Chapitre 84(ok)

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Le pont de l'Olympe était en train de se désintégrer. À peine avons-nous posé les pieds sur le marbre blanc de la passerelle, au sortir de l'ascenseur, que des fissures se sont formées.

- Sautez ! a crié Grover.

Facile à dire, pour lui qui est moitié chèvre !D'un bond, il a gagné la dalle suivante, tandis que la nôtre se mettait à osciller dangereusement.

- Par les dieux, j'ai horreur de l'altitude ! a hurlé Thalia en sautant avec moi de l'autre côté.

Percy nous y a rejoint,mais Annabeth, par contre, n'était pas en état d'en faire autant.

- Percy ! a-t-elle crié en titubant.

Il a attrapé sa main à l'instant où le sol se dérobait sous elle en une pluie de poussière et de gravats.

Nous les avons remontés et ils sont tombés sur le sol dans les bras l'un de l'autre.

- Euh, merci, a-t-elle marmonné.

-Ben...euh quoi...a bafouillé Percy.

- Dépêchez-vous !a dit Grover.

Autour de nous, les pierres tombaient et se désagrégeaient dans leur chute. Notre petit groupe a atteint le flanc de la montagne une fraction de seconde avant que le dernier tronçon de la passerelle s'effondre.

Annabeth a porté le regard vers l'ascenseur, désormais complètement inaccessible : des portes d'acier poli flottant dans l'espace, rattachées à rien, à six cents étages au-dessus de Manhattan.

- On est coupés du monde, a-t-elle dit. Livrés à nous-mêmes.

- Bêêê-êêê-êê ! a confirmé Grover. Le lien entre l'Olympe et l'Amérique est en train de se déliter. S'il rompt...

- Les dieux ne se rendront pas dans un autre pays, cette fois ci, a dit Thalia. Ce sera la fin de l'Olympe. La vraie fin.

On s'est mis à courir par les rues. Des demeures en flammes. Des statues fracassées, gisant sur le pavé. Les arbres des squares, réduits en brindilles. On aurait dit que quelqu'un avait attaqué la ville avec une désherbeuse géante. Tout n'était que désolation.

- La faux de Cronos, a murmuré Percy.

Nous avons pris le sentier sinueux qui menait au palais des dieux. Tout le sommet de la montagne était en ruine : tant d'édifices et de jardins superbes avaient disparu.

Quelques dieux mineurs et esprits de la nature avaient essayé de faire barrage à Cronos. Leurs vestiges jonchaient le chemin : fragments d'armures, lambeaux de vêtements, épées et lances brisées en deux.

Plus loin devant nous, la voix de Cronos tonnait :

- Brique par brique ! Telle était ma promesse. La démolir BRIQUE PAR BRIQUE !

Soudain, un temple de marbre blanc coiffé d'un dôme doré a explosé. Le dôme s'est soulevé comme un couvercle de théière avant de voler en milliers d'éclats qui sont retombés en pluie sur la ville.

- C'était un sanctuaire d'Artémis, a grommelé Thalia. Il le paiera !

On franchissait la voûte de marbre flanquée des statues d'Héra et de Zeus quand la montagne entière a grondé en tanguant sur le côté, tel un bateau ballotté par la tempête.

- Attention ! a hurlé Grover.

La voûte s'est effondrée. J'ai levé les yeux justes à temps pour voir une Héra de vingt tonnes au visage de pierre et à l'expression hautaine s'abattre sur nous. Sans Thalia qui les a violemment poussés par-derrière pour les mettre hors de danger,Annabeth et Percy étaient aplatis comme des crêpes.

[TOME 1]La Fille du Temps (Percy Jackson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant