Chapitre 41✔

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Nous étions aux abords d'une petite station de ski nichée dans les montagnes. Un panneau à l'entrée de la ville disait: BIENVENUE À CLOUDCROFT,NOUVEAU-MEXIQUE.

L'air était froid et raréfié à cause de l'altitude. L'hiver avait blanchi les toits des chalets et des tas de neige bordaient les rues. De hauts pins surplombaient la vallée,projetant de longues ombres noir d'encre dans la matinée pourtant ensoleillée.

Artémis devait être retrouvée avant le solstice d'hiver,pour qu'elle puisse assister au Conseil des dieux. Or,celui-ci commencerait quatre jours plus tard... Nous devions rejoindre San Francisco le plus vite possible.

Nous nous sommes arrêtés au milieu de la rue. De là, on pouvait voir presque toute la bourgade. Une école, quelques boutiques et cafés pour touristes,quelques chalets, une épicerie.

- Au poil, a dit Thalia en balayant l'ensemble du regard. Pas d'arrêt d'autocar, pas de taxis, pas de loueur de voitures, pas d'issue.

- Il y a un café ! s'est écrié Grover.

- Oui, a dit Zoé. C'est bon, le café.

-Ça va me rendre encore plus hyperactive que d'habitude,approuvai-je. C'est génial.

- Et les viennoiseries, a ajouté Grover d'un ton rêveur. Et le papier d'emballage...

Thalia a soupiré.

- D'accord. Allez acheter à manger, tous les trois. Percy, Bianca et moi, on va aller se renseigner à l'épicerie. Ils pourront peut-être nous donner des indications.

On est convenus de se retrouver un quart d'heure plus tard devant la vitrine. Nous avons marché silencieusement jusqu'au café. A l'intérieur,il faisait déjà meilleur. Mon nez s'est mis à couler et j'ai un peu ouvert ma veste. Il flottait dans l'air une douce odeur de café et de pâtisserie.

Nous avons fait la queue et avons acheté des viennoiseries et à boire pour tout le monde.

Le temps que tout arrive et que nous payions,le quart d'heure était passé. Je buvais tranquillement mon chocolat chaud avant de mordre dans un éclair au café. Percy et Bianca attendaient au bord de la route. Thalia les avait apparemment laissé en tête à tête.

- Il faut que nous recourions au sortilège de traque, a dit Zoë. Grover, il te reste des glands de chêne ?

- Hum, a grommelé Grover, qui mâchait un muffin entier, emballage de cellophane compris. Je crois. Il faut juste que...

Il s'est brusquement immobilisé.

J'allais lui demander ce qui lui prenait quand une brise tiède est passée, comme un souffle d'air printanier qui se serait égaré au cœur de l'hiver. Un air enivrant chargé de parfums de fleurs sauvages et de soleil. Et quelque chose d'autre, presque comme une voix, qui essayait de dire quelque chose. De communiquer un avertissement.

- Grover, a hoqueté Zoë. Le tien gobelet.

Grover a lâché son gobelet, qui était décoré de photos d'oiseaux. Soudain, les oiseaux se sont décollés du carton et envolés, comme autant de minuscules colombes. Un rat nous est passé entre les jambes pour filer vers la forêt.

Grover s'est évanoui à côté de son café qui fumait dans la neige. On s'est regroupés autour de lui et on a essayé de le réveiller. Il a gémi et battu des paupières.

- Hé ! a crié Thalia, qui revenait en courant. Je viens de... Qu'est-ce qu'il a, Grover ?

-Je ne sais pas, ai-je dit. Il s'est évanoui. Relevez-lui les jambes.

- Euheuheuh... a gémi Grover.

- Ben, relevez-le ! (Thalia avait sa lance à la main. Elle a jeté un coup d'œil derrière son épaule comme si elle était suivie.) Il faut qu'on file d'ici.

Nous sommes parvenus à sortir de la station de ski avant que les deux premiers squelettes se montrent. Ils ont surgi des arbres qui bordaient la route, un de chaque côté. Ils portaient des uniformes bleus de la police du Nouveau-Mexique, mais leur peau était grise et transparente et leurs yeux jaunes.
Thalia a tapoté son bracelet. Aegis s'est déployé à son bras, mais les guerriers-squelettes n'ont pas sourcillé. Leurs yeux jaunes et luisants m'ont transpercé.

J'ai dégainé Tharròs, plus par habitude que par nécessité puisque mon épée ne pouvait pas me servir à grand chose contre des flingues...

Zoé et Bianca ont bandé leurs arcs, Bianca non sans peine parce que Grover n'arrêtait pas de défaillir et de s'appuyer contre elle.

- Reculez ! a ordonné Thalia.

Nous avons obtempéré, mais un bruissement de branches nous a alertés.

Deux autres squelettes ont surgi sur la route, derrière nous. On était cernés.

A ce moment-là, un des guerriers a sorti un téléphone portable et s'est mis à parler. Sauf qu'il ne parlait pas. Il produisait des cliquetis secs, comme des claquements de dent contre un os. Soudain j'ai compris ce qui se passait. Les squelettes s'étaient séparés pour nous chercher. Ceux-là appelaient leurs camarades. Bientôt, on aurait toute la bande sur le dos.

- Il est tout près, a gémi Grover.

- Ils sont là, a dit Percy.

- Non. Le don. Le don de la Nature.

Il n'était pas en état de marcher, encore moins de se battre.

-On va les attaquer en même temps, a dit Thalia. Ils sont quatre, contre nous cinq. Peut-être que comme ça ils laisseront Grover tranquille.

- Entendu ! a dit Zoé.

- La Nature ! a gémi Grover.

Un vent tiède a parcouru le canyon en faisant bruisser les arbres, mais j'ai gardé les yeux rivés sur les squelettes. J'ai pensé à mon rêve. Luke. Il fallait qu'on le retrouve. J'ai chargé le squelette en face de moi.

Il a fait feu. J'ai ralenti la balle grâce à mes pouvoirs avec un sourire. Si je ne les maitrisais pas encore très bien,ils allaient m'être très utiles. J'ai évité la balle qui s'est plantée dans un tronc.

[TOME 1]La Fille du Temps (Percy Jackson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant