Tex : C'est pour cela que ton cœur bat si vite que j'ai l'impression d'être sur un trampolin ?

Léo : C'est pour cela que tes pensées sont si noires que j'ai l'impression d'être coincé dans le cul d'une taupe ?   

Moi ( effondré) : Mais putain ! Vous et l'empathie, ça fait deux... Si jamais on s'en sort, je vous fais lire Freud, Françoise Dolto et Carl Rogers. Vous n'y couperez pas.  

Léo ( péremptoire) : Pas besoin d'avoir un Master en psychologie pour piger que notre tortionnaire est de ma race, un rapace... 

Tex : Et qu'il est encore plus déséquilibré que vous deux réunis. Le couteau qui ripe ou Liam qui fait un mouvement involontaire et c'en est fini de nous... Il nous saigne comme des gorets.

L'Impérial a-t-il entendu mon pauvre pic piailler ? Son couteau descend le long de ma gorge, continuant à m'entailler la peau. Aussitôt, l'odeur métallique de mon propre sang m'emplit les narines.

— Et Galilée, tu l'as rencontrée comment ? Elle aussi, elle travaille pour l'Alliance du Nord ? C'est cette salope d'Emma qui est venue la chercher ?

La souffrance s'exacerbe, sournoise et silencieuse. Mais comme j'ai ma fierté, je serre les dents et me mords la langue pour ne pas gémir. Je me demande bien ce qui peut me lier à cette reine étrangère à laquelle Domitien voue une haine sans pareille...

— 3.0 a compris pour la nouvelle dirigeante ? C'est ça, hein ?

Complètement perdu par ces accusations, je roule des yeux. Écœuré par mon mutisme, mon bourreau repousse violemment ma tête contre le dossier de la chaise. Tandis que j'en vois trente-six chandelles, il m'attrape par le col et d'un coup de lame, déchire mon tee-shirt en deux.

— Et Thibaut Hébrard, s'énerve-t-il, il est aussi mort que la GA, non ? Comment s'est-il retrouvé dans votre groupe de brèles ? Est-ce qu'il a participé au saccage du manoir ?

Ce nom réveillant en moi une bribe de souvenir, je cille bêtement. Conscient de mon trouble, mon persécuteur laisse échapper une exclamation. 

— Enfin, on y est ! Tu n'es pas de marbre.

Sûr maintenant que les yeux trop bleus qui hantent mes rêves appartiennent à cet inconnu que Domitien recherche, je ne peux pas m'empêcher de trembler. Désireux de pousser son avantage, l'Impérial échange son couteau contre un scalpel dont il pose le bout pointu sur ma poitrine, pile au-dessus de mon cœur. 

— Où est Thibaut Hébrard ? aboie mon agresseur. Où est sa sœur ? Où est Galilée ? 

Il se tait et je me fige. Dans la pièce, le silence est tel que l'on pourrait entendre les mouches paniquer. Au fond de moi, mon pauvre Tex se ratatine comme un ballon crevé.

— Où cette fille de pute a-t-elle fui ? insiste mon ennemi juré. Où est-ce qu'elle les a amenés ? Je sais que tu le sais...

À cran, il enfonce légèrement son scalpel dans ma peau jusqu'à ce que je sente le sang couler. Puis tandis que je serre les lèvres afin de ne pas montrer ma souffrance, il fait remonter la lame le long de mon buste vers mon cou. Arrivé au niveau de mon menton, il s'arrête pour tracer une nouvelle entaille en sens inverse.

La douleur explose, aiguë, violente. Victime d'un court-cicuit, mon cerveau se met en mode sécurité. 

Je sombre dans le néant.

Je volette avec Léo parmi des bribes de souvenirs, je plonge avec Tex dans des images brouillées. Je respire dans un hammam de sensations émoussées comme si j'avais ingéré une dizaine de tranquillisants. Telle une petite bête malfaisante, une idée obscure me titille pourtant, mais les Volatiles m'empêchent de la creuser.

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