Chapitre 22

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FYNN

-Mais tu n'arrêteras donc jamais de te plaindre ?! s'écrie soudainement Thaïs, face à une Fern larmoyante.

On est enfin arrivés en Arizona et nous nous trouvons actuellement dans le parking de notre hôtel, attendant Thray.

-Laisse-là, elle ne cherche pas ta pitié, crache Hailey. On ne t'a rien demandé, alors si tu pouvais juste...

-Hailey !

Là c'est moi qui m'époumone contre mon amie. Cette dernière se tourne directement vers moi et hurle :

-Tu l'as défends en plus ?! Tu défends cette garce, Fynn ?

Je baisse les yeux, ne sachant que répondre. Thaïs, elle, a la tête haute, prouvant qu'elle sait se défendre elle-même :

-Je n'ai pas besoin de lui, ajoute-t-elle à son geste, si ton amie ne sait pas cacher ses émotions deux secondes et envoyer bouler ce pauvre gars...

-Elle est amoureuse ! s'interpose Elik, mais évidemment tu ne peux pas comprendre, ce sentiment te dépasse, toi...

Elik serre ses poings de toutes ses forces, il a l'air sur le point de tabasser Thaïs. Je ne dis pas que c'est une sainte, mais elle est pas cruelle au point de mériter un tel sort. Tous contre un... C'est trop facile.

Mais Thaïs ne comprend pas le message d'Elik et s'approche de plus en plus, encore et encore, le défiant du regard. Elle tapote finalement son torse avec son index :

-Tu y connais quoi, toi, à l'amour ? Dis-moi tout. Parce que pour l'instant, tout ce que je vois... c'est la friendzone.

Je pouffe doucement dans ma barbe. Ça fait des mois que j'intercepte les regards qu'Elik lui lance. Il est en kiffe. Je pensais tout espoir perdu depuis ce que Sawla lui a fait. Mais il a confiance en Fern et ça le détruit, parce qu'elle, elle ne pourra jamais lâcher d'elle-même Nell.

Thaïs, entendant mon rire, se tourne d'une lenteur déconcertante vers moi. Merde.

-Tu ne vaut pas mieux, Sherlock. Il faut être sacrément en manque pour mater sa voisine depuis sa fenêtre. Pendant tant d'années... chaque matin, chaque soir...

Double merde.

Elle se tourne encore un peu, afin de regarder Hailey dans les yeux :

-Et toi... t'es la pire de toute. Tu es répugnante, ma pauvre fille. Et je ne parle pas de ton corps en disant ça. Je parle de ton regard. Il cri qu'il a besoin de plus, qu'il veut toute l'attention possible. Tu n'es pas plus respectable que moi. La différence entre nous deux, chérie, c'est que, moi, l'attention, je l'ai en ma possession. Et j'assume mon rôle de petite peste qui se la pète.

Elle s'écarte un peu, le sourire aux lèvres et ajoute :

-Et j'adore ça. L'attention.

Fern pleure encore plus dans les bras d'Elik, attirant l'attention de Thaïs :

-Tu es bien trop stupide. Et, Elik, pour ta gouverne : ce n'est pas être amoureuse ça. C'est foncer dans un mur, encore et encore... et aimer ça.

Elle commence déjà à s'éloigner quand elle murmure :

-Ça s'appelle être maso, Fern.

Et elle disparaît derrière le bâtiment. La dernière chose que je peux voir, c'est sa main qui sort une cigarette de sa poche. Bien, Thaïs ! Tu vas améliorer ton cas.

-Et bien..., commence Hailey.

-C'était sympa, hein ? se marre Elik, une vraie tigresse, cette fille. T'as intérêt à la maintenir en cage et à distance, Fynn.

-Mais c'était ton idée de la ramener ici !

-Peut-être... mais c'était ta décision finale.

-C'est faux !

Il hausse les épaules.

-Peu importe. Elle est là maintenant. Toi aussi. Et c'est ta chance de te rapprocher d'elle, avant... tu sais. The dead.

Je tape dans mes mains, en entendant une voiture au loin se rapprocher :

-Très classe, Elik, d'une délicatesse fascinante.

Il fait mine d'être très fier de lui et murmure à nouveau dans l'oreille de Fern, afin de la rassurer du mieux que possible. Ça a l'air de fonctionner, parce que je la vois se détendre à vue d'œil dans ses bras.

                              ***

Tout le monde espérait que Thray refuse de payer une chambre à Thaïs, juste pour le plaisir de la voir se démerder. Mais elle est bien à nos côtés dans l'Hotel Valley Ho. C'est une chance pour elle, Thray aurait pu la virer sous prétexte qu'elle ne fait pas partie du groupe. Mais même là, elle ne prend pas conscience de cette opportunité et ne prend pas la peine de remercier notre manager. Elle s'enferme dans sa chambre et n'en sort pas de tout le reste de l'après-midi. Je ne vais pas lui dire que je vais partager cette chambre avec elle, ayant trop peur d'y aller seul et de ne plus jamais en revenir. Je préfère passer du temps avec la bande et Thray qui nous fait un rapport de la situation :

-Demain soir, vous serez au Grand Canyon, face à des millions de spectateurs... pas trop stressés ?

-Redemande-le-nous demain soir, dit Elik, pour l'instant, je crois qu'on est tous d'accord pour dire qu'on ne réalise pas.

On acquiesce tous. Cette tournée est à la fois la meilleure chose qui me soit arrivée, mais aussi la pire. Et je redoute ce qui va arriver dans les prochains jours...

Cet hôtel parle de lui seul : il est splendide, tout comme notre avancée dans le monde musical. Moderne, piscine chauffée, chambres immenses, avec vue sur le Grand Canyon. Demain, une longue journée nous attend et ce n'est vraiment pas le moment de paniquer. Il faut profiter de cet hôtel, me dis-je, on aura sûrement pas cette chance une deuxième fois...

We start againWhere stories live. Discover now