We start again

Chapitre 16

FERN

Je suis réveillée par mon téléphone qui sonne tout prêt de mon oreiller. C'est Elik. Et ça a l'air urgent : il me rappel dans la seconde quand je décide de raccrocher. Ça fait des jours que je ne lui ai pas parlé, Nell prétendant que je lui tourne autour. Il fallait que je prenne des distances, afin de lui prouver qu'il ne m'intéresse pas une seule seconde.

Paniquée, je fini par décrocher, la voix pâteuse :

-Elik ?

-Fern ! Enfin ! J'ai cru qu'on allait devoir partir sans toi.

Il laisse un silence. C'est son truc d'arrêter de parler au moment où c'est le plus important. Il parle toujours quand il ne faut pas et se tait seulement quand ça devient intéressant. J'attends alors, ne voulant pas attiser sa joie en lui demandant des renseignements.

-Thaïs a fuguée, commence-t-il alors.

Il souffle un grand coup, et je comprends que ça va être long :

-J'ai déjà appelé Hailey. Fern... je sais que c'est dingue ce que je vais te dire mais : Thaïs est « des nôtres ».

-Comment ça, des nôtres ?

On en parle beaucoup de Thaïs au lycée, mais surtout notre groupe. Dès qu'on s'ennuie, toutes les discussions se tournent vers elle. Faut dire aussi qu'elle nous en fait tout particulièrement baver. Enfin, ça, c'était avant la maladie... On a chacun notre petit point de vue sur la question et jamais, il n'a était réponse de la classer parmi nous !

J'entends Fynn derrière lui, qui lui demande d'en venir au fait, le menaçant de m'expliquer lui-même s'il ne se dépêche pas.

-Ok ok... Thaïs vient avec nous en tournée.

Ce n'est pas le fait que Thaïs vienne qui me fait réagir en premier :

-On va en tournée ?

-Oui ! Enfin, Fern ! Ça fait des mois qu'on prépare cela.

-C'est que...

-On part à l'aube. Tu peux t'arranger pour être chez moi d'ici deux heures ?

Des mois qu'on prépare cela... Il se fiche de moi ! Fynn ne voulait pas bouger d'ici, encore hier. Et il était sûr de son choix, rien ne pouvait le faire changer d'avis... On avait alors décidé qu'on ne partirait pas, s'il n'était pas avec nous alors cette tournée ne représentait plus rien. C'est seulement la vieille qu'il se décide enfin, sérieusement ?!

-Non, je dis. Je ne peux pas, Elik.

-Mais, tu...

-Mais j'ai des parents qui tiennent à mes résultats plus qu'à moi-même, une sœur qui n'hésitera pas à m'insulter encore plus si je fuis mes responsabilités et...

-Et Nell, hein ? Surtout Nell.

Ce prénom me brise le cœur. Le son qu'il fait, l'impact qu'il a sur mon âme... C'en est trop :

-Pas du tout !

-Fern... tu ne trompes personne avec tes mensonges.

Je me crispe. Je déteste le fait qu'il me comprenne si bien, qu'il me connaisse plus que moi-même parfois. Il a toujours su avant moi comment j'allais réagir à telle ou telle situation...

-Tu viens. Il n'a pas son mot à dire là-dessus, il n'a pas son mot à dire tout court, en fait. C'est ta vie, merde. Et tes parents te pardonneront quand ils te verront sur scène, en train de mettre le feu. Derrière les projecteurs bien-sûr... Et ne met pas le feu, en fait ! Ça vaut mieux pour nos fesses !

Je rigole. J'ai presque envie de noter ce rire dans un carnet. Noter le jour, le mois, l'heure exacte. Afin de m'en souvenir, tellement c'est rare...

-J'espère te retrouver chez moi dans deux heures, Fern. J'espère que tu ne m'obligeras pas à démarrer sans toi, à partir sans toi côté passager.

Je hausse les épaules, même s'il ne peut pas me voir. Moi-même je ne sais pas si je serais là-bas pour ce rendez-vous nocturne. Ça voudrait dire : non seulement fuguer, mais aussi risquer de perdre définitivement Nell. Il n'acceptera jamais un abandon. Même s'il me l'a fait subir tant de fois...

-Je l'espère aussi, Elik.

Puis je raccroche en me disant : « J'espère sincèrement avoir cette force, Elik, vraiment. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi ne pas attendre encore un peu, histoire de voir si ça peut, peut-être un jour, changer ? Je n'ai jamais eu la force de quitter cette vie, voulant désespérément la voir évoluer du jour au lendemain... j'attends depuis si longtemps. »