Chapitre 7-2 : Orages

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Attention : ce chapitre évoque des pratiques addictives à ne pas imiter ! 

( Région Centre 3 septembre 22h 29)

Un gros orage menaçant, les passagers du VW pensaient trouver refuge dans un hôtel abandonné. Hélas, il est déjà squatté par un autre groupe de jeunes, dirigé par l'énigmatique Leyla et le charmant Seymour.

Liam trouve toutefois un arrangement avec ces derniers, quelques barrettes de shit en échange de leur hospitalité. 

Thibaut

Toujours et partout, il y aura des salopards pour tirer profit du malheur d'autrui.

C'est en ruminant cet amer constat que je me faufile entre les corps avachis, une Charlotte terriblement angoissée collée contre moi.

Au fond de l'immense pièce qui devait servir de hall d'accueil à l'hôtel, un rasta frappe en cadence sur son djembé. Juchée sur l'ancien comptoir, Layla tente de l'accompagner en grattant les cordes d'une guitare. Il en sort une mélopée sourde, envoûtante, hypnotique. Contribuant à annihiler toute ma volonté.

Moi aussi, j'ai envie de sombrer. De me laisser aller comme les soirs précédents. Mais je veille sur mon groupe et je veux mener Charlie dans les étages où se sont déjà réfugiés Maeva et Rémy.

Elle n'a même pas envie de participer. Son apathie m'étonne. Mais je préfère me dire que c'est bon signe, un pas vers la sagesse et la maturité.

Des rires insouciants me font sursauter. Je regarde une grappe de jeunes affalés sur des coussins, des poufs ou des fauteuils. Là, la fumée est tellement épaisse qu'ils ressemblent à des otaries échouées au milieu des nuages. Pourtant deux yeux parviennent à percer cet épais brouillard.

Deux yeux plus brillants que des pierres précieuses. D'un vert envoûtant.

Liam regarde dans le vide, une main serrant le genou de Seymour qui apparaît à travers le trou de son jean. Je considère un instant le joint qu'il porte à sa bouche de sa main libre et la fumée qui en sort à l'autre bout.

J'essaie de me convaincre que c'est comme hier, que ce n'est que de l'herbe, qu'il a l'habitude. Que ce n'est rien de bien méchant. Pourtant je n'arrive plus à avancer. Mes jambes pèsent des tonnes.

Je ne suis plus qu'une boule de haine et de regrets.

Ça pourrait être moi à la place de ce type dont il n'a rien à faire. Mais il en a décidé autrement.

Nos yeux se croisent. Les siens deviennent soudain plus expressifs et je l'entends penser comme si j'étais à l'intérieur de son crâne. Charlotte me secoue gentiment la main et comme je ne réagis pas, pince délicatement la peau de mon ventre sous mon tee-shirt.

Je sursaute. Rien n'a dû lui échapper mais je lui sais gré de ne pas en rajouter. Pas folle, la guêpe !

Je propulse mes jambes vers l'avant mais ne peux m'empêcher de jeter un dernier coup d'œil en arrière. Et rencontre à nouveau le regard provoquant de Liam.

Il me met au défi.

Posant sa clope à terre, il saisit brutalement Seymour par les épaules et lui roule une pelle phénoménale. Je me détourne, écœuré.

Ce mec me dégoûte. J'aimerais tant être comme lui.

Je file maintenant si vite que ma sœur a du mal à me suivre et râle :

Tueur de MondesWhere stories live. Discover now