Chapitre 18-3(b)

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(Nord Quercy 5 septembre 18h13)

Acculés par les Impériaux, Thibaut et Galilée décident d'utiliser les grenades trouvées dans le sac de l'artificier que Liam a exécuté et ce, malgré les risques qu'ils vont faire encourir à Rémy. Celle que l'ex-prétorienne a jetée en premier était fabriquée à partir de technologie alien et la jeune fille, allergique à la magie, a du mal à s'en remettre...

Du coup, elle hésite à lancer la deuxième...

Thibaut

Mais merde ! Pourquoi hésite-t-elle à la lancer ?

— Je suis allergique à la magie, m'avoue-t-elle. Alors, si jamais cette grenade en contient et que je recommence à buguer, parle-moi de Chloé, elle est la clé de mon émancipation...

Soufflé par cet aveu, je sens une vague glaciale se répandre dans mon corps, si froide que je la perçois comme une brûlure. Aucun héros n'est jamais tout-puissant. Pourquoi ma super-woman ferait-elle exception à la règle ?

— La prochaine fois, lui conseillé-je doctement, tâche de penser au célèbre aphorisme de Clarke.

Désarçonnée, Galilée me coule un regard interrogatif. Au temps pour moi qui croyais que nous parlions le même langage !

— Tu as vu 3001 : l'Odyssée finale ? Dans l'un de ses essais, l'auteur du roman éponyme, Arthur C. Clarke, a défini une série de lois dont la troisième stipule que « toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ». Un Romain de l'Antiquité qui tomberait sur un BMIphone allumé croirait voir une apparition de Vénus alors qu'il regarde simplement une Story de Kim Kardashian...

— C'est bien intéressant, tout ça, me répond-elle, mais je ne vois pas en quoi cela peut m'aider.

— Eh bien, m'énervé-je, si tu arrives à te persuader que la magie n'existe pas puisque c'est un faux concept, tu ne pourras plus y être allergique !

Vient-elle de comprendre mon raisonnement ? Alors qu'une lueur vrille ses yeux, elle soulève la visière de son casque pour me fixer de ses pupilles scintillantes.

Incrédule, je regarde l'allégresse retrousser les commissures de ses jolies lèvres. 

Elle sourit, cette malade. Elle sourit !

Et elle a visiblement retrouvé toute sa combattivité. 

Ce qui tombe à pic, puisqu'enhardis par notre silence, nos ennemis se sont remis à nous canarder et le claquement des balles, qui rebondissent, égratignent ou pénètrent le métal, résonne dans ma tête, alourdissant mon cœur d'une angoisse terrible. 

Emportée par l'adrénaline furieuse qui court dans ses veines, elle rabat sa visière, se lève d'un bond, balance sa grenade sur ses anciens collègues et retombe à mes côtés, tous ses muscles encore bandés.

Le bolide quadrillé s'envole dans l'obscurité au milieu des coups de feu.

Un cri d'alerte retentit. Vite ! Je me recroqueville en position fœtale, mes mains agrippant mes genoux.

Un flash aveuglant illumine la pièce et le monde explose dans un vacarme infernal. Tandis que le souffle de la déflagration projette une tempête de débris sur notre position, le lustre séculaire s'écroule. Entraînant un morceau de plafond avec lui, il se fracasse en contrebas, pile là où se tiennent les prétoriens. Des éclats de plâtre viennent tout recouvrir, tels des confettis.

— Vous êtes toujours vivants ? m'inquiété-je.

— À première vue, oui ! râle Nicolas. Mais c'était quoi encore que ce truc ?

Tueur de MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant