Chapitre 64(ok)

512 47 9
                                    

Grover est tombé à genoux devant le lit.

- Seigneur Pan !

Le dieu a souri avec bonté, mais il y avait de la tristesse dans son regard.

- Grover, mon cher et courageux satyre. Je t'attends depuis très longtemps.

- Je... je me suis perdu, a bafouillé Grover.

Pan a ri. C'était un son merveilleux, semblable à une première brise de printemps, qui a rempli la grotte tout entière d'espoir. Le plus beau des sentiments. Je me suis sentie vide quand le son s'est éteint.

Le tigre-loup a posé la tête sur le genou du dieu en soupirant. Le dodo lui a picoré affectueusement les sabots, tout en produisant un drôle de bruit avec l'arrière de son bec. J'aurais juré qu'il fredonnait It's a Small World !

Pourtant, Pan paraissait fatigué. Son corps scintillait comme s'il était fait de Brume.

Nous nous étions agenouillés et Percy a tardé à en faire de même.

- Vous avez un dodo chanteur, a bêtement dit Percy.

Les yeux du dieu se sont éclairés.

- C'est Dédé, ma petite comédienne.

Dédé le dodo a pris un air offensé. Elle a donné un coup de bec sur le genou de Pan et s'est mise à fredonner un air qui ressemblait à un chant funèbre.

- C'est le plus bel endroit du monde ! s'est écriée Annabeth. Il bat tous les édifices jamais construits.

- Je suis content qu'il te plaise, ma chère, a dit Pan. C'est un des derniers lieux naturels. Mon royaume sur Terre a disparu, je le crains. Il ne subsiste que quelques poches de nature sauvage. De minuscules carrés de vie. Celui-ci va demeurer intact... encore un peu.

- Seigneur, a dit Grover, tu dois revenir avec moi, s'il te plaît ! Les Anciens n'en croiront pas leurs yeux ! Ils seront fous de joie !

Pan a tendu la main et ébouriffé les boucles de Grover.

- Tu es si jeune, Grover. Si bon et loyal. Je crois que j'ai bien choisi.

- Choisi ? Je... je ne comprends pas...

La silhouette de Pan a clignoté et s'est brièvement réduite en fumée. Le cochon d'Inde géant a couru sous le lit avec un couinement terrifié. Le mammouth a émis un grognement inquiet. Dédé a caché la tête sous son aile. Et puis, Pan s'est reformé.

- Je dors depuis des temps incommensurables, a dit tristement le dieu. Je fais des rêves sombres. Je me réveille agité et mes périodes de veille sont de plus en plus brèves. Nous approchons de la fin.

- Comment ça ? a protesté Grover. Mais non ! Tu es là !

- Mon cher satyre, a dit Pan. J'ai essayé d'en informer le monde, il y a deux mille ans. Je l'ai annoncé à Lysas, un satyre qui te ressemblait beaucoup. Il vivait à Éphèse et il a essayé de répandre la nouvelle.

Annabeth a écarquillé les yeux.

- L'ancienne légende. Un marin longeant la côte d'Éphèse a entendu une voix crier depuis le rivage : «Dites-leur que le grand dieu Pan est mort.»

- Mais ce n'était pas vrai ! a dit Grover.

- Les tiens n'ont jamais voulu le croire, a expliqué Pan. Chers entêtés que vous êtes, vous avez refusé d'accepter mon trépas. Et je ne vous en aime que davantage, mais vous avez seulement repoussé l'inévitable. Vous avez prolongé mon long et douloureux trépas, mon sombre sommeil crépusculaire. Il faut que ça cesse.

[TOME 1]La Fille du Temps (Percy Jackson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant