il bougonné.

On s'est remis en route. Les collines et vallées de ferraille semblaient s'étendre à l'infini et, sans la Grande Ourse, on se serait perdus. Les collines se ressemblaient toutes. J'aimerais pouvoir dire que nous n'avons touché à rien, mais il y avait trop d'objets attrayants pour résister à la tentation d'en regarder certains d'un peu plus près.
Finalement, nous avons aperçu la lisière de la casse à la ferraille à environ huit cents mètres et, derrière, les lumières d'une autoroute qui s'enfonçait dans le désert. Mais quelque chose se dressait entre la route et nous.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? a hoqueté Bianca.

Devant nous se dressait une colline bien plus grosse et plus longue que les autres. Elle ressemblait davantage à un plateau, longue comme un terrain de foot, haute comme des poteaux de but et tout en métal. À une extrémité du plateau s'allongeaient dix épaisses colonnes de métal, serrées les unes contre les autres.

Bianca a froncé les sourcils.

- On dirait des...

- Orteils, a complété Grover.

Autant vous dire que,des orteils au beau milieu d'une route,ça avait de quoi éveiller ma méfiance...

[TOME 1]La Fille du Temps (Percy Jackson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant