We start again

Chapitre 28

ELIK

Il est tard dans l'après-midi quand on atteint enfin le Nevada. Et c'est seulement à la tombée de la nuit qu'on peut apercevoir les grands bâtiments illuminés de Las Vegas. La ville tout entière semble nous attendre, elle est pleine de vie, bien réveillée pour nous accueillir.

-C'est..., commence Hailey à mes côtés.

-Epoustouflant, je finis alors pour elle.

Je continue de rouler un bon moment, afin de rejoindre notre hôtel et Thray. Impossible d'ignorer les casinos, les robes et les costumes. C'est une ville pleine de paillettes et de jeux. Tout ce que j'aime réuni au même endroit.

On croise bon nombre de stars, de femmes en larmes et d'hommes qui viennent de remporter le jackpot. On assiste même à une demande en mariage, entre un gars bourré et une femme déjà enceinte jusqu'aux dents. Cet endroit a tant de surprises à nous révéler...

-C'est si grand... si... incroyable. Bon sang, Elik, on est bien trop jeunes pour se retrouver seuls ici...

Hailey commence à paniquer à mes côtés. C'est sûr qu'à côté de l'Arizona et ses déserts, Las Vegas semble bien remplie. Tout a l'air irréel, comme si nous étions en plein rêve. Jamais je n'aurai imaginé me retrouver en plein centre de Vegas. Et pourtant, c'est bien le cas et il faut qu'on se fasse tous à cette idée-là.

-Qui a dit qu'il fallait avoir un certain âge pour se retrouver où que ce soit ?! je m'exclame, on a le monde rien qu'à nous, Hailey !!

Je me surprends à sourire comme un dingue. Je dois effrayer encore plus Hailey avec ce genre de rictus, mais tant pis... c'est bien trop génial. C'est encore mieux que faire un max de choses pour oublier Sawla, je n'ai besoin de rien de plus que ça. En cet instant, il n'y a que moi et cette foutue ville. Je ressens tout ce qu'elle a à m'offrir et j'oublie tout le reste. Je n'ai pas besoin du poids de Sawla.

On croise la Tour Eifel en version mini et même une grande roue, éclairée de toute part. C'est grand, c'est effrayant et plein de possibilité que je sens mes poils se hérisser.

-Waouh, souffle Hailey.

A mon avis, on n'a pas fini d'être en adoration devant cet endroit.

-L'hôtel n'est plus très loin, je cri pour me faire entendre derrière.

Dans la foulée, le téléphone d'Hailey sonne. Je lui jette un coup d'œil afin de voir si elle tient le coup. Elle a l'air en meilleure forme que Fern et n'y porte pas plus d'importance que ça. Elle hausse même les épaules et déclare :

-C'est mon père. Que je fasse une bêtise ou non, il me tape dans tous les cas et me fais la morale.

Je porte de nouveau mon regard sur la route. Notre groupe est rempli de soucis, chacun a son petit secret et ses propres problèmes. Comme pour chaque bande. Mais je n'aurais jamais imaginé Hailey battue par son propre père, elle n'en avait jamais parlé avant. C'est certainement la plus forte de nous tous réunis... et jamais elle ne ressent le besoin de se confier. Elle garde tout en elle. Et un jour, elle ne pourra empêcher tout ce boucan de sortir. Un jour, elle va exploser de malheur. Mais je suis bien le dernier à pouvoir lui faire la morale, étant donné que j'agis ainsi aussi.

                              ***

C'est l'hôtel Bellagio que Thray a choisi pour nous cette fois. Certainement le plus grand et le plus connu de la ville. Avec ses immenses fontaines et sa morphologie, l'immeuble est repérable de loin. Et quand enfin on pousse nos bagages à l'intérieur, je ne suis pas surpris du design. C'est très élégant, presque royal. Avec un grand hall, aux divers tapis infinis.

Quand enfin, encore une fois, on ouvre nos chambres, chacun est épaté par tant de luxe. C'en est presque effrayant. Cher et grand... à l'effigie de la ville toute entière.

-On..., Fern se met à rougir à mes côtés, on pourrait partager une chambre ? Vu que le directeur a pu nous en louer seulement deux... on...

-On partage la nôtre avec Hailey, je déclare pour la rassurer.

Elle a l'air déçue pour une raison que j'ignore et Thaïs annonce :

-Je propose de vous voler Fynn, alors. Votre concert a lieu ce soir ?

-Non, répond Fern, demain, en fin d'après-midi. A cette heure, toute la ville est occupée dans les casinos.

Thaïs hoche la tête comprenant l'enjeu, et soudain, elle se redresse et s'exclame :

-Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?! On doit absolument aller jouer, les gars ! C'est Las Vegas tout de même.

-Seul Elik est majeur..., grogne Fern.

-Et tu crois que tout le monde respecte la loi, ici ? Non, Fern, chérie. On doit trouver un moyen.

Fynn lui prend lentement la main, pleinement conscient qu'il joue avec le feu et répond doucement :

-Pour l'instant, je propose qu'on se repose. La nuit dernière a été particulièrement longue et on doit être en forme pour le concert de demain. Il y aura encore plus de monde qu'au Grand Canyon.

Thaïs est gênée tout à coup, sachant qu'on parle bien évidemment de sa petite crise et son arrivée aux urgences un peu tumultueuse. Alors elle se résout à abandonner et embarque Fynn à sa suite, jusqu'à leur chambre.

                            ***

-Je...

Cette fois je suis mortifié. La chambre possède un simple lit double et un canapé. Hailey étant partie chercher de quoi se nourrir, je me retrouve seul avec Fern face à un gros dilemme.

-Je te promets que ce n'est pas fait exprès, je bafouille, jamais je ne t'aurai mise volontairement dans cette situation.

-Je ne peux pas te mettre sur le canapé...

-Tout comme on ne peut pas laisser Hailey le prendre, non plus...

Elle s'avance tranquillement jusqu'au lit et je reprends ma respiration. Cette situation est à la fois gênante et excitante. Quel paradoxe. Je suis pétrifié sur place, ne tentant aucune approche de peur de me faire totalement rejeter. Comme avec Sawla... Je secoue la tête dans tous les sens, me répétant mille fois que Fern n'est pas Sawla. Puis je me lance :

-Le lit est assez grand, Nell ne devrait pas...

-Nell n'en saura rien.

Elle me fait alors signe d'approcher : ce que je fais. Je m'installe à mon tour sur le lit, quand la porte s'ouvre sur Hailey, les bras pleins de sachets de bonbons :

-Cool ! J'ai le canapé rien qu'à moi !