Chapitre 6-5 : fuite dans la forêt

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 Attention ! Ce chapitre comporte une scène de maltraitance enfantine !

Je ne suis pas satisfaite de cela et réfléchis à comment modifier ce chapitre. 

N'hésitez pas en attendant à me demander un résumé si vous ne souhaitez pas le lire.

Les tueurs, Newton et son mentor, ont rattrapé nos deux fuyardes et Domitien tire une fléchette empoisonnée dans le cou de Galilée. Heureusement, Chloé qui est pleine de ressources, projette l'une de ses boules de feu sur le plus âgé.

— Newton, soufflé-je, il reste Newton !

Un nouvel orbe incandescent se matérialise dans sa main. Toutefois, au lieu de le projeter sur notre dernier ennemi, la gamine secoue la tête et le fait disparaître.

Furax, je veux me relever, mais ne réussis qu'à me vautrer au sol. Mon corps me brûle et ma vue se brouille. Ce n'est qu'au prix d'un effort surhumain que je parviens à redresser la tête.

Ma sœur se précipite vers moi, ses lèvres formant des mots insaisissables que je n'ai pourtant aucun mal à déchiffrer. Me laisse pas tomber ! Me laisse pas...

Un voile opaque tombe sur mes yeux, si épais que je me crois perdue dans The Mist ( 1).

Le sang bouillonne dans mes veines, pulse à mes tempes. Un sang lourd, épais, vicié.

Ce son saccadé et abrutissant.

Mes membres, comme des poids morts. Mes muscles tétanisés, vides de sensation.

Cette pression intense sur mon cerveau.

Chloé m'attrape la main. L'espace d'un instant, tout devient noir. Puis, alors que je ne me rappelle pas avoir levé mes paupières, une scène étrange apparaît devant mes yeux, comme si j'étais sortie de mon corps et observais la lande d'en haut.

Aplati sur le capot de son celerrimum sali d'énormes giclées de sang, Domitien convulse à la manière d'un poulet à demi-mort. Sa tête n'est plus qu'un amas d'os et de chair, et pourtant, il vit encore.

Il vit encore, et il est seul.

J'ai beau fouiller le maquis des yeux, impossible de repérer mon homologue GA. Comme si Newton s'était évanoui dans la quatrième dimension.

Un frisson court sur ma peau, puis une douce chaleur se déverse dans mes veines.

Chloé qui tente une fois de plus de me guérir... Je voudrais lui dire que ça n'en vaut pas la peine, qu'elle n'a pas le pouvoir d'ôter le poison de mon sang, mais ma bouche est si sèche que je n'arrive même plus à l'ouvrir.

Alors, la gamine s'obstine, fouillant mes veines et explorant mes organes, veillant à ce que mon sang circule, bien alimenté en oxygène.

Et cette gosse est si efficace que lentement, la vigueur commence à me revenir.

Très lentement. Trop lentement...

La petite main toute chaude de Chloé bien serrée dans la mienne, je me relève à la hâte. Mon pauvre cœur surmené proteste contre mes côtes ; mes os craquent, comme s'ils allaient se briser.

Négligeant les avertissements de mon corps martyrisé, j'esquisse un pas en avant, puis un autre, et encore un autre.

La rivière.

Ses grondements – un débit de centaine de milliers de litres par seconde – me signalent qu'elle est là, toute proche, à portée de fusil.

Il nous faut l'atteindre. Il nous le faut absolument !

Tueur de MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant