Chapitre 62

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ELIK

J'ai l'impression qu'on m'a balancé un couteau en pleine poitrine. Dans les films, ce sont les gens comme Thaïs ou Nell qui meurent les premiers ou encore qui se font remonter les bretelles. Alors pourquoi cette règle ne s'applique-t-elle pas dans la vraie vie ? Pourquoi Nell continue de faire souffrir Fern sans qu'on ne lui dise rien et pourquoi Thaïs a-t-elle le droit de mourir aimée, après tout le mal qu'elle a transmis ? Je me sens complètement trahi par tous ces films hollywoodiens, quand enfin je me décide à sortir du sous-sol.

Le problème quand on n'affronte pas ses problèmes en temps et en heure, c'est qu'en général, ils propagent encore plus de problèmes. C'est ainsi que je me retrouve face à Nell, dans un couloir désert. Je le vois plaquer Fern contre son casier et la forcer à l'embrasser. Je ressens presque la douleur que doit ressentir Fern, quand il lui tire les cheveux. Je l'entends lui murmurer à l'oreille :

-T'es qu'une salope.

Et là, je crois que jamais, même avec du recul et en revoyant cette scène dans mon lit tout seul, ce soir, je ne pourrais regretter la suite des événements. Si c'était à refaire, j'avancerai encore vers eux à grands pas, je prendrai encore Nell par son tee-shirt, je le plaquerai encore à son tour contre les casiers et je le frapperai encore de toutes mes forces.

-Mais, merde, t'es qui ? s'époumone Nell alors que je le ru encore de coups.

Je ne lui répondrai toujours pas, préférant faire encore plus de dégâts. J'y mettrai encore mes poings, mes pieds et tout mon cœur. Et cette fois, je ne m'arrêterai pas quand Fern criera :

-Tu vas le tuer ! Elik, arrête.

-Elik ?

Je le vois relever lentement la tête, avec une grimace de douleur mais gardant son éternel sourire en coin. Il regarde Fern avec haine :

-Tu veux dire que c'est lui, ce connard d'Elik ?

Fern, ne sachant pas quoi répondre se contente de hocher la tête en évitant mon regard. Moi qui lui avait promis de ne jamais m'interposer, de rester le plus loin possible de Nell... On peut dire qu'il m'aura vu de très près. Comme j'ai peur qu'il capte combien je tiens à elle, je détourne à mon tour le regard et annonce :

-Ouais, c'est bien moi. C'est toujours un plaisir de rencontrer de nouveau fan.

Fern ne peut pas se retenir plus longtemps de rire, mais elle est très vite arrêtée par Nell qui se jette sur moi :

-Nell ! hurle-t-elle.

Son petit ami sait y faire, il n'y a pas de doute. Je l'imagine bien dans l'éternel rôle du bad-boy, traînant dans les bars et se battant chaque soir avec une personne différente, juste pour le plaisir de l'adrénaline. Ce n'est pas très dur de cerner ces types : leur passé difficile les empêches d'aller de l'avant jusqu'à ce qu'ils rencontrent la petite vierge effarouchée et blablabla. Mais dans la vraie vie, ces gars-là finissent au chômage, seul ou accompagnée d'une bimbo qui les trompe à droite et à gauche. Une preuve de plus qu'il faut toujours se relever, avancer et ne pas rester figé face à son passé.

Quand enfin il se décide à me lâcher, je suis à terre, à bout de souffle et il me crache :

-Ne t'approche pas de Fern, t'as compris sale merde ?

Suite à ces jolies paroles, il me balance un coup de pied en plein ventre. Mais ça ne m'empêche pas de rétorquer :

-Ça risque d'être compliqué. De l'approcher, je précise. Etant donné que tu l'accapare.

-Elle est juste bien mieux avec moi, grogne-t-il en retour.

Quand sa main se pose sur la taille de Fern, je ferme les yeux, n'aillant pas la force de m'infligé cette vision. Je voudrai le taper encore plus fort mais ça serait puéril de le faire. Je ne peux pas défoncer un gars sous prétexte qu'il prend sa copine par la taille. N'importe quoi.

-Je ne crois pas que tu saches..., je commence, près à lui balancer ses quatre vérités.

-Elik, me coupe Fern d'une voix ferme.

Sa voix est frêle et en lui jetant un regard, je comprends instantanément qu'elle n'est pas prête à quitter Nell maintenant, à lui avouer combien elle le déteste autant qu'elle l'aime. La partie d'elle qui est encore folle amoureuse résiste de toutes ses forces et elle bat à plate couture la partie d'elle qui m'aime moi. Elle aimera toujours Nell d'un amour débordant, que je ne pourrai jamais surpasser et ça me brise le cœur. Pas parce que j'ai un ego à gonfler, mais parce qu'elle ne connaîtra jamais le plaisir d'aimer de toute son âme une personne qui mérite cet amour et qui lui renvoi encore plus fort.

-Je ne sais pas quoi ? insiste Nell.

Je crache du sang en le regardant droit dans les yeux. Je veux qu'il puisse voir à quel point je le déteste, à quel point je voudrai le savoir mort. Il est responsable de tous mes malheurs, c'est décidé. Sans lui, je serais avec Fern et elle serait si heureuse. Je serais capable de la combler, moi.

-Je te hais, c'est ça que tu ne sais pas. Je hais ta façon de garder Fern pour toi, ton petit sourire en coin de gars pourri gâté et cette manie que t'as de croire que Fern est ta propriété privée.

-Tu ne me connais pas, se défend-il.

J'ai un rire de fou en entendant ça :

-Oh que si ! Tu...

-Elik, gronde Fern. On s'en va Nell, viens...

Mais il la repousse et s'avance vers moi :

-Je t'écoute, qu'as-tu à me dire ?

We start againWhere stories live. Discover now